Monsieur le Président votre silence face à la souffrance et aux cris de désespoir du peuple haïtien s’apparente à de l’indifférence et au mépris envers les pauvres, la majorité de la population.
Partout les gens souffrent M. le Président. Certains supportent la misère avec dignité et se confient à des proches et des connaissances pour nourrir tant bien que mal leurs enfants. D’autres manifestent leur ras le bol dans les rues. Cette colère est légitime. Elle pourrait se transformer en tempête si vous deviez continuer à vous cacher dans les conforts du palais et jouir des privilèges du pouvoir en faisant le sourd et l’aveugle face à la détresse des Haïtiennes et Haïtiens.
Pourtant M. le Président, il y a 3 ans vous paraissiez incarner l’espoir ! Vous avez tout promis au peuple avant votre élection. Vous aviez alimenté le rêve du changement tant souhaité par tous. Mais depuis votre accession au pouvoir, le peuple haïtien vit un véritable cauchemar. L’économie s’est effondrée, la production nationale est abandonnée. Aujourd’hui, on se demande : Où est passée la caravane du changement ? Où sont passés les équipements achetés pour des centaines de millions de dollars avec l’engagement de transformer la vie des pauvres gens ?
M. le Président, votre administration et votre gestion se sont révélées catastrophiques pour le pays.
Au plan économique : Le déficit budgétaire est abyssal, plus de 40 milliards de gourdes ; l’inflation galopante près de 20 % ; la gourde ne vaut plus rien ; près de 100 gourdes pour 1 dollar.
Au plan de la gouvernance : Les scandales de corruption se sont multipliés. La honte et l’opprobre recouvrent l’honorabilité de nos élus impliqués dans toutes les sales combines.
Au plan politique : Votre gestion de la crise n’a rien arrangé. Deux commissions de dialogue mort-nées ensevelies avec des centaines de millions de gourdes. L’espoir de voir les Haïtiens se parler en peuple civilisé s’est également évanoui. Vous avez au contraire attisé la division par des décisions partisanes. Aucun effort n’a été fait pour rassembler les Haïtiens. Vous vous êtes, à contrario, mis à dos tout un pan de la jeunesse qui vit dans la désespérance. Certains décrochent et ne pensent qu’à partir.
Partir pour aller où ? Brésil, Chili, les Bahamas, les USA, ou la République Dominicaine, aujourd’hui, toutes les portes de l’exil leur sont fermées. Notre jeunesse est perdue !
M. le Président, Pouvez-vous encore garder le silence devant l’éclatement social qui menace tout le pays ?
Pouvez-vous rester encore indifférent devant la misère et la détresse de la population ?
Si le silence, le temps, l’usure constituaient pour vous une stratégie en vue de parvenir au terme de votre mandat, elle serait suicidaire et ferait de vous un mauvais président ! Vous ne serez pas un vrai chef d’Etat !
Que vous reste-t-il à faire ?
Certes, vous avez encore des fidèles à vos côtés. Quelques-uns pour votre protection. D’autres pour la flatterie et pour leurs intérêts vous feront peut-être croire que tout va bien. Tout va s’arranger.
M. le Président, s’il vous reste une chose à faire c’est de réunir les forces politiques et sociales du pays, faire le constat de votre échec à bien gouverner et à maintenir la stabilité du pays.
Le pays ne pourra plus supporter de nouvelles épreuves. M. le Président, vous avez une décision à prendre : Démissionnez ! ou Trouver un accord avec les forces vives de la Nation !