La rédaction de MagHaiti a recueilli les propos de divers citoyens haïtiens sur l’opportunité ou non d’une réforme de la Constitution. Cette décision vient en marge de la commémoration des 33 ans depuis la ratification de la Constitution du 29 mars 1987.
Emmanuela Douyon, Économiste et PetroChallenger du groupe “Nou Pap Domi“
Je ne pense pas que le moment soit opportun. Une réforme de cette constitution est demandée par de nombreux secteurs de la vie nationale. Des efforts ont déjà été fait en ce sens mais la question est trop importante pour la laisser entre les mains d’un gouvernement illégitime ou la traiter dans un contexte politique économique et sociale aussi fragile. Les provisions légales ne permettent pas une réforme dans ces conditions. Le président n’a pas la confiance de la population pour agir en son nom sur un tel sujet non plus.
Me Emmanuel Raphael, Avocat-publiciste
La Constitution de 1987 a 33 ans certes mais pas dans son contenu originel. En 2011 il y a eu un amendement. Donc en 2011 le contenu primitif a été réévalué et on a jugé bon de ne faire que ces modifications qui ont faites. La question est maintenant 9 ans apres l’amendement de 2011 faut-il un autre coup de balai puisque vous parlez de “réforme”?
A priori il n’y a pas une temporalité pour revoir une constitution. Ce sont les besoins en matière d’Etat de droit qui le commande. Mais plus précisément pour Haiti il y a pas mal de points qui font naitre la nécessité qu’on fasse une réforme constitutionnelle. Entre la nécessité et l’opportunité l’enjeu est énorme tant que la notion d’opportunité appelle à étudier les paramètres de la réforme qui pourraient faire qu’en voulant faire l’ange on fait la bête.
Le contexte d’un pouvoir en fin de règne très constesté, d’un débat public traversé par des frustrations sociales, du sectarisme politique, du clanisme écononique, du désespoir général, de la polarisation radicalisante des groupes sociaux et de la pensée sociale et politique sont pour moi des facteurs qui auront comme effets de biaiser la perception de la réalité de nos vrais problèmes. Est ce que cela veut dire que tant que ces problèmes ne sont pas résolus on ne peut se hasarder dans une réforme? Non. Ceci ne veut dire cela. En fait, quand on a tous ces problèmes c’est une équipe issue d’un pouvoir multisectoriel qui arrivera a créer la relative sérennité politique et le consensus idéologique qui constituent l’opportunité recherchée présentement.
Me Destin Jean, Avocat -Publiciste et Professeur de Droit Constitutionnel
Fatigué du présidentialisme autoritaire, le 29 mars 1987, le peuple haïtien a adopté, par voie de référendum, une nouvelle Constitution. Trente trois (33) ans après, citoyens ordinaires, universitaires, politiques et acteurs de la société civile ne cessent de dénoncer ses violations, voire son ineffectivité.
Partant du même constat, j’ai cherché à saisir les déterminants de cet état de fait et j’ai conclu que cette ineffectivité recèle une inapplicabilité due principalement à sa portée idéaliste, à ses incohérences et à son inadaptation aux réalités socioéconomiques et à la sociologie politique du pays. Ainsi, nous faut-il une meilleure Constitution adaptée à Haïti.
Ricardo Fleuridor, Petrochallenger du groupe “Nou Pap Konplis“
La Constitution même si c’est pas le moment doit subir des réformes. Cette constitution qui a trente trois (33) années ne dispose pas beaucoup de choses pour rayer la corruption dans le pays. Elle donne trop de pouvoir au Président sur les institutions chargées de lutter contre la corruption. Et, dans une réforme la question en rapport à la langue Créole parlée par tous les haïtiens doit être traitée.
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