10h10 am. À l’Avenue Christophe, au Centre ville, certaines institutions scolaires sont déjà fermées, les portes de plusieurs centres de services sont verrouillées. Les personnels de service de l’IERAH/ISERSS commencent à vider les lieux, ceux de l’INAGHEI se rassemblent et occupent un coin sur la cour. Certains sur leurs chaises, d’autres s’acroupissent tranquillement et commentent l’actualité.
Des carcasses de pneus enflammés posés sur le macadam rappellent à tous les récents événement du mercredi 28 janvier. De vrais affrontements entre étudiants et policiers. Cette panique qui a paralysé la zone reste encore latente. Entre peur et résistance, c’est une grande prudence qui s’installe face à la tension encore palpable qui règne.
L’action s’amplifie au fur et à mesure, au gré des heures. Des étudiants finissent par limiter le parcours avec deux cordes attachées aux deux extrémités de la zone, l’une après la FOKAL, l’autre à côté de l’INAGHEI. Adoptant une posture de combat, ils érigent de nouvelles barricades : pierres, chaises, pneus enflammés qu’ils surveillent jalousement. Plus loin sur la chaussée, un camion de sable a été déchargé, près de la FOKAL et bloque curieusement le passage.
Des forces de l’ordre dépêchés sur place viennent pour observer et enlever les barricades. En réponse, les étudiants les accueillent par des jets de pierres. Certains se tiennent sur la rue, d’autres sur les toits de l’INAGHEI. Des étudiants avec des bouteilles collectent de l’essence pour allumer des feux.
La situation s’envenime rapidement, la zone est macabre. Les passants éprouvant une grande peur, courent à toutes jambes pour quitter le milieu. Des parents inquiets qui partent ou viennent de chercher leur enfant de l’école traversent la rue avec toute la prudence et la résignation. Les enfants ont peur, les parents impuissants mettent toute voile dehors avant l’arrivée du pire des scénarios.
4 heures moins quelques minutes, les étudiants sont encore sur place, surveillant leurs barricades. Ils ravivent les feux éteints, se ravitaillent en pneus usagés pour nourrir le mouvement. Ils avancent, ils reculent, font le va et vient sur leur champs de bataille.
L’on n’est pas encore au prochain épisode de Pays-Locked. Mais, la colère qui gronde, la peur et la rage, sont une réelle bombe à retardement qui se fait déjà sentir.
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