En communication, l’on demeure maitre de ce qu’on ne dit pas encore et esclave de ce que l’on dit. Ainsi, tout excès de langage ou écart part de la responsabilité de l’interlocuteur qui l’a prononcé. Jovenel Moïse, président de la République, premier d’entre nous citoyens doit avoir une modération de langage. Une communication au peuple d’un Chef d’État contient des filtres apte à apaiser, clamer, baisser l’intensité même en gardant sa sincérité. De quoi parlons-nous en réalité en abordant ce sujet “écarts de langage”? Nous voyons grosso modo quelques paroles prononcées de trop et pouvant être prises hors de contexte pour faire des vagues. La responsabilité, en réalité, importe dans ces cas-ci autant au Président Jovenel Moïse qu’aux membres de son équipe chargés de gérer sa communication publique.
Au fait, avec Jovenel Moïse comme président beaucoup de phraséologies sans filtres ont atteint le peuple comme interlocuteur. Il n’avait pas encore prêté serment quand il disait, le président a parlé point barre…Sa présidence est marquée par les…Yo fem nome 50 jij kowonpi nan sistèm lan. La dernière déclaration pas la moindre mais la plus fracassante….Nenpot jan eleksyon ta fèt nan peyi a yo pap ka pran pouvwa sa nan men nou…nous attarderons à mettre sur le placet…Gen ti aksidan ki ka rive. Il a aussi dit le 4 septembre dernier, map lage lame a nan bounda yo….Autant dires pour un Président peu prudent.
Les communications précitées et nombreuses autres démontrent un ton décousu auquel on ne s’attendrait un Président. Parler de la sorte avec une vulgarité désobligeante n’est pas responsable. Imagineons un instant un adolescent à qui les parents reprochent les obscénités qui entendent un Président de la République ainsi parlé. De même, pour un jeune qui mange ses premières en théorie politique ou juridique sur la démocratie, le pluralisme idéologique ou l’alternance au pouvoir qui doit digérer les paroles que nous sommes au pouvoir nous y restons car personne ne peut nous ôter dans quelles que soient les élections organisées. Les oreilles chastes et puritaines de nos grands parents seront ébranlées quand le Président appelle l’armée au secours par ses dires. Ces modes de communication ne conviennent pas pour le premier d’entre nous.
En clair, un Président est un modèle. Il est sèvère, ferme mais il ne détonne pas. Il dit vrai, sincère sans emprunter le langage des rues. En créole ou en français, nos deux langues officielles, il use le niveau de langage courant ou soutenu. Le peuple mérite mieux que ses écarts de langage grossiers.