Miami, le 30 juin 2021._ Vingt-trois (23) jours après l’assassinat du président de facto Jovenel Moïse en sa résidence privée, par un groupe de mercenaires composés d’anciens soldats colombiens et d’américains d’origine haïtienne, la Première Dame Martine Moïse s’est confiée au journal The New York Times en revenant sur la scène macabre qu’elle a vécu.
« La seule chose que j’ai vue avant qu’ils ne le tue, ce sont leurs bottes », a déclaré Martine Moïse au moment où son mari, le président d’Haïti Jovenel Moïse a été abattu à côté d’elle. « Puis j’ai fermé les yeux et je n’ai rien vu d’autre. »
Martine Moise a déclaré au journal américain qu’elle écoutait pendant que les assaillants fouillaient la pièce, cherchant méthodiquement quelque chose dans les dossiers de son mari. “‘Ce n’est pas ça. Ce n’est pas ça », se souvient-elle en les répétant en espagnol, encore et encore. Puis enfin : « C’est ça! ». Les tueurs sont sortis, l’un a marché sur ses pieds. Un autre a agité une lampe de poche devant ses yeux, apparemment pour vérifier si elle était toujours en vie.
Comme le reste du monde, la Première Dame veut savoir ce qui est arrivé aux 30 à 50 hommes qui étaient habituellement postés chez elle chaque fois que son mari était à la maison. « Aucun de ses gardes n’a été tué ni même blessé. Je ne comprends pas comment personne n’a été abattu“, a-t-elle déclaré.
Mme Moïse pense que ses concitoyens devraient se souvenir de son mari comme d’un homme qui a tenu tête aux riches et aux puissants. “Seuls les oligarques et le système pourraient le tuer“, poursuit-elle.
Aucune de ces révélations ne peuvent aider l’institution policière qui se dressent en juge et partie dans ce dossier et qui peine à donner des résultats concrets et des explications sur les caméras de surveillance dans la résidence présidentielle.
Selon Pierre Espérance, Directeur exécutif du Réseau National de défense des droits humains (RNDDH), au moins 40 agents de l’USGPN ont pris la fuite suite à l’assassinat de Jovenel Moïse, avec la complicité des autorités qui n’ont pas pris des mesures pour les en empêcher.
Dans le cadre de cette enquête, la Police nationale d’Haiti (PNH) a procédé à l’arrestation de 18 mercenaires colombiens, 3 sont décédés et 5 autres sont en cavale. 5 ressortissants haïtiens sont aussi sous le contrôle de la PNH, il s’agit de James Solages, Joseph G. Vincent qui faisaient partie du commando, Reynaldo Corvington Gilbert Dragon et finalement le docteur Christian Emmanuel Sanon qui est accusé d’être l’auteur intellectuel de ce coup d’état. Toutefois le mobile reste encore inconnu.
L’ex Coordonnateur Général de la Sécurité Présidentielle, le Commissaire Jean Laguel Civil a lui aussi été appréhendé par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), le 26 juillet dernier. Dimitri Hérard, Léandre P. Osman, Paul Eddy Amazan, responsables respectivement de l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN), de l’Unité de Sécurité du Président (USP), du CAT TEAM sont en mesures conservatoires et ont l’interdictiin de quitter le pays par voie terrestre, aérienne et maritime.
Dans ce même dossier, des avis de recherche ont été lancé par la police contre les citoyens: BADIO Joel Felix, JOSEPH John Joel, JAAR Rodolphe (Dodof), DESIR Gordon Phenil, PALACIOS PALACIOS Mario Antonio, ASHKARD Pierre Joseph et l’ancienne juge de la cour de Cassation THELOT Windelle Coq.
Par ailleurs, Martine Moise a aussi confié au journal qu’elle envisageait de se présenter à la présidence aux prochaines élections, une fois qu’elle subira d’autres interventions chirurgicales sur son bras blessé. « Le président Jovenel avait une vision », a-t-elle dit, « et nous, les Haïtiens, n’allons pas la laisser mourir. »
Source: The New York Times