Par Achille Marie Mika
En Haïti, à une époque donnée et un peu moins de nos jours, le contrôle des faits et gestes des femmes et filles faisait partie du quotidien de leurs parents. Nombreuses sont les filles victimes de diverses pratiques de tests de virginité imposées par eux. Tate tifi, klete tifi et pipi fò sont autant d’entre elles. Cette dernière consiste en une haute surveillance du débit urinaire des filles de la part de leur mère en vue de s’assurer de leur virginité. À en croire les spécialistes et les victimes que MagHaïti a rencontrés, « Pipi fò » constitue une pratique dévastatrice à tous les niveaux.
Pourquoi une telle pratique?
Julie, 24 ans, a été élevée dans une famille chrétienne qui comporte des parents soucieux des valeurs morales et principes religieux. Son enfance a été un calvaire puisqu’elle a été victime d’une pratique assez répandue qui n’est autre que le test de virginité imposé par sa mère. « Je me cachais toujours pour ne pas faire pipi devant mes parents. La nuit, je préférais me lever pour aller jusqu’aux toilettes plutôt que de le faire dans la chambre en leur présence », ajoute, d’une voix songeuse, celle qui a perdu sa virginité quand elle avait entre 16 et 17 ans. « J’ai souvent entendu dire que les parents peuvent savoir que leur fille n’est plus vierge juste en surveillant le débit de leur urine », raconte Julie.
« Pipi fò » est un test de virginité parmi tant d’autres qui n’exige que l’attention du parent qui veut savoir si sa fille est toujours vierge (si l toujou tifi). Comme le nom l’indique, c’est une pratique qui existe toujours lorsque la surveillée est en train d’uriner. Ce qui peut provoquer une peur constante chez elle, puisque le jugement du parent sera fatal en cas de déshonneur. Si l’urine sort avec pression (pipi a sòti fò), pour le parent cela veut implicitement dire que sa fille n’est plus vierge dans un contexte familial où la virginité valait son pesant d’or.
Malgré tous les efforts et stratégies consentis pour contourner la situation, la mère de Julie la surveillait quand même au point où elle la forçait à faire ses besoins en sa présence. En plus du débit urinaire dont elle s’efforçait de gérer, elle n’avait pas le droit de péter en même temps qu’elle urinait. « Il m’arrive de ressentir le besoin de faire des pets pendant que j’urine, mais je ne peux pas le faire parce que je dois [tout] surveiller, mon débit urinaire autant que mes pets », confie-t-elle sans langue de bois.
Et Julie n’est pas la seule. Ils sont plusieurs dizaines de femmes affirmant avoir été victimes de ce test de virginité imposé par les parents en milieu rural et urbain. Carline, une d’entre elles a accepté de se confier à nous. Ce n’est pas seulement sur façon d’uriner que sa mère surveillait, mais elle demeure carrément sous son emprise. Si aujourd’hui elle parle, non sans langueur, de ces sujets, avant elle n’avait guère le droit de peur d’être réprimandée. D’ailleurs, c’est grâce à des amies qu’elle a appris des éléments de connaissances relatives à l’éducation sexuelle puisqu’elle n’en a point reçu de sa mère.
« Elle me surveillait constamment. Du moment que l’urine sort avec pression, elle me demande ce qui se passe. À ce moment, on est obligé de rentrer le ventre afin que l’urine ne sorte pas fort et en abondance », avance Carline, 23 ans. Et ce n’est pas tout. « Si ma mère est là, je dois uriner au compte-goutte. Parfois, cela me donne des douleurs à force de la retenir, mais je suis obligée de le faire de cette manière afin d’éviter les ouï-dire parce que cela suscite du stress surtout en soirée quand on se lève pour aller faire pipi, on se voit obligée de surveiller », ajoute-t-elle de façon plutôt ironique tout en mentionnant que même en l’absence de sa mère, elle est obligée de garder sa petite méthode au cas où elle apparaîtrait dans les parages.
Toutefois, c’est avec un brin de tristesse dans la voix qu’elle nous confie qu’elle n’avait pas le droit de voir des garçons. Par conséquent, même à ses 23 ans, elle ne se voit pas conter à sa mère qu’elle a un copain et même qu’elle n’est plus vierge de peur d’être frappée.
