Les produits en styrofoam pullulent dans le pays, alors qu’il y a 7 ans, un arrêté ministériel avait interdit leur importation, leur commercialisation et leur usage sur tout le territoire. Préoccupée par cet enjeu, l’organisation Alternativa Haïti a déclaré en 2018 la journée du 10 juillet “journée nationale de mobilisation citoyenne contre le styrofoam en Haïti“, en référence à la date de publication de l’arrêté le 10 juillet 2013.
C’est une façon de sensibiliser la population sur l’utilisation de ces contenants alimentaires à usage unique qui représentent un danger pour l’environnement et la santé. La structure exige par cette initiative l’application de l’arrêté.
Des petits amas de produits en foam, on les rencontre un peu partout en Haïti. En dépit de l’arrêté ministériel du 10 juillet contre les produits en styrofoam, ils sont utilisés pour presque toute occasion.
Pourtant, importés illégalement de la République Dominicaine, ils sont un poison pour l’environnement. Pour se décomposer, ces contenants à usage alimentaire unique peuvent prendre 500 ans, a informé Maudeline Cherilus, membre de l’équipe de communication de Alternativa Haïti, une organisation qui milite pour la protection de l’environnement.
Nous ne sommes pas sans savoir que les assiettes, les gobelets en polystyrène sont souvent jetés à même le sol, après avoir été utilisés. Ainsi, lors des averses, ils sont emportés par l’eau jusqu’à obstruer les égouts. En 2013, l’ancien directeur du Service Métropolitain de Collecte de Résidus Solides avait déclaré que 95% des canaux qui sont obstrués sont dus à ces matières. Ce qui, assez souvent, est à la base d’inondation.
Ces produits sont toxiques et sont considérés également comme des vecteurs de pollution des eaux. Emportés dans la mer par les averses, ces contenants alimentaires sont aptes à perturber les voies respiratoires des animaux marins et provoquer bien d’autres maladies. Ils sont parfois ingérés par les poissons, fruits de mer largement consommés par la population.
Les contenants en polystyrène sont également des principaux polluant de l’air, lorsqu’ils sont exposés au soleil. Leur combustion dégage même de la fumée qui peut aller jusqu’à provoquer de graves maladies chez les humains. Ce qui fait de l’usage des produits faits à base de polystyrène un enjeu de santé publique.
Sa légèreté, son aspect hygiénique, son prix abordable font de l’assiette en foam un contenant alimentaire presqu’incontournable. Dans les restaurants de rues, sur les places publiques, son usage est très remarqué.
À l’entrée de Corridor Bois-de-chêne, un citoyen vient à peine de déguster son plat chaud dans une assiette à usage unique. Il s’apprête à acheter un gobelet de jus de grenadia. Il se présente comme un ancien employé du Ministère du Commerce et de l’Industrie. À son avis, la responsabilité de la circulation illégale de ces produits impute à l’Etat qui n’a rien fait pour faire respecter cette mesure qu’il a lui-même prise. Pourtant, manger de la nourriture dans ces assiettes s’avère un danger pour la santé. Que la nourriture soit chaude ou froide, a expliqué la militante Maudeline Cherilus.
Une vendeuse de spaghetti rencontrée au Champ-de-Mars explique que l’usage de ces boites-à-manger parait être une obligation pour elle, bien qu’elle sait que c’est une pratique illégale et surtout qui a des conséquences sanitaires néfastes. Même son de cloche pour un vendeur de jus de fruits, installé à côté de l’ambassade de France, à l’entrée de “Corridor Bois-de-chêne”.
Par ailleurs, l’enjeu que représentent les déchets en foam est international. Jetés dans la mer haïtienne, ils arrivent à pénétrer l’espace maritime d’autres pays de la caraïbe, dont Cuba qui est une destination touristique.
L’arrêté prit sous l’administration Martelly-Lamothe le 10 juillet a interdit la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des intrants en polyéthylène. 7 ans plus tard, les autorités n’arrivent toujours pas à faire respecter cette mesure anti-contrebande, même après avoir annoncé, en 2018, le déploiement de brigades sur tout le territoire et surtout dans les points d’entrée du pays pour veiller à sa stricte application.
Qui sont les importateurs de ces produits toxiques et illégaux ? Qui sont les complices qui facilitent leurs importations ? Préoccupation de plus d’un. Cependant, il faut dire que même dans les ministères, les assiettes et gobelets en styrofoam sont utilisés.
Marx-Stanley Léveillé
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