Port-au-Prince, le 17 mars 2024. _ Depuis plusieurs décennies, Haïti fait face à une crise socio-politique sans fin qui a finalement plongé le pays dans un chaos sans précédent et l’anarchie la plus totale. Ingérence arrogante, mauvaises décisions, accords intéressés, pots de vin dirigés, corruption, traîtrise, telle une manipulation à outrance des actes politiques dans le Pays… L’implication de l’occident, plus précisément les États-Unis, dans l’aggravation de la situation en Haïti, une question passée aux peignes fins dans cet éditorial.
Le 28 juillet 1915, 330 agents de la Marine américaine furent envoyés en Haïti par le président américain Woodrow Wilson afin d’y protéger les intérêts économiques des américains. Ces derniers ont profité de l’instabilité politique du pays, puisqu’entre 1911 et 1915, Haïti vit sa présidence changer six fois à la suite d’une série d’assassinats politiques et de massacres. Mais en réalité, le gouvernement américain était préoccupé par l’influence de l’Empire allemand sur le continent, vu l’importance stratégique de l’île d’Haïti, avec sa main-d’œuvre bon marché et ses richesses abondantes, ainsi que ses ports mal exploités. Les relations diplomatiques sur le plan géopolitique étaient d’une importance capitale avec certains géants de l’économie mondiale.
Selon les historiens, les investissements allemands, tant sur le plan militaire que sur l’espionnage, furent considérables. Ces placements ont été fait dans le cadre d’un large réseau d’espionnage et d’intérêts militaires établi en Amérique latine et dans les Caraïbes durant la fin du XIXe siècle. Dans le but de freiner cette influence sur l’île d’Haïti, le département d’ État américain a supporté un important groupe d’investisseurs (la National City Bank of New York) dans le but d’acquérir la Banque Nationale d’Haïti, unique banque commerciale et trésorerie nationale du pays. Donc, une stratégie pour prendre le contrôle de l’économie d’Haïti afin de l’affaiblir.
En septembre 1915, le Sénat américain ratifia la convention américano-haïtienne, un traité accordant aux États-Unis le droit de supervision de l’économie et de la défense d’Haïti pour une durée de 10 ans. De plus, les représentants américains se voyaient accorder un droit de veto dans toutes les décisions gouvernementales en Haïti, et les commandants du Corps des Marines. Les institutions locales restaient entre les mains des Haïtiens.
Toujours selon les historiens, l’occupation américaine en Haïti fut très violente et raciste. « Des camps militaires furent construits à travers toute l’île. De grandes propriétés furent saisies pour un usage militaire. Les Haïtiens qui portaient une arme sur eux étaient abattus à vue. Des mitrailleuses furent utilisées contre des foules d’Haïtiens désarmés ». Des milliers de rebelles furent exécutés ! L’occupation prit fin le 1er août 1934, lorsque le président Franklin Delano Roosevelt appliqua un accord de désengagement datant d’août 1933.
Ils ont combattu le règne des Duvalier jusqu’à sa chute en 1986. L’histoire raconte qu’ils ont, les américains, joué un grand rôle dans le coup du général Cédras contre Aristide, le président élu des élections démocratiques et populaires de 1991.
En septembre 1994, une force d’occupation américaine de 20.000 hommes débarquait en Haïti et remettait au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristidd, évincé lors du coup d’état sanglant des tontons makout. Ce qui représente une deuxième occupation officielle. Pour bien contrôler le pays avec l’appui du régime Lavalas, l’armée américaine a tout simplement démobilisé les Forces Armées d’Haïti (FAD’H) pour laisser le champ libre au président Aristide. Pour conserver le pouvoir et éviter tout risque d’un autre coup d’État.
Constatant le chaos provoqué par le gouvernement Lavalas après les élections truquées de 2000, l’oncle Sam qui avait planifié et exécuté le retour de Jean Bertrand Aristide en 1994 allait changer son fusil d’épaule pour supporter les rebelles dirigés par l’ex-commissaire de police Guy Philippe, afin de renverser le régime Lavalas en février 2004.
Les États-Unis ont contrôlé tout le pouvoir en Haiti à travers leur poulain, l’ex Premier ministre feu Gérard LATORTUE en nous conduisant à un retour classique de René Préval au pouvoir pour un 2ème mandat présidentiel de 5 ans au profit de l’éminent Professeur Lesly François Saint Roc MANIGAT qui était sensé qualifier pour un second tour électoral bafoué par une certaine commission électorale mal fagotée.
