Si certains rappeurs haïtiens présentent le Rap de façon vulgaire et choquante, il y a d’autres qui l’utilisent pour faire passer des réflexions profondes, de façon à conscientiser tout un peuple. Et c’est dans cette catégorie que se trouve le rappeur K-lib Mapou. Avec son album “Pou Listwa” sorti le 7 février dernier, l’artiste témoigne de son engagement à utiliser sa plume pour défendre des causes justes.
Valckensy Dessin, alias K-lib Mapou est incontestablement l’une des figures de proue du rap conscient. Il se place comme l’un des rappeurs les plus engagés dans ses textes. Malgré une longue pause dans sa carrière artistique et son émigration en terre étrangère, il suffit d’écouter son nouvel album pour se rendre compte que la distance ne sépare jamais un homme de ses engagements.
Un rappeur qui dénonce des actes de barbarisme en Haïti
C’est l’un des rares albums sur lesquels on retrouve divers morceaux destinés à dénoncer, voire condamner plusieurs actes mesquins orchestrés par des leaders politiques en Haïti. Et sans la moindre surprise, la corruption est au cœur de ces dénonciations. “Eske w te konnen” par exemple, est en quelque sorte une radiographie des dix années du régime PHTK en Haïti ; un parti politique qui est sévèrement critiqué par le rappeur.
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Sur une autre chanson titrée “Nan Fon Lannwit” en collaboration avec Mawon Ann Di Ezli et Vanessa Jeudi l’artiste dénonce l’insécurité qui emporte les fils et filles d’Haïti dans le néant éternel. Il en a profité pour rendre hommage à des personnes comme Me Dorval, Diego Charles et Gregory St-Hillaire, assassinés en Haïti.
Des morceaux sur l’immigration
Les récents événements impliquant des migrants, pour la plupart haïtiens et des policiers sous un pont à la frontière américano-mexicaine ont beaucoup marqué les esprits. Et comme un artiste est en quelque sorte un ambassadeur, K-lib a utilisé sa plume pour poser la question.
“Separasyon”, une musique qui se trouve en 9e position sur l’album, explique la rencontre de trois amis à travers un appel vidéo après avoir abandonné le pays à la recherche d’une vie meilleure.
“Alyennkat” un autre morceau en collaboration avec Wesli et Manno Charlemagne, s’inscrit dans le même sens. Elle pointe du doigt le traitement subi par les migrants haïtiens à travers le monde.
Il faut préciser que le militantisme de K-lib ne touche pas seulement le secteur politique. Dans une chanson intitulée Fake Siksè, il dénonce aussi les mauvaises actions de certains artistes dans le milieu culturel.
En effet, avant ce coup de génie, K-lib, co-fondateur de Mystik 703, avait deux albums à son actif dont ” Mes tourments ” et ” L’apostat “. Ce 7 février, il a proposé à ses fans Pou Listwa (18 morceaux), un troisième album qui est la preuve que l’artiste ne rate jamais l’occasion de toucher les problèmes sociétaux.
Marckenley Elie
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