Port-au-Prince, le 31 janvier 2021._ Le pays va mal, le pays va très mal. À l’approche de la date fatidique du 7 février 2021, qui représente la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse, les antagonistes n’ont toujours pas réussi à trouver un accord politique pour éviter le chaos.
Le 25 janvier dernier, Jovenel Moïse a réaffirmé son intention de rester au pouvoir au-delà de son mandat, bien qu’il avait lui-même forcé les députés et 2/3 du Sénat à plier bagage en janvier 2020. Il a pris cette décision par un simple tweet, ayant comme provision le décret électoral de 2014 et l’arrêté présidentiel de 2016, pris par Jocelerme Privert en vue de nommer le conseil électoral provisoire d’alors, afin de poursuivre les élections interrompues en Octobre 2015.
En outre, le président se montre plus que menaçant et promet entre les lignes de matraquer tous ceux qui auront l’intention de fouler le macadam contre son régime, des terroristes comme il les appelle. En tant que responsable de la bonne marche des institutions, au lieu d’essayer de ramener ses opposants sur la table de la négociation pour une dernière fois, il a préféré la voie de la confrontation. Pauvre Haïti!
Le Président monte sur ses grands chevaux en annonçant une nouvelle fois que le pays ne verra plus jamais de gouvernement de transition. Or depuis le départ de Jean Claude Duvalier en 1986, Haïti n’a connu que des gouvernements de transition, puisque le processus démocratique est toujours à moitié achevé. Nous n’avons jamais pu créer un Conseil Electoral Permanent par exemple.
Si le camp adverse joue toujours au tâtonnement, le régime au pouvoir a toutes les cartes en mains. Il fait en sorte de prouver à la communauté internationale qu’il veut organiser des élections crédibles, mais au fond, ce n’est que des tours de passe-passe.
Jovenel Moïse a installé son Conseil Electoral Provisoire (CEP) de façon illégale et en dehors de tout consensus. Illégal parce que le conseil en question n’a pas prêté serment devant la cour de cassation comme l’exige la loi mère de la nation. Le chef de l’Etat a installé son chef de police de manière illégale et nous pouvons tous constater les excès de zèles des policiers.
Depuis plus de deux (2) ans, le gouvernement distribue des cartes électorales Dermalog de façon douteuse, plusieurs millions de personnes n’arrivent toujours pas à se faire enregistrer. Maintenant, comment pouvons-nous participer à des élections face à toutes ces failles qui jalonnent ce processus electoral? La première démarche serait de faire un inventaire sur les cartes déjà distribuées, puisque nous avons affaire à des illusionnistes corrompus.
L’opposition politique pour sa part, n’arrive toujours pas à mettre ses pieds sur terre. A seulement sept jours de l’échéance constitutionnelle, aucune proposition concrète n’a été présentée à la nation. Nous savons déjà que l’opposition jette son dévolu sur un juge de la cour de cassation pour remplacer Jovenel à travers une transition, mais qu’en est-il pour le reste du gouvernement? Allons-nous revivre les mêmes erreurs des gouvernements de Boniface-Latortue ou Jocelerme-Charles? Nous ne pouvons pas nous le permettre, car il y a trop de corruption dans les deux (2) camps.
Aujourd’hui, la peur envahit la population qui assiste impuissamment à la gangstérisation de chaque mètre carré du territoire, doublé par le phénomène de kidnapping. Les gens sont pris en otage dans leur propre demeure. C’est la désolation partout!
Pour le bien de la nation et pour la sauvegarde de la loi mère, il est venu l’heure de plier bagage Monsieur le Président!
© Tous droits réservés – Groupe Média MAGHAITI 2021