Pour ses trois années à la tête du BINUH, Helen La Lime s’en va avec un bilan sombre. En trois ans et quelques mois, Haïti a connu une situation sécuritaire délétère qui rend le pays invivable. Plus de 3 000 morts et près de 3 000 cas de kidnapping depuis la création du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti; des chiffres non-exhaustifs qui en disent long sur la mission du BINUH.
En octobre 2019, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a nommé l’Américaine Helen La Lime au poste de Représentant spécial pour Haïti et de Chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Le BINUH a remplacé la Mission d’appui à la justice des Nations Unies en Haïti (MINUJUSTH), mais n’a pas réussi à faire mieux.
Et s’ensuivent des morts
370 personnes ont été tuées par balles, sur un total de 467 personnes mortes violemment, dans la zone métropolitaine de la capitale d’Haïti, au cours de l’année 2019, selon la Commission épiscopale nationale de l’église catholique romaine Justice et Paix (Ce-Jilap). Ce rapport publié le 23 décembre 2019 ne présageait rien de bon, même avec la présence du BINUH dans le pays, car 60 personnes ont été tuées en octobre 2019, période au cours de laquelle Helen La Lime était déjà Haïti.
Selon la charte du conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), le BINUH a pour but de contribuer à la stabilité, et à la bonne gouvernance. Il doit aider à lutter contre la violence des gangs, en soutenant la police nationale d’Haïti, et doit également aider dans la réforme de la justice haïtienne et de l’État de droit.
Un rapport publié par Action Internationale pour les Droits de l’Homme (AIDH), avait révélé que la violence armée en Haïti avait coûté la vie en 2020 à 570 personnes, dont 480 par balles. Ce rapport a été remis au feu Président Jovenel Moïse, au Premier Ministre Jouthe et aux acteurs de défense des droits humains en Haïti. La descente aux enfers était loin d’être terminée.
De janvier à décembre 2021, la Commission épiscopale nationale Justice et Paix (Ce-Jilap) a recensé au moins 893 cas de morts violentes dans le pays, selon Marie Rosie Auguste Ducénat du Réseau national de défense des droits humains. Plus de 1400 personnes ont été tuées et plus de 1000 ont été enlevées par des gangs en 2022 en Haïti, a indiqué l’ONU.
“C’est un pays où des gangs armés, qui seraient soutenus par les élites économiques et politiques, contrôlent plus de 60 % de la capitale, où quelque 4,7 millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë“, avait déclaré Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk.
Des enlèvements à répétition
“Depuis décembre 2019, les Haïtiens sont témoins et victimes d’une augmentation des enlèvements”, avait souligné le média Enquet’Action dans un reportage l’année dernière.
En janvier 2021, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) a mis sur pied la Cellule d’observation de la criminalité (COC), dont le but est d’aborder la criminalité dans ses aspects les plus complexes. Pour l’année 2021, la Cellule d’observation de la criminalité (COC) avait recensé 1009 enlèvements contre 796 en 2020.
De janvier à mars 2022, ladite structure a enregistré 225 cas de kidnapping. Pour le deuxième trimestre, la COC a enregistré 326 enlèvements, dont 36 étrangers de 9 pays. De juillet à août, 204 et 127 enlèvements, dont 12 étrangers pour le dernier trimestre de l’année 2022 selon la COC.
Assassinat du président Jovenel Moïse, enlèvements à répétition, massacres…Depuis la nomination d’Helen La Lime à la tête du BINUH, la situation du pays va de mal en pis. Au moins 140 policiers sont morts depuis sa nomination à la tête du BINUH. Malgré cette situation, l’ONU a décidé d’envoyer une nouvelle cheffe du nom de María Isabel Salvador, qui prendra bientôt les rênes du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti.
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