Ce qui est sûr, c’est que plus tard, en tant que mère de quatre filles, la maman de Carline a fini par briser la glace en les faisant savoir ce qu’elle a vécu dès son adolescence. Selon les dires de sa fille, le meilleur moyen pour elle c’était de les protéger contre les dérives juvéniles en ayant envers elles un comportement protecteur et un fort caractère. Pour ce qui est des choses intimes, et même ce qui la tracasse généralement, l’étudiante en sciences administratives nous fait savoir qu’elle n’a jamais eu l’opportunité d’avoir l’oreille de sa mère ou de ses trois sœurs. Ceci dit, que si c’était pour elle, Carline n’allait jamais savoir ce que s’est d’être éduquée sexuellement.
Pourquoi la virginité est aussi importante ?
Vêtue d’une robe bleue dans une petite chambre qui constitue sa demeure, Célia, commerçante de renom dans les environs de Delmas, est mère de trois enfants dont une fille. Pour elle, la virginité symbolise l’innocence d’une fille ou femme, en plus de l’aspect honorifique des familles au point d’être capable de déterminer un avenir meilleur pour l’enfant en question voire faire jouir aux siens des avantages qu’ils n’avaient jamais eus.
« Je considère la virginité de mon enfant comme étant un avenir sûr vu que pour moi ça vaut de l’or en barre. Dans le temps, les parents mettaient toujours en garde leur fille, pour leur dire de ne pas la donner, en leur faisant savoir que c’est leur virginité qui peut leur aider à avoir une maison, monter un avion voire faire ce qu’elle n’avait jamais pu faire », révèle Célia soulignant que cela aide aussi les parents financièrement. « C’est ce qui fait que les parents contrôlent à l’extrême leurs filles pour éviter d’être gaspillés afin que l’homme qu’elle va trouver l’accorde de la valeur », dit-elle d’un ton sans réplique reconnaissant également la différence existant entre la société d’avant et celle d’aujourd’hui.
Elle révèle que prendre la virginité d’une fille jadis était synonyme de deux M (Mariage ou la mort) ou même rendre fou le garçon s’il n’assume pas ses responsabilités. Elle nous apprend que, dans sa jeunesse, la personne qui faisait son éducation lui mettait des pressions pour savoir si elle était toujours vierge « tifi » en la menaçant de la doigter (tate l ak dwèt). Mais, elle nous dit qu’elle n’était jamais tourmentée ni ne s’est opposée à cette idée puisqu’elle était encore vierge en ce temps-là.
Dès qu’on parle de virginité, ça renvoie à une personne qui n’a pas encore eu de rapport sexuel. Ce qui sous-tend pour la femme que l’hymen, une fine membrane séparant le vagin de la vulve, est toujours intact. Si on essaie de voir les raisons pour lesquelles les mères d’autrefois s’adonnaient à ces genres de pratiques, on pourrait dire qu’elles voulaient se conformer à la société et aux règles religieuses qui préconisent qu’elles doivent préserver l’honneur de leurs filles jusqu’à ce qu’elles soient mariées. D’où, l’importance de surveiller à tout prix leurs faits et gestes. Pourtant, ce qu’elles ignorent, c’est que toutes ces pratiques mettent en danger la santé mentale des victimes.
On a essayé de discuter avec plusieurs parents, ils étaient tous étonnés d’une telle discussion puisque d’habitude cette dernière est un sujet tabou. Ainsi, Célia est la seule d’entre eux qui avait accepté de témoigner sans langue de bois à propos de sa fille âgée de 25 ans actuellement. La commerçante nous a bien fait comprendre qu’elle n’avait pas pu contrôler complètement la sienne, puisque pendant un certain temps sa fille vivait chez son beau-père. Et que la distance mêlée avec certains besoins ou la folie de connaître ce que c’est les rapports sexuels s’étaient présenter comme des obstacles surtout qu’on a une perception différente de la défloration de nos jours.
Cependant, du point de vue médical, le gynécologue Vancol Augustin raconte que la virginité est importante, c’est juste parce qu’elle joue un grand rôle dans la reproduction chez la femme. Selon lui, pour qu’il y ait reproduction, il faut impérativement avoir des rapports sexuels, ce qui occasionnera la défloration de l’hymen. Il rajoute que toutes femmes ne sont pas sujettes à saignée lors de leur premier rapport sexuel parce qu’il existe plusieurs types d’hymen dont, un de type complaisant.
