Sous la pression de la communauté internationale, le gouvernement de facto Moïse/Jouthe s’active pour organiser les prochaines joutes électorales en 2021.
Un processus qui survient alors que l’insécurité augmente de manière exponentielle dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans les grandes villes de province. Les cas de kidnapping se multiplient, ainsi que les braquages et autres actes de banditisme.
Le Conseil Électoral Provisoire ( CEP) très contesté, vient d’annoncer qu’une proposition de calendrier électoral ainsi qu’un projet de décret électoral sont en cours d’élaboration, en vue de la convocation de l’assemblée électorale et de l’adoption d’un cadre normatif devant réguler l’organisation des prochaines élections.
Par ailleurs, les gangs armés et leurs sponsors qui contrôlent presque tout le territoire national déplacent aussi des pions pour préparer la campagne électorale, longtemps considérée comme la période la plus juteuse par ces derniers.
Cette semaine, c’est la commune de Carrefour qui a connu sa vague de violence avec le retour d’un ancien gang dans la zone de Teso, qui est en guerre avec un gang rival dénommé « Karavann Lanmo » dont la majorité de membres sont des bandits légaux (policiers).
Tout ce joue sur le terrain entre le regroupement de gangs baptisé “G9 an fanmi e alye“, réputé proche du pouvoir, et “G Pèp” proche de l’opposition. En période électorale, les bandits se transforment en agents communautaires.
Maintenant, comment stopper cette insécurité planifiée en Haïti?
Stopper cette machine infernale ne peut pas se faire du jour au lendemain, puisque nous vivons actuellement le résultat de l’incompétence des gouvernements antérieurs durant les 30 dernières années. Après la création des “Tonton Makout” par le régime des Duvalier, la création de la force paramilitaire FRAP, nous avons impuissamment assisté à l’armement des jeunes de ghettos par le régime de Lavalas et celui de Tèt Kale.
C’est impossible de reprendre le contrôle de la République d’Haïti dans l’immédiat, puisque la Police Nationale d’Haïti (PNH) a été infiltrée par des délinquants au fil des années. Des policiers forment des gangs ou les intègrent pour les aider à combattre d’autres gangs. Récemment plusieurs témoins affirment que des personnes habillées comme des policiers participaient à des cas d’enlèvement à Port-au-Prince et à Jacmel.
La première démarche est de purger l’institution policière afin d’en extraire les mauvais herbes. Peu importe que l’effectif de la PNH soit réduit à 5 000 ou 10 000, l’essentiel est de rétablir le sentiment de sécurité en présence d’un agent de police et pas l’effet inverse. Rétablir la confiance de la population vis-à-vis de la PNH pour enfin compter sur sa pleine et entière collaboration. Cesser le détournement des fonds pour le renseignement du Ministère de l’Intérieur et mettre à prix la tête des bandits notoires.
La deuxième démarche doit être la mobilisation réelle des Forces Armées d’Haïti pour contrecarrer des bandits de grands Chemins comme Lanmò 100 jou à Croix-des-Bourquets, Jimmy Chérisier (Babekyou) à Delmas et tous les autres gangs qui s’occupent nos quartiers. Mettre sur pieds une armée qui respecte les standards minimums devrait être les priorités de ce régime qui compte ses jours à la tête du pays. L’ appel au recrutement d’une nouvelle classe de soldats par le Ministère de la Justice cette semaine représente une étape importante pour la stabilité du pays. Toujours est-il, les dirigeants doivent s’organiser pour bien équiper ces soldats et faire le payroll à temps.
La troisième étape qui est la plus longue et qui demande beaucoup de stratégies, est la phase de désarmement et de réinsertion. Un processus qui exige des investissements colosals et beaucoup de bon sens. Il exige la création de nouveaux emplois, la décentralisation des services de base, la lutte contre la corruption et une bonne répartition des richesses du pays.
Nous devons agir pour déplacer Haïti de la liste des Républiques vagabondes!
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