En 2010, après une autre élection truquée en faveur du PHTK contre Mirlande Hypolite MANIGAT du RENP et de Jude Celestin du parti INITE, les Etats-Unis se sont rangés aveuglement aux côtés du président Michel Joseph Martelly, qui a su équiper en armes et en munitions des jeunes dans les quartiers populaires afin de conserver le pouvoir. Cette pratique n’est pas nouvelle car Jean-Bertrand Aristide, au cours de son passage au pouvoir a formé des groupes illégalement armés en vue de conserver le pouvoir.
L’Ambassadeur américain en Haïti Kenneth Merten a prouvé son appui au régime PHTK en prenant la défense du président Martelly en maintes occasions. L’on peut se le rappeler comme si c’était hier.
Après les élections de 2016 dont Jovenel Moise est sorti vainqueur, les États-Uni n’ont pas tardé à réaffirmer leur support au régime PHTK. Malgré les massacres par les gangs armés supportés par le gouvernement, la caducité provoquée du parlement, l’affaiblissement du pouvoir judiciaire et les actes de corruption avérés du régime PHTKISTE… l’Oncle Sam n’a jamais pris ses distances aux dérives de l’administration de Jovenel jusqu’à son assassinat en juillet 2021.
Les États-Uni ont même facilité la prise du pouvoir à Ariel Henry comme premier ministre, après la mort de Jovenel, qui avait pour mission initiale d’organiser les élections afin de combler ce vide institutionnel. Durant la gouvernance d’Ariel, le pays est plongé dans une crise sans fin et les massacres dans les quartiers se font à répétition. Plus de 80% de la zone métropolitaine de Port-au-Prince tombe sous le contrôle des gangs qui font la loi. Récemment, avec la complicité du gouvernement de facto d’Ariel Henry, les bandits ont attaqué les deux plus grandes prisons du pays ce qui a provoqué l’évasion spectaculaire de plus de 5000 prisonniers.
Cette stratégie, mis en place par le régime PHTK afin d’accélérer le processus d’une nouvelle force d’occupation a finalement causé la chute d’Ariel Henry. Actuellement le pays est à la merci des gangs armés, les États-Unis se cachent derrière le Kenya pour prendre la tête d’une force multinationale afin de gérer le désordre qu’ils ont instauré. Comme l’a si bien dit les représentants de la Chine et de la Russie dans les réunions d’urgence à l’ONU, « c’est à l’oncle Sam que revienne la tâche de corriger le chaos qu’il a provoqué dans ce petit pays ».
Donc, les États-Unis ont une double responsabilité dans la situation chaotique d’Haïti actuellement. Premièrement, l’oncle SAM a toujours soutenu des gouvernements corrompus qui ont pillé toutes les ressources du pays sans pour autant construire des infrastructures ni offrir les services de base au profit de la population. Les USA ont supporté des dirigeants corrompus, des dealers de drogues et des tueurs au pouvoir. En contrepartie, ces dirigeants acceptent sans conditions la déportation en Haïti de toute sorte de criminels, soutiennent les États-Unis dans ses positions du haut des tribunes de l’ONU ou encore privilégient les produits américains sur le sol haïtien.
Deuxièmement, sans citer la dilapidation des fonds de la reconstruction d’Haïti (CIRH) gérés par l’ex Président américain Bill Clinton en 2010 après le passage du terrible tremblement de terre, le boycotte de la lutte contre les fonds PETRO KARIBE empochés par les barons du régime PHTK de 2010 à 2018, les États-Unis ont démobilisé notre armée en 1994 et impose à Haïti un embargo sur les armes et les munitions. Et pourtant 95% des armes des bandes armées d’Haïti proviennent des États-Unis par voie maritime ; les bandits sont de loin mieux équipés que la Police Nationale d’Haïti (PNH) dont les principales directions sont sous le contrôle des États-unis et du Canada. Donc, le commerce des armes est assez fructueux pour notre voisin, c’est pourquoi aucune décision concrète n’a été prise durant les 20 dernières années pour stopper ce malheur, qui a finalement plonger Haïti dans le chaos.
Aujourd’hui les bandits font la loi en Haïti, ils ont le contrôle de la capitale ce qui facilite le passage des produits illicites en Haïti à destination des États-Unis. Les gangs qui se battaient dans un premier temps pour le contrôle de territoire ont finalement trouvé une entente et se regroupent en syndicat appelé « Vivre ensemble ». Comme une grande partie de la population a déserté le pays, le commerce du kidnapping et les raquettes ne sont plus rentables, aujourd’hui l’avenir du syndicat se joue sur la drogue et le Traffic d’organe, ce qui implique les grands cartels colombiens et le marché noir sud-américain.
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