BIC, de son vrai nom Roosevelt Saillant, vient de cracher son haut-le-coeur de la vie en Haïti, avec la sortie de son nouveau tube intitulé: « Asuiv ».
Sorti le 1er octobre dernier, Asuiv se veut un texte de plus du chanteur pour vivifier la position qu’il a toujours tenue. Un son qui n’a pas mis du temps à devenir viral sur les réseaux sociaux. Pendant 5 minutes et 15 secondes, le chanteur a fait le tour de nos tourments, en tapant sur la main des principaux acteurs du système corrompu dans lequel le pays s’engouffre depuis des lustres.
Connu pour ses punchlines mordantes, une fois de plus le lyriciste n’a pas retenu ses mots. Au rythme d’une poésie qui percute, il dénonce les inégalités sociales, les actes de corruptions, les dérives politiques qui peuplent l’univers de la première République noire. Il crie son ras-le-bol à se déflagrer les poumons:
“M bouke, franchman m bouke
Chita gade Bouki k ap fè Ti Malis wouke
M bouke, men wi m bouke
Wè ti jèn tounen toutous, granmoun yo zo bouke”
Aussi, ce texte lui sert de tremplin pour ne pas rester indifférent face au système éducatif haïtien qui selon ses propos, mérite beaucoup de reformes et une nouvelle orientation. N’allez pas croire que l’artiste encourage la délenquence juvénile. Au contraire, il essaie de forcer la main aux autorités qui sont habilités à changer la donne:
“Jodi a mesye m regrèt m tal lekòl
M boule plis ke 14 zan
Malgre sa map boule kawoutchou
E sim poko boule tout vye sètifika yo
Se paske manmanm vivan, se swè kò l ki te peye pou yo”…
Ainsi, comme l’Art le veut, le chanteur se meut en miroir pour porter la revendication des jeunes qui ont bouclé leurs études secondaires et leurs formations supérieures, mais qui n’arrivent pas à trouver un travail pour reproduire leur vie. Il s’érige en la voix des sans voix.
Il parle au nom de ses milliers de jeunes filles exploitées sexuellement dans les institutions haïtiennes soit dans l’optique de décrocher un poste ou le conserver, et ce malgré leurs compétences et qualifications.
Il parle au nom de ses jeunes issus des quartiers populaires, armés par des politiques pour accomplir leurs sinistres desseins.
Il parle au nom de ses milliers de jeunes qui sont obligé.e.s d’abandonner le pays pour pouvoir continuer leurs études supérieures, puisque les Universités haïtiennes, celle de l’État surtout, ne répondent pas à leur demande.
Il parle au nom de ses jeunes diplômé.e.s qui fuient ce pays, où l’égalité des chances est inexistante, par peur de succomber sous le poids du chômage et de la misère, pour aller entreprendre n’importe quel travail ailleurs:
“Nou gagannen jenès al met deyò
Y al pran kout mato sou dwèt
nan kloure kalòj pou chen laba
Si w rankontre yon moun ak yon diplòm isi
Se paske li gen yon parenn oubyen l pa gen viza”.
De surcroît, Roosevelt Saillant s’en prend ouvertement au secteur culturel, à ses pairs chanteurs qui selon lui ont une grande part de responsabilité dans la perversion de la société. Ils pointent du doigt les artistes qui occupent des postes importants mais qui ne font rien pour améliorer la situation de la population. Sans oublier les médias qui encouragent la médiocrité et les promoteurs qui priorisent du n’importe quoi sur le talent.
Asuiv, ce texte écrit à la couleur des revendications populaires qui ne sont pas différentes des siennes, permet à BIC de se ranger du côté de la masse une fois de plus pour crier le désespoir.
Que dire du texte de plus sinon qu’il s’avère être une parfaite caricature d’une société qui mange ses valeurs, d’une société où toutes les conditions sont réunies pour imposer aux gens la fuite s’ils veulent connaître un mieux-être. N’est-ce pas ce qui oblige le chanteur à se séparer de ses deux filles ou même à avouer son inquiétude pour son avenir en Haïti?
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