« C’est un organe féminin qui joue un rôle dans la reproduction. Pour qu’il y ait des enfants, il faut avoir des rapports sexuels, et pour cela on est obligé de passer par l’hymen. Donc, un tel organe qu’on peut s’en servir pour donner la vie c’est sûr qu’il a beaucoup d’importance et mérite d’être vu avec tout cet entrain », Continue-t-il.
La virginité d’un homme est insignifiante puisque la société les permet même d’être des polygames, tandis que pour une femme la virginité détermine sa valeur. C’est du moins l’avis de la sociologue de genre Kénise Phanord dénonçant les deux poids de mesures qui ont libre-court dans la question. D’ailleurs, la société encourage les hommes à avoir plusieurs partenaires sexuels au point de les considérer comme des coqs.
« C’est ce qui leur rend viril. Cependant, la virginité c’est la façon dont on mesure la valeur corporelle des femmes et des filles. On considère aussi une jeune fille vierge comme étant une femme pure ou qui a plus de valeur, parfois c’est même une condition pour les marier », nous confia-t-elle tout en soulignant que vu l’évolution de nos jours, la virginité ne pèse plus comme avant. Toutefois, la sociologue met un petit bémol en avançant que l’innocence d’une femme reste un élément important dans la culture du pays. Ce qui explique que certains la prennent comme une valeur essentiellement incontournable.
Suivant une enquête ethnographique réalisée par Rémy Bastian dans la zone de Marbial, une localité de Jacmel, dans le département du sud-est en 1980, il avait remarqué que la virginité constitue une étape de validation pour un mariage et c’est l’honneur de toute la famille (du côté des femmes) qui était en jeu.
« Après le mariage, la mère avait l’habitude de rester derrière la porte nuptiale afin de récupérer les draps tachés de sang voulant dire que sa fille était vierge. Dans le cas contraire, le mari envoyait à la famille soit une bouteille de cola à demi-mesure ou une poule (manman poulèt). Après cette étape, il pouvait même procéder à l’annulation du mariage », raconte Mme Phanord.
C’est pour cela qu’elle cite un travail juridique du nom « la Place de la coutume dans l’ordre juridique haïtien » d’où les auteurs montrent que certains hommes prenaient la non-virginité comme prétexte pour expliquer leur divorce. D’après la sociologue qui est également militante féministe, on nommait cet agissement « joure grav piblik ».
Le test d’urine, un mythe ou une réalité sociale ?
Pour la sociologue Kénise Phanord, cette pratique-là existe bel et bien et elle est liée à une inégalité existant entre l’homme et la femme dans notre société où l’on considère la femme comme étant un objet de plaisir. La virginité est gravée dans l’imaginaire social et dicte les normes, les comportements ainsi que les activités sexuelles de la femme. Elle est issue de la perception qui fait de la femme un objet et qu’elle se trouve dans une position passive, souligne-t-elle.
« La société confond la sexualité avec la moralité, les règles sur le corps de la femme et son expérience sexuelle. C’est un ensemble de discours véhiculés surtout dans les proverbes encouragés par les institutions traditionnelles (familles et églises) qui supportent l’inégalité des sexes et font même respecter des restrictions qu’ils imposent », explique la sociologue tout en rappelant que le fait de tester la virginité n’a aucun fondement biologique ou médical.
D’après le gynécologue obstétricien Vancol Augustin sur le plan médical, on ne peut directement attribuer le débit urinaire à la virginité d’une femme/fille. La puissance avec laquelle l’urine (jet urinaire) sort du vagin dépend de plusieurs facteurs tels que la pression que ça fait sur l’urètre, et surtout la longueur du diamètre du canal urétrale, d’une bonne santé du muscle au niveau de la vessie et aussi de l’âge de la femme en question. Tant que la femme est âgée tant qu’il est probable pour qu’elle ait une faiblesse au niveau de l’urine.
« On ne pourrait totalement attribuer la puissance de l’urine à la virginité de la femme, mais au Moyen Âge on remarquait que lorsque la femme urinait avec un fort débit, on le voyait ou même l’attribuait à la virginité », estime le gynécologue. Il prend, en exemple, le cas d’une personne qui n’a pas encore eu de rapport sexuel, normalement son urine coule plus faible. Parce que l’hymen, c’est un tissu qui empêche que l’urine sorte avec puissance. Donc, ça allait plutôt empêcher que l’urine sorte avec puissance. « En d’autres termes, c’est pour dire que la virginité n’a pas vraiment un rapport avec la puissance que peut avoir l’urine », explique Augustin tout en mentionnant que c’est un test qui se répète assez souvent dans la coutume haïtienne.
D’après les dires du gynécologue, ce phénomène est plutôt lié à une bonne santé de l’appareil génital urinaire. Même si la femme n’est pas vierge, elle peut toujours uriner avec puissance. Parce que, c’est une bonne santé du muscle détrusor et la normalité de l’urètre avec une bonne longueur de diamètre sans épaississement qui traduit que cette personne-là, le plus souvent à un fort débit urinaire, laisse-t-il entendre.
Pour celles qui pensent qu’elles peuvent regagner leur virginité, l’obstétricien nous fait clairement savoir qu’il n’y a pas moyen. « La virginité, ça ne se perd qu’une seule fois, mais nous pouvons dire de préférence qu’il existe des procédures médicales qui peuvent permettre à une femme de regagner son hymen », dit-il. Il y en a deux : l’hyménorraphie et l’hyménoplastie. L’hyménorraphie, c’est la reconstruction partielle de l’hymen. L’hyménoplastie est une reconstruction définitive de l’hymen jusqu’à un autre rapport sexuel.
Célia, qui a traversé plusieurs générations, Continue de croire dur comme fer que dès que la fille a un fort débit urinaire ça signifie clairement qu’elle n’est plus innocente donc plus vierge. Voilà ce qu’elle persiste à dire : « Il n’y a peut-être pas de lien, mais une fois que l’enfant n’est plus vierge, sa façon d’uriner change immédiatement. La différence qu’il y a c’est que quand elle fait pipi et qu’elle est encore “tifi” l’urine sort comme lorsque l’eau sort à peine d’un robinet. Dès que c’est le contraire, l’urine sort sans retenue ».
En plus du test d’urine, elle ajoute qu’il y a également certains parents qui s’adonnent à des pratiques mystiques pour y parvenir. Appelé en créole « senp », il est fait avec du citron vert. Les parents placent un citron généralement au milieu de l’entrée de la maison « nan mitan papòt kay la » sans que l’enfant le sache. Une fois enjamber, si elle n’est plus vierge, le citron vert ne prendra pas plus de deux jours pour changer de couleur donc murir (li vin mi daprè senp yo fè ladan l lan). Si la fille est toujours vierge, le fruit en question gardera sa couleur même quand elle l’a enjambée.
Des impacts dévastateurs sur les victimes
Cette situation entraîne des impacts physiologiques et psychologiques catastrophiques chez les victimes. « C’est une situation qui m’était très traumatisante. Je n’étais même pas encore entrée dans des relations sexuelles que je me surveillais déjà. Dès la perte de ma virginité, mon inquiétude s’est accrue », confie Julie qui nous fait savoir qu’avec ses pressions subites, elle est restée comme ça sans trop s’adonner à multiples rapports sexuels.
De plus, la victime nous raconte qu’au grand jamais, sa mère ne voulait que son père fasse son éducation sexuelle. Et ce n’était pas tout. « Je n’avais pas le droit de me tenir près des jeunes qui discutaient. Même discuter au téléphone avec un garçon était considéré comme un irrespect pour elle. Je ne pouvais pas sortir encore moins fêter. J’étais confinée dans tous les sens », nous raconte-t-elle. Après la perte de son innocence en l’occurrence sa virginité, elle devrait faire tout son possible pour rester normale. Comme se doucher nue sans se cacher, ne pas marcher avec les pieds ouverts, bosser dur à l’école, ne pas montrer d’intérêt porté aux garçons. « Tout ça pour ne pas éveiller de soupçon », lance-t-elle.
Pour Carline, même après ses 23 ans, l’attitude d’avant de sa mère provoque une peur grandissante chez elle à chaque fois que ça parle du sexe. « Même à présent, j’ai toujours cette peur. Ce qui fait que je n’ai jamais abordé ces sujets avec elle. Pour la perte de ma virginité, je pense la mettre au courant, mais pas pour l’instant puisque je crains toujours sa réaction malgré qu’elle sait que j’ai un copain ».
Sur ce point, le psychologue Roode Rémilien admet que de telles situations peuvent mettre de la pression psychologique sur la victime. « Dans la réalité familiale, lorsque l’enfant entre dans des rapports sexuels avant le mariage c’est comme déshonorer sa famille. De ce fait, les parents se sentent obligés de veiller à ce que leur enfant respecte les normes sociales. Veiller et même vérifier si son enfant est vierge est tout à fait anormal pour eux », souligne-t-il. Réagir de la sorte, c’est mettre de la pression sur l’enfant. Ce qui peut attaquer sa propre perception des choses. Et si l’enfant sent qu’il ne respecte pas les normes établies, il peut développer une honte et peut se considérer comme mort, dénonce-t-il, fustigeant ces pratiques.
Ces actes peuvent affecter la relation que la victime entreprend avec les autres. Ce qui représente, selon Rémilien, une sorte d’emprisonnement émotionnelle. En outre, si c’est la fille/femme qui a érigé ses propres barrières il n’y aurait aucun problème. Mais, si c’est un parent qui le fait, ça pourrait même développer certaines séquelles psychologiques, pendant et après ces périodes de surveillance, précise-t-il. Il s’agit bien des troubles d’anxiété, troubles d’alimentation, dépression, crise identitaire, complexe d’infériorité par rapport aux autres filles vierges (si la fille a perdu la sienne) et la diminution de la confiance en soi voire de l’estime de soi.
À force d’avoir peur d’uriner en présence de ses parents, la personne en question peut développer des maladies comme la rétention urinaire, la cystite, si l’action se répète continuellement, averti le médecin Vancol Augustin de son côté, qui mentionne également que « il n’y a pas trop à craindre» puisqu’il estime que la femme/fille ne va pas se retenir tous le temps.
Que faire ?
Le psychologue est du même avis que le médecin obstétricien qui conseille à n’importe quelle fille qui subisse ces genres de pratiques de prendre le chemin du dialogue afin de discuter avec leurs parents. Du côté des parents, il est nécessaire qu’ils cherchent l’amitié de leur enfant tout en faisant leur éducation sexuelle plutôt que de les mettre sous pression en mettant en péril leur bien-être. Le médecin Vancol Augustin estime qu’il est anormal de faire subir ces genres de surveillance [aux femmes/filles]. Il y a des parents beaucoup plus stricts, mais le plus souvent ça n’apporte pas vraiment le résultat escompté, nuance-t-il par la suite. « L’une des solutions que je propose toujours c’est le dialogue avec l’enfant, développer une amitié avec lui afin de le pousser à vous avouer la vérité. Dans le cas contraire, si vous avez des doutes, vous pouvez entamer d’autres démarches comme aller à l’hôpital pour procéder à un examen d’évaluation ».
Julie, de son humble avis, pense que la meilleure façon d’éduquer son enfant n’est pas de lui cacher les choses essentielles à savoir. C’est pour cela qu’elle nous révèle qu’une fois qu’elle aura une fille, elle fera tout le contraire de ce qu’elle a reçu. « Je ne vais rien cacher à ma fille, mais je m’assurerai de bien faire son éducation sexuelle. Je serai extravertie et de cette manière elle va être en mesure de savoir ce qui sera bon ou non pour elle sans pour autant me craindre comme figure maternelle », soutient-elle.
À ce stade, la féministe Kénise Phanord affirme qu’il serait préférable de commencer à déconstruire ces idées. Car pour elle, c’est quelque chose qui provoque la honte et la culpabilité chez les femmes/filles à l’exception de celles qui choisissent de pratiquer la chasteté de plein gré, ce qui pour elle en tant que femme est respectable et admirable. « L’éducation sexuelle doit être concentrée sur la déconstruction de ce mythe populaire », croit la sociologue très critique par rapport à ces genres de pratiques.
« Il est essentiel d’accepter que la virginité soit un concept subjectif. La valeur d’une personne ne se détermine pas avec son expérience sexuelle ou son manque d’expérience, mais plutôt avec sa personnalité, ses valeurs propres et ses actions. Cette déconstruction doit toucher les différents espaces sociaux comme la famille, l’école et l’église », conclut-elle.
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