Toute véritable démocratie se fonde, entre autres, sur la « subordination des exécutants ». Cela sous-tend que le peuple, le seul souverain, peut intervenir directement pour mettre fin au mandat d’un exécutant. Les défenseurs (en très petit nombre) du pouvoir de Jovenel Moise ont tort : aucun mandat présidentiel n’est irrévocable dans une République. Un mandat est avant tout un contrat moral qui témoigne de la confiance manifeste de la « majorité » envers un citoyen devenu Exécutant. Si ce dernier fait chou blanc , il n’a pas à jouer à la victime comme le fait Jovenel Moise en faisant semblant de tirer à boulets rouges sur un quelconque système. Un échec, encore plus à ce niveau, ne se justifie pas. Il y va de l’avenir de tout un peuple. Un échec appelle à s’excuser et à tirer les conséquences de son incompétence. À moins qu’on soit dépourvu de grandeur d’âme.
D’ailleurs, dois-je vous rappeler que Jovenel Moise est un acteur de doublure de ce système générateur d’inégalités sociales ? Il a été choisi et donc financé par les vrais héritiers de ce système pour faire le sale boulot que vous connaissez tous : protéger les intérêts des commerçants-bourgeois du pays et ceux du Blanc. A preuve, ce dernier veut qu’il reste au pouvoir en dépit des multiples cris de désespoir accru exigeant le départ de Jovenel Moise. En réalité, l’élection de ce monsieur ne fait que permettre à ce système de se régénérer/se reproduir. Donc, il n’y a pas de contradiction entre Jovenel Moise et le système à combattre à tout prix aujourd’hui. En effet, aucune de ses actions comme Chef d’Etat n’a témoigné d’un quelconque effort de rupture avec ce système. Ses pseudos revendications « antisystème », d’un côté, relèvent du pur populisme ; et d’un autre côté, reflètent son statut de marionnette d’une large frange de la classe possédante haïtienne.
Non. Jovenel Moise n’a aucune moralité, ni légitimité nécessaire pour faire le procès de ce système oppresseur. Le Monsieur s’engloutit dans ce mal qui représente l’un des grands principes d’existence et de reproduction du système qu’il prétend combattre : la corruption. Les faits sont là. Il est indigne de la confiance du peuple trop longtemps opprimé par ce système. Il a tellement fait de promesses non tenues. Et jamais, aucun effort manifeste de décence pour s’en excuser aupres de la nation. C’est le triomphe de l’incompétence, de l’indécence et de l’arrogance.
C’est un fait : sur ces 27.750 km2, grouillent des conditions objectives pour une lutte réelle en vue du changement social. D’où, la nécessité que grandissent des mouvements sociaux qui, évidemment, doivent réunir certains principes d’existence, dirait Alain Tourraine. Par exemple, le principe d’identité. La contradiction fondamentale à aplanir aujourd’hui prend corps dans la lutte opposant les descendants des bossales (le petit peuple) et les nantis du pays. C’est la lutte pour la citoyenneté totale des masses de ce pays. Or, le gouvernement de Jovenel Moise n’est qu’un comité qui gère les intérêts de ces nantis qui l’ont conduit au pouvoir.
Un autre principe à noter : le principe d’opposition. Pas de mouvements sociaux sans opposition. Pour parvenir à l’antisystème souhaité, les acteurs à combattre sont : l’Etat tel que nous le connaissons depuis 1804 ainsi que toute la classe politique haïtienne et cette bourgeoisie antinationale qui est, d’ailleurs, la vraie bénéficiaire des avantages de l’indépendance haïtienne. Je ne saurais omettre la nécessité de révolutionner notre rapport avec cet acteur non négligeable dans la crise contemporaine haïtienne : le Blanc.
Jovenel Moise est un énième petit traitre vis-à-vis aux sorts des masses d’où il vient d’ailleurs. Un traitre de trop. Il doit être la goutte qui fait renverser la vase.
Rency Inson Michel