Le nom du lauréat du concours de plaidoirie organisé par le barreau de Port-au-Prince est connu depuis le 18 août dernier et ce n’est autre que celui de Makenson Alabre, un avocat passionné de l’art oratoire, de l’enseignement, du leadership et de la défense des droits fondamentaux.
Me Alabre a prouvé qu’il a la légitimité pour être considéré comme un véritable exemple en la matière au sein de la communauté haïtienne.
Le jeune homme qui vient de recevoir ce prix tant convoité est professeur à l’université, avocat au barreau de Port-au-Prince, collaborateur partiel au Cabinet Jasmin, Désiré et Associés. Il est aussi auteur d’un manuel de perfectionnement en français écrit.
Parallèlement, il est directeur de l’institut de Leadership, d’Art oratoire et de droit (ILEAD). Un institut qui offre des formations continues dans les domaines précités, des consultations et du coaching dans le domaine du droit, de la rédaction professionnelle et académique et de l’art oratoire.
“Je dirais beaucoup d’émotions parce que c’est un rêve que je nourris depuis un certain temps ; beaucoup de courage parce qu’il ouvre des portes pour de plus grands défis ; beaucoup d’humilité, car comme le dit Ecclésiaste : « La course n’est point aux agiles ni la guerre aux vaillants, ni le pain aux sages, ni la richesse aux intelligents, ni la faveur aux savants ; car tout dépend pour eux du temps, des circonstances et j’ajouterais de la faveur de Dieu“, telle est la déclaration de Me ALABRE exprimant sa satisfaction après avoir remporté ce concours.
Encore plus du fait que Me Alabre est un excellent orateur, il est détenteur d’une maîtrise en droit international et des droits fondamentaux à l’Université de Nante. Il a aussi une licence en Sciences Juridiques et un diplôme en Langues Vivantes respectivement à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE- UEH) et à l’École Normale Supérieure (ENS-UEH).
“J’ai également suivi des formations de courte durée dans le domaine des droits humains, du leadership et de l’art oratoire“.
L’homme qui dit être une personne responsable, proactive, humble et soucieuse du travail bien fait a également un amour démesuré pour le travail en équipe et pour Haïti, le pays qui l’a vu naître. Deux raisons l’ont poussé à participer à ce concours.
“La première, c’est pour concrétiser un rêve nourri depuis plus de quatre ans. J’ai toujours voulu remporter ce concours afin de représenter valablement mon barreau, notamment dans les concours de plaidoirie et d’éloquence internationaux. La deuxième, c’est parce que j’ai voulu faire entendre ma voix face à cette crise multiforme et sans fin qui gangrène notre pays et de certains dérives dans le monde. Enfin, parce que je suis une bête de concours, un bosseur. J’y prends beaucoup de plaisir.”
Lors de sa plaidoirie de la position négative sur “Faut-il normaliser l’exception” Me Alabré en a profité pour demander Justice pour Me Monferrier Dorval, le bâtonnier de l’ordre des avocats qui a été lâchement assassiné par balle, le 28 août de l’année 2020. Il explique qu’il n’a pas eu à choisir son sujet.
“Il m’a été imposé. C’était la position négative sur: Faut-il normaliser l’exception ?. Un sujet digne d’intérêt et d’actualité qui m’a permis, entre autres, de toucher du doigt les plaies qui rongent notre société, les dérives de l’état d’exception surtout avec la prison de Guantanamo ainsi que l’exception de facto et cruel régnant en Haïti. Ce sujet m’a permis aussi de clamer justice pour le feu bâtonnier Monferrier Dorval, lâchement assassiné depuis près de deux ans, ainsi que l’arrestation illégale et la détention arbitraire de Me Robinson Pierre-Louis, secrétaire de l’ordre des avocats du Barreau de Port-au-Prince “, a-t-il révélé.
“Il n’y avait pas eu de véritables difficultés, sinon que puisque la finale avait été reportée, un brin de négligence m’avait rattrapé jusqu’à la réfixation de la finale. Mais j’ai su me rattraper, Dieu merci” avoue Mackenson Alabré.
Gagner le concours de plaidoirie du barreau de Port-au-Prince n’est que le début pour Makenson, car selon lui, grâce à ce prix, d’autres opportunités s’offrent désormais à lui comme représenter le Barreau dans d’autres concours nationaux internationaux.
“Pour l’instant, il y en a deux dans le viseur : celui de la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH) qui mettra en compétition les 18 barreaux du pays et celui de la Conférence internationale des Barreaux (CIB), qui mettra en compétition 52 pays. Ce sont deux concours exaltants, j’espère que la providence me gratifiera de sa faveur afin d’y faire bonne figure. Par ailleurs, je compte consolider davantage les programmes de formation qu’offre ILEAD sur l’art oratoire“, dit-il.
Sachant à quel point, l’art oratoire commence à prendre beaucoup plus d’ampleur au sein de la communauté haïtienne, à tel point les jeunes se présentent fréquemment à des concours tant nationaux qu’internationaux. Le professeur d’art oratoire en a profité pour adresser ces conseils à toutes les personnes désireuses de s’adonner à cet art.
“On ne naît pas orateur, on le devient. Bien parler en public n’est pas un don. Ce n’est pas quelque chose d’inné. L’art oratoire est un véritable art, en tant que tel, il a ses techniques, ses principes et ses règles. Certaines sont vieilles de plus de deux siècles. Il faut les apprendre, les maîtriser afin d’exceller en la matière”.
“Celui qui désire devenir un bon orateur, peut. Il lui suffit de s’évertuer en ce sens. Il ne doit pas avoir peur de commettre des erreurs, mais il doit s’assurer de les corriger et de s’améliorer quotidiennement comme un bon vin. Enfin, je lui conseillerais de rester humble et de considérer chaque prise de parole à leur juste valeur. En cette matière, la perfection n’existe pas“, a-t-il soutenu.
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