Dans le but de cerner le trafic d’armes en Haïti, les experts de l’Organisation des Nations-Unies dans leur rapport daté du mercredi 18 octobre 2023, ont fait savoir qu’il existe au sein de la Police Nationale d’Haïti des policiers qui vendent leurs armes et munitions. Cependant, ils ont précisé que certains en ont perdu ou ont été volés par des bandits.
“Si les policiers sont régulièrement la cible de gangs et se font voler leurs armes, certains d’entre eux vendent leurs propres armes à feu et munitions. Les unités de police même celles qui n’utilisent pas habituellement les armes à feu dont elles disposent, reçoivent régulièrement des munitions, ce qui pousse certains policiers à vendre leur surplus”, a expliqué le document des spécialistes travaillant sur la situation sécuritaire d’Haïti.
Plus loin, ils ont essayé de faire le point sur la quantité exacte des armes à feu qui ont été soient perdus ou volés. Il s’agit de près de 2 500 armes à feu de la police qui ont été classées dans cette catégorie entre 2012 et 2023. Toutefois, malgré ces chiffres, ils ont indiqué qu’il y a certains de ces équipements, ayant été mal gérés, qui sont parfois détournés par les policiers après des opérations qu’ils ont menées.
L’ingérence de l’État dans le contrôle d’armes à feu sur le territoire est le principal moteur de ce phénomène en Haïti, ont soutenu les experts. C’est pourquoi, malgré le poids du cas des policiers dans la balance, le sujet devient encore plus complexe avec non seulement les armes importées illégalement par de simples citoyens, mais aussi avec les sociétés de sécurité privées qui participent au trafic d’armes.
Au sujet du port d’arme par des civils, la loi leur permet effectivement de porter certains types d’armes et leur garantit le droit de demander l’autorisation de détention. Mais à cause de ce manque de contrôle mentionné tantôt, la grande majorité des armes à feu que les civils demandent des permis pour elles sont des armes importées de manière illégales.
Les données font état de 47 000 armes de poing et de fusils de chasse, dont plus de 40 000, ne sont associées à aucun permis valide enregistrés dans la base de données du Service de permis des armes à feu(SPAF).
D’autre part, pour les sociétés de sécurité privées, le groupe d’experts a fait savoir qu’il en existe 103 qui sont reconnus par le ministère de l’Intérieur, en plus de ceux qui n’ont pas d’autorisation. Les constats sont les mêmes puisque le rapport fait mention du problème de régulation qui existe pour elles, et que ces dernières sont profitables pour des hauts responsables gouvernementaux en poste ou non.
“Les sociétés de sécurité privées se procurent souvent des armes sur le marché illicite. De nombreuses entreprises ne gèrent pas correctement leurs stocks d’armes, n’ont pas enregistré toutes leurs armes à feu et possèdent trop d’armes et des types qui sont en violation de la législation y compris des pistolets de 9 mm et des fusils semi-automatique. De plus, des détournements non déclarés des stocks de ces sociétés notamment des vols et des pertes se produisent régulièrement”, on-t-ils expliqué en citant des sources indépendantes.
Il est à souligner que les États-Unis ainsi que la République Dominicaine jouent un rôle prépondérant dans ce dossier de trafic d’armes en Haïti, d’ailleurs le rapport précise que les armes à feu et les munitions proviennent de leur territoire.
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