Tout s’écroule dans le système sociétal haïtien actuel. Rien que les événements produits dans le pays cette semaine donnent raison aux promoteurs du discours visant à briser afin de reformater le système. Le parlement haut lieu de débat, s’est érigé en ring de violences. La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA), dans un rapport final sur les fonds Pétrocaribe, accablant met à mal les gouvernants haïtiens qui se sont succédé au pouvoir de 2008 à 2016. Les acteurs présents dans les plus hautes sphères de l’État ne peuvent plus avoir une entente sur la façon d’adresser les problèmes de l’heure et ceux qui vont au-delà de la conjoncture.
Que faire? D’aucuns diraient qu’il faut changer les personnes et en mettre celles qui conviennent tant en compétence qu’en morale et éthique. Ce serait normal dans un système qui marche. Toutefois les personnes avec compétence et moralité, dans une analyse approfondie du système, ont toutes été broyées. Alors, n’est-ce pas le système lui-même qui pose problème?
Le lot de problèmes qui bouillent dans le pays actuellement entrave et gêne gouvernants et gouvernés. Aucune solution n’a été apportée à la misère du peuple. Les actions politiques entretenues n’ont pas inspiré l’espoir à la jeunesse haïtienne. Des milliers de nos jeunes désespérés ont, ces dernières années, choisi de laisser le pays en s’aventurant vers des sentiers inconnus. Ils sont morts en haute mer ou dévorés par des bêtes sauvages dans des forêts ou encore vécu au quotidien des maltraitances dans des terres d’accueil. L’économie anémiée. La justice mise à genoux et humiliée, dans bien des cas, par les politiques. L’éducation laisse à désirer. L’on peine à trouver un maillon de la chaine systémique qui fonctionne normalement.
Dans les dernières élections, un nombre important et majoritaire dans les espaces à pourvoir issus du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) a été choisi par la population. Eux-mêmes et une minorité substantielle de souche lavalassienne partagent de 2016 à 2022 l’exécutif et le législatif. Entre Tèt Kale et Lavalas, plus d’une vingtaine d’années de gouvernance marquée par des crimes, la mauvaise gouvernance et la corruption. Dans la démocratie en gestation en Haïti depuis après le 7 février 1986, si le peuple a propulsé les dirigeants au pouvoir pour déguster le miel il n’en demeure pas moins qu’il ait gouté que du fiel.
La prédominance du pouvoir politique faille à sa mission au gré des actions posées ne fait pas d’elle seule responsable. En effet, les forces religieuses ont été abasourdies par le système en putréfaction. L’on ne saurait renouveler le système avec cette société civile ni l’église toute confession confondue du pays d’aujourd’hui.
À ce carrefour dans l’histoire du pays, le couteau est à enfoncer dans la plaie. Il faut vraiment une chirurgie attentive au malade. Ni la présidence, ni le parlement, ni le judiciaire ne peut faire partie de la solution. Nos forces dites morales ne garantissent rien. Table rase de tout dans l’optique d’une nouvelle pensée et d’une nouvelle Haïti doit ouvrir la place à la démagogie de tous les jours qui tienne en otage le développement effectif de la nation. Par un tel sacrifice nécessitant abnégation de part et d’autres, Haïti renaitra de ses cendres.
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