Le peuple haïtien est arrivé à un point mort, le pays est sur pause. Oui, tout fonctionne à l’envers et les rares institutions qui fonctionnent encore sont prises en otage par des corrompus. La police Nationale d’Haïti, la primature, les ministères, la justice, les organes de contrôle, les médias… Tous les piliers de la démocratie en Haïti sont gangrenés. Mais ce qui est le plus triste, c’est que nous le peuple accepte ce triste sort sans lever le petit doigt.
Nous arrivons à un point ou un ministre de l’Intérieur est accusé de kidnapping par les proches de la victime, aucune enquête n’a été diligentée pour faire la lumière sur ce scandale. La presse haïtienne parle de ce dossier comme un fait insolite, et la population réagit comme si c’était une blague. Le Premier ministre de facto Ariel a récemment modifié son gouvernement pour céder quelques places à l’ancienne opposition, mais il a quand même conservé son présumé kidnappeur à la tête dudit ministère. La famille du Pasteur Ferrer qui a dépensé $300 000 USD pour sa libération, parle d’une simple histoire d’amour et d’infidélité qui a tourné au vinaigre. Après, tous les concernés ont été placés sur silence radio.
Le kidnapping est devenu un mode vie en Haïti. De grands esprits comme le professeur de droit constitutionnel et de criminologie Patrice Dérénoncourt, et le Pédiatre Ernst Pady ont été froidement abattus par leur ravisseur lors de leur tentative d’enlèvement. Personne n’a réagi, la classe estudiantine et le corps professoral ne font que pleurer en arrière-plan. Personne n’est épargné par ce fléau, homme d’affaires, religieux, étudiant, cadre, touriste, musicien, commerçant, simples citoyens, mais rarement des politiciens.
Cette semaine, c’est le tour de la militante de défense des droits humains Novia Augustin qui est toujours entre les mains de ses ravisseurs, et le Dr Mackendy Guerrier, présentateur de la rubrique « Espace Santé » sur Radio Télévision Caraïbes qui a été grièvement blessé par balles lors d’une tentative d’enlèvement.
Qui se cache derrière ce phénomène de kidnapping qui rend le pays invivable depuis tantôt deux ans ? Ce ne sont pas seulement les gangs de Grand Ravine, de Village de Dieu et les 400 Mawazo qui le pratiquent, on y trouve aussi des policiers corrompus, des anciens officiels comme des maires, des parlementaires, des ministres, des proches du pouvoir, ou de simples citoyens rongés par l’ambition et la jalousie. Donc la situation est devenue incontrôlable.
Pendant ce temps, la population apprend à vivre avec les kidnappeurs et les assassins. À Croix-des-Bouquets, des gens qui vivent dans des des quartiers contrôlés par le gang 400 Mawozo, apportent tous les jours leur doléance devant le bandit “Lanmò 100 jou”. C’est le même cas de figure pour tous les autres blocs qui sont sous le contrôle des gangs ; les gens connaissent la provenance de l’argent qu’ils reçoivent, mais ils ferment les yeux. La misère, l’absence de l’État haïtien et l’absence de toute humanité explique tout.
Sur les réseaux sociaux, les chefs de gangs sont de véritables superstars ; ils sont suivis par des dizaines de milliers d’internautes qui les encouragent. Ils font des Direct (live) , ils argumentent pour se faire passer comme des leaders communautaires ou des révolutionnaires, ils sont chouchoutés par des artistes comme Shassy qui a décidé de recevoir Izo de Village de Dieu dans une émission. Mais sachez que nous prenons note, nous notons les noms de tous ces artistes, tous ces journalistes qui encouragent le banditisme. La nature prend note aussi et le Karma donnera les résultats dans un futur proche.
Que les dix plaies d’Égypte s’abattent sur tous ceux qui se nourrissent de l’argent de corruption et du kidnapping. Que la colère des pirates s’abat sur les pages des influenceurs qui essaient de transformer des criminels en enfant de Coeur. Que la colère du peuple se déchaîne une fois pour toutes.
© Tous droits réservés – Groupe Média MAGHAITI 2021