Port-au-Prince, le 31 juillet 2021._ Cette semaine, le Premier Ministre de facto Ariel Henry a annoncé que son gouvernement a pour objectif d’organiser des élections libres et inclusives dans les plus brefs délais et de se pencher sur la question de l’insécurité. Le nouveau chef du gouvernement a aussi rencontré cette semaine les membres du Comité consultatif indépendant pour l’élaboration de la nouvelle constitution de l’ancien Président Jovenel Moïse qui devrait être prête dans trois (3) semaines.
Continuer sur les pas de Jovenel Moise n’annonce rien de bon pour le pays. Le remplaçant de Claude Joseph vient d’amorcer une nouvelle crise dans les crises. Avant de prendre les rênes du pays, soit Ariel Henry n’a pas compris la complexité de la situation socio politique avant et après l’assassinat de Jovenel Moise, ou il est têtu comme une mule. Dans les deux cas de figure, Haïti n’est pas prête de connaitre la stabilité.
Choisi par la communauté internationale dans un deuxième temps, après que toutes les forces vives de la nation se soient soulevées contre les manœuvres politiques de Claude Joseph pour s’accaparer du pouvoir, le syndicat des ambassadeurs communément appelé “Core Group” et le BINUH n’avaient pas d’autres choix que de supporter ce médecin, que Jovenel avait nommé quelques heures avant son assassinat. Cette nomination entre dans le cadre des promesses de Jovenel Moïse, faites à la délégation de l’OEA en visite en Haïti pour une sortie de crise.
Nommer un nouveau Premier Ministre de concert avec les forces politiques, former un gouvernement de consensus et organiser des élections cette année, tout en abandonnant le dossier épineux de référendum, tels étaient les engagements de l’ancien Président de facto, qui n’a pas su respecter même le premier point. Il a nommé un allié sans consulter les autres acteurs. Aujourd’hui, Ariel Henry, Premier Ministre de fait, fait un pas vers la mauvaise direction. La même direction qui a amené à la révolte générale.
Des élections au plus vite? Non, nous ne pouvons pas répéter les mêmes erreurs à chaque fois. Nous devons trouver une solution haïtienne à la crise, pas les mêmes dictées de Lalime et Sison, qui ne font que défendre les intérêts de leur pays. Ces étrangers se sentent dans leur peau quand un pays comme Haïti est dans le chaos, et qu’à chaque fois, ils doivent intervenir comme un adulte dans une garderie.
Nous devons tout d’abord former un Conseil Electoral Permanent, en négociation avec tous les acteurs politiques. C’est le premier pas vers la bonne direction. Le deuxième consiste en un examen minutieux de l’appareil électoral, faire une investigation sur les opérations de l’Office Nationale d’Identification (ONI) durant les vingt-quatre (24) derniers mois pour présenter à la nation le nombre exact de cartes Dermalog déjà distribuées, celles en préparation et le nombre de cartes trafiquées (doublon). A notre connaissance, le pouvoir en place est comme Jésus, il peut transformer l’eau en vin.
Dans un troisième temps, nous devons sérieusement nous concentrer sur l’insécurité. Neutraliser rapidement les gangs et réinsérer les bandits qui peuvent encore l’être. Ce sera l’étape la plus longue et la plus difficile, puisque chaque parcelle de terre en Haïti est contrôlée par un gang. Des gangs qui n’attendent que la période électorale pour s’enrichir. Après, et seulement après ces trois étapes, nous pourrons parler d’élection, et restructurer l’appareil judiciaire et tous les autres institutions que Jovenel a détruit durant ses quatre (4) ans au pouvoir.
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