Né en Haïti en 1994, Jean D’Amérique, écrivain et slameur, est l’auteur de Petite Fleur du Ghetto, un recueil qui lui a valu une mention spéciale du Prix René Philoctète 2015 qui est une distinction créée par la Direction Nationale du Livre, et une sélection au Prix Révélation de Poésie 2016 de la Société des Gens de Lettres.
Animateur d’atelier d’écriture et de slam, il a contribué aux écrits de plusieurs revues littéraires et artistiques, dont IntranQu’îllités dirigée par James Noël, il compte également de nombreuses performances et interventions poétiques dans des festivals tant en Haïti qu’en France.
Lauréat 2017 du Prix de Poésie de la Vocation pour Nul Chemin dans la peau que saignante étreinte paru chez Cheyne Éditeur, Jean D’Amérique travaille, par la poésie, dans les domaines de la lumière et de la tendresse. «Affilié à l’insolence, avec un compte cardiaque débordé d’humanité et d’amour, j’ai placé mon capital dans la poésie», nous a confié le finaliste de la Bourse Gina Chenouard SGDL.
Pour lui, ce genre littéraire qui consiste à jouer avec les mots, les phrases, les sonorités et les rythmes peuvent changer (influencer ou améliorer) nos vies, car c’est sa mission même : « rajeunir l’être, peindre la vie avec l’or neuf que signe chaque matin sur la colline», a dit Jean, tout en ajoutant que chaque poème qui entre en lui, lui fait don d’une fenêtre où il apprends à mieux regarder le monde. « Si vous voulez comprendre cela, vous n’avez qu’à ouvrir vos êtres et faire place au poème», a déclaré le lauréat du premier prix du grand concours de slam organisé par la Bibliothèque Monique Calixte (FOKAL) pour rendre hommage à Aimé Césaire, et aussi récipiendaire en 2014 du prix littéraire Fièvre Rouge pour sa nouvelle «Rêveur de revers » parue dans une anthologie chez Lominy Books aux Etats-Unis.
Actif sur la scène depuis plus de 5 ans, il compte deux singles à succès (Di yo et Fils du Soleil). Sa démarche artistique se définit par une fusion du slam et d’autres styles de musiques urbaines, notamment le hip-hop et le reggae. Son discours est drastique, corrosif et