Sept mois après avoir pris un arrêté présidentiel pour consacrer la gourde comme la seule monnaie de transactions commerciales dans le pays, les échanges peuvent être effectués maintenant en dollars américains, suite à la publication, mardi 9 octobre, d’un arrêté dans le journal officiel Le Moniteur. Mais, cette mesure ne donne pas droit aux fournisseurs de biens et services d’exiger des consommateurs le paiement en dollars.
Selon l’article 5 de cet arrêté : « l’arrêté du 28 février 2018, portant obligation de libeller et d’effectuer les transactions commerciales sur le territoire dans la monnaie nationale qui est la gourde, est rapporté ». Cependant, pour faire appliquer l’arrêté du 1er mars dernier, le gouvernement avait invité tous les citoyens à dénoncer et à porter plainte contre tout individu ou entreprise « qui réclame le paiement en devise étrangère ou son équivalent en gourde suite à des transactions commerciales ou achat de biens ou services. Car, en vue de s’assurer du respect scrupuleux de cette mesure, des superviseurs, après une semaine de formation, sont déployés sur le terrain.»
Pour certaines personnes, c’est un nouvel échec pour le pouvoir qui n’a pas pu gérer le processus de dédollarisation qui a été consacré par un arrêté présidentiel en mars dernier. Mais, pour le président de la Chambre du commerce et de l’industrie d’Haïti (CCIH), Bernard Craan, dans une interview accordée au Nouvelliste mercredi, c’est une bonne décision. « L’arrêté de mars dernier avait provoqué beaucoup d’incertitudes. Il est sage que le gouvernement ait décidé de le rapporter. » relate-t-il.
Selon les déclarations de l’économiste Etzer Émile pour ce même journal, ce nouvel arrêté est opportun et s’est révélé utile dans ce contexte de surchauffe du marché des changes. « Il devrait pouvoir calmer un peu les anticipations de certains agents économiques qui étaient paniqués par le premier arrêté. Le premier arrêté avait renforcé les velléités de thésauriser en dollars et les rendre plus rares.» confirme-t-il.
Précisons que ce nouvel arrêté prendra en compte les préoccupations du secteur aéroportuaire, du bureau de monétisation du programme d’aide au développement (BMPAD). Car, au moment du premier arrêté, quand les compagnies pétrolières paient le BMPAD en gourdes, ce dernier peine à trouver des dollars pour payer les commandes de carburant.
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