Deux crises d’envergure ont frappé la présidence de Jovenel Moise en deux ans de mandat. Les 6, 7 et 8 juillet 2018 et la semaine-ci d’après le 7 février 2019. Des casses, paralysies de toutes les activités et des alertes défavorables aux touristes dans le pays sont le socle de ces journées perdues. Des revendications sociales légitimes dues à la cherté de la vie, au chômage et à l’accroissement des inégalités. D’autres sont d’ordre économique et politique, la hausse quasiment inexplicable du dollar américain par rapport à la gourde et la mauvaise gouvernance du pays.
Des milliers d’haïtiens sont dans les rues – continuant de réclamer le départ de Jovenel Moïse à la tête de l’Etat. Des morts et des blessés lors de violentes manifestations. Tandis que la tension monte d’un cran dans le pays, Jovenel Moise ébranlé par ces protestations populaires semble plus ferme que jamais. De qui vient le support de Jovenel Moise? Qui soutient notre président? Est-il indéboulonnable? Les secousses provoquées par les divers soulèvements ont failli l’emporter mais il se tient encore « ferme ». Comment expliquer cette ténacité?
En 2016, à la faveur d’une reprise des élections présidentielles de 2015 taxées d’irrégulières, Jovenel Moise avec 500 mille votants élit à la magistrature suprême de l’État d’Haïti. Sa campagne lors de ces joutes s’est démarquée des autres candidats compétiteurs à la course par une publicité politique subliminale et un axe de communication tourné autour d’un élément « la banane » connu de tous les haïtiens. Sorti de l’arrière-pays et méconnu du milieu politique, Jovenel Moise a vendu un rêve. Il a promis de mettre l’argent dans les poches, de la nourriture dans les assiettes en alliant l’eau, la terre, le soleil et les hommes ensemble…. Vingt-quatre (24) mois après, une vaste protestation sévit dans le pays en vue de réclamer son départ. D’où vient ce réveil brusque contre l’administration Moïse? Pendant les deux années de son mandat, Jovenel Moïse, selon ses opposants, n’a commis que des erreurs et tenu des discours désobligeants sur certains dossiers d’États.
En exemple de ces maladresses, le président de la République avait, lors d’une mission en France, annoncé qu’il a été forcé de nommer 50 juges corrompus dans le système judiciaire. Moise a également lancé cinq mois après son investiture son plus grand champ d’entreprise « la caravane du changement ». Par cette initiative, des milliers de kilomètres de route dans tout le pays devraient être construits. D’entre des chantiers routiers, ceux concernant l’irrigation des champs agricoles. Tout le mandat se joue autour de la caravane qui prendrait fin en février 2022. Dans la foulée, une vive polémique a vu le jour entre le Chef de l’État et les fournisseurs de l’État – d’asphaltes et d’électricité. Jovenel Moise reproche à ses commerçants de surfacturer les kilomètres d’asphaltes et les mégawatts de courants vendus à l’électricité d’Etat d’Haïti (EDH). Les uns et les autres de ces commerçants soupçonnés par Jovenel Moise tentent d’éclaircir leur situation.
Sur le rapport d’enquête sénatoriale sur les fonds du programme PetroCaribe enclenché, Jovenel Moise a eu une conviction ferme. « Le dossier Petrocaribe ne sera pas utilisé par quiconque comme arme politique », dixit le Chef de l’Etat. L’avis du Président et celui de bon nombre de gens de la société civile ne vont pas converger. Des jeunes et des membres de la société vont peser sur l’accélérateur en réclamant le jugement de tous les indexés dans le dossier. Ce qui a fait rétracter Jovenel Moise. Son administration va au cours de l’année 2018 supporter l’action d’un groupe de sénateurs majoritaires à envoyer vers la Cour des Comptes le dossier afin d’avoir une enquête technique sur les fonds. Comme dit le vieil adage, jamais deux sans trois. La Cour a partiellement remis son rapport en janvier 2019. Plus d’éclaircissements et le Président à travers deux compagnies qu’il a dirigées se trouve épinglé par la Cour.
Dans le contexte, d’une misère abjecte, de ce rapport produit par la cour qui fait monter l’enveloppe de PetroCaribe de 3.7 à 4.2 milliards de dollars et de scandales de privilèges liés aux grands fonctionnaires la population n’en pouvait plus. Revenir sur les promesses fallacieuses et non tenues de campagne et de présidence de Jovenel Moise. Avoir en souvenir celles-ci ne pouvait que provoquer la colère. Cette dernière a été manifeste dans les rues de la capitale et des villes de province en ce mois de février 2019.
Comme panacée, Jovenel Moise, dans la huitième journée de l’opération « Pays lock » s’est adressé à la nation. « Je ne laisserai pas le pays entre les mains de dealers de drogues et bandits », dit notre Président. Il faisait allusion aux chefs de gang Arnel Joseph du Village de Dieu. On est en droit de demander au président sur cet aspect précis de son discours, qui détient la puissance Publique? Qui garantit la bonne marche des institutions? L’institution policière dans ce cas n’a-t-elle pas été instruite à cercler le bandit et son équipe à leur sortie de la manifestation? Encore une faillite de l’Etat dirigé par Jovenel Moise depuis le 7 février 2017.
Dans cette adresse Jovenel Moise a clairement remercié la Communauté Internationale. Par Communauté Internationale, on entend en Haïti, l’ensemble des ambassades ayant une forte puissance dans le pays (BRESIL, ALLEMAGNE, CANADA, FRANCE, ETATS-UNIS) regroupés au sein du CORE GROUP.
Ces derniers qui appellent tout le temps au respect de la Constitution. Ceux-là supportent inlassablement les régimes Tèt Kale dans ses deux versions. Les Etats, comme disent les grandes doctrines, n’ont pas d’amis mais des intérêts. Ils ont assurément des intérêts dans la gouvernance que beaucoup d’haïtiens rejettent.
Le support d’une plus grande frange des nantis d’Haïti est accordé à Jovenel Moise. Ils l’ont mis Président et sont disposés à ravoir leur investissement. « Jovenel travaille pour les bourgeois et non pour notre classe », a vite déclaré un manifestant cette semaine.
Le mariage du CORE GROUP et des nantis faiseurs de rois en Haïti tiennent Jovenel Moise au Palais National et le rendent indéboulonnable. Ce Jovenel Moise dont la côte de popularité indubitablement pour un Président haïtien est la plus faible dans toute notre 215 ans d’histoire de peuple libre…
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