Éducation sans violence/edikasyon san vyolans est une structure lancée en 2018 par Clerna Louis Jeune, une éducatrice haïtienne qui se donne pour objectif d’aider les parents, grâce aux TIC, en donnant des techniques nécessaires afin d’éduquer leurs enfants sans violence.
Clerna Louis Jeune a étudié la communication sociale à la faculté des sciences humaines de l’université d’état d’Haïti (UEH). En 2010, elle s’est rendue en France pour une spécialisation en communication niveau master. Ensuite, elle a eu un autre master en management de développement de projet dans les territoires émergents.
Clerna Louis Jeune dit vouloir montrer aux parents qu’ils peuvent éduquer leurs enfants sans aucun signe de violence. Elle explique également que la violence va au-delà des brutalités physiques infligées aux enfants. “Parfois, les parents font subir aux enfants des violences symboliques et psychologiques, soit en les punissant quand ils n’ont pas droit à la parole, dans la plupart des familles, les parents se positionnent en tant que bourreaux, car les enfants ne peuvent pas exprimer leurs ressentis et ne peuvent absolument rien contester“, Explique-t-elle.
La mission d’Éducation sans violence, c’est de former les parents en leur prodiguant des techniques ainsi que des conseils pour éduquer leurs enfants sans aucune violence. “Pour ce faire, nous recherchons d’abord tout ce qui peut pousser les parents à être violents envers leurs enfants, une fois remarqué, nous réalisons des capsules de vidéos très explicites.”
“Une des choses qui pousse parfois les parents à être violents, c’est l’éducation, parfois les enfants ne trouvent pas les encadrements nécessaires dans leurs études et les parents sont toujours prêts à les brutaliser lors des mauvais résultats.”
Interrogée sur les raisons qui lui ont poussé à avoir le déclic pour lancer Éducation sans Violence, elle nous explique ouvertement que c’est lorsqu’elle a eu son premier enfant et lorsqu’elle a intégré l’éducation nationale en France pour travailler, c’est là qu’elle a identifié à quel point le système éducatif haïtien comporte des manquements considérables et elle a pris la noble initiative de fonder en 2018 Éducation sans violence/Edikasyon san vyolans.
Comme toute initiative, Clerna ne cache pas le fait qu’elle fait face à de nombreuses difficultés avec l’organisation Education sans violence/Edikasyon san vyolans. “La plus difficile, c’était de convaincre les parents haïtiens qu’il est tout à fait possible et normal d’éduquer les enfants sans pour autant avoir recours à la violence.”
Elle nous explique qu’il est tout à fait compréhensible, car nous sommes coutumiers à être brutalisés dès notre enfance. ‘’Même le stress que les parents font face au quotidien entrave consciemment ou inconsciemment leur manière d’éduquer leurs enfants, c’était très difficile de leur faire comprendre que le stress n’est pas anodin dans leurs différentes réactions face à leurs enfants’’ , a-t-elle confié.
“En tant qu’éducatrice vivant en terre étrangère, j’ai pu constater qu’il existe une autre façon de faire, les autres parents sont dans une autre posture. Mes expériences en tant que simple éducatrice, mes expériences avec éducation sans violence, dans des cadres de suivis personnalisés, nous nous informons davantage sur comment ça se passe en Haïti où c’est totalement à côté de la plaque. Car beaucoup de normes ne sont pas respectées, ce qui est vraiment dommage“, informe-t-elle.
Education sans violence/Edikasyon san vyolans est une organisation fondée spécifiquement pour Haïti en montrant aux Haïtiens une autre manière de faire, pour le moment, ce sont les Haïtiens qui sont les uniques bénéficiaires, en revanche elle nous explique également qu’il y a des demandes venant de l’extérieur par rapport à certaines de leurs propositions. “Cependant, ce projet est tellement compliqué, nous nous abstenons d’élargir le cadre vers d’autres communautés. Dans un avenir proche Éducation sans violence/Edikasyon san vyolans sera dans d’autres communautés notamment dans d’autres communautés noires“, conclut-elle.
Fessées, châtiments corporels à l’aide des fouets communément appelé Rigwaz, matinèt, la violence faites aux enfants est plus qu’une évidence dans la société haïtienne. Cette société tente toutefois de la banaliser, la dédramatiser et faire en sorte d’ignorer les nombreuses répercussions pouvant provoquer la maltraitance des enfants.
Quand les lois sont ignorées par plus d’un, les structures comme éducation sans violence/edikasyon san vyolans ont toute leur importance afin de prévenir la violence faite aux enfants en domesticité, en particulier.
Bethaida Bernadel
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