La semaine s’achève avec la clôture de la deuxième session de la dernière année de la 50ème législature. Aucune (nouvelle) loi électorale n’a été édictée, comme c’est devenu la norme pour chaque cycle électoral. Depuis 33 ans. Le renouvellement de la chambre des députés n’aura donc pas lieu au deuxième lundi de janvier 2020, comme prévu dans le calendrier républicain.
La loi de finances qui devait être soumise au deuxième lundi de juin ne le fut point, également. Les députés avaient opté de revenir de leurs vacances, selon leur gré. Ainsi, l’exécutif, via le premier ministre, ne déposera aucun bilan financier par-devant l’Assemblée Nationale. Le dernier bilan remonte au deuxième lundi de juin 2017. Depuis, le budget a subi plusieurs ajustements ou reconductions tacites.
Sans réception du dépôt de bilan et de celui des prévisions budgétaires, les représentants du peuple qui siègent au parlement haïtien ne s’embarrasent point de montrer leur complicité, voire leur culpabilité face au comportement délinquant des tenants du pouvoir exécutif. Ils assument donc, avoir bradé la légitimité que leur conférait le formalisme d’État. Ils perdent de fait, cette légitimité fondée sur la légalité de la représentation.
Sur fond d’illégalité de représentation, les parlementaires agissent à visière levée. D’un côté, les députés ont vite fait de ratifier une nouvelle équipe gouvernementale, avec la même célérité qu’ils ont eue à la faire chuter, selon la demande. La montée de la nouvelle équipe a eu lieu dans un télescopage des normes. De l’autre côté, les sénateurs, moins discrets, exhibent au grand jour, les sommes reçues pour les mêmes besognes. Il est important de mettre en relief l’alignement à plat ventre du parlement. La notion de questionnement de l’action publique s’y résume à un exercice muet pour la majorité et à un jeu de chaises musicales pour une minorité de ténors. Au parlement, ce n’est plus l’essoufflement, mais la négation des prérogatives doublée de celle du protocole d’Etat.
De tels agissements s’inscrivent dans une logique de désacralisation de toutes les sphères de légitimation de l’État. Le transfert de la volonté générale ne se fera pas attendre sous sa forme la plus ubuesque. Et Alexis Schneider…vint! De quels côtés, de quelles instances émergera la morale publique?
Pour compenser tout vide du formalisme kantien, il requiert de recourir au second impératif catégorique: c’est-à-dire, reconnaître l’équivalent, au plan moral, de la notion d’éthique. Car, en dehors de toute morale, il importe au moins de se référer à l’éthique. Laquelle est soumise à la norme. Le passage à la norme implique l’exigence de rationalité. C’est ce défaut normatif qui conduit à l’illicite et à la déviance au quotidien. Aussi l’histoire ne pardonnera-t-elle pas aux élites ce refus insatiable de risquer leur sauvetage individuel, à chaque fois négocié, contre le sursaut national.
Nous sommes tous en danger, et en sursis programmé, sur cette poudrière. Le changement de garde est arrivé à terme. La dynamique semble seulement inversée : entre le degré d’ataraxie collective et l’exigence d’une remise en cause radicale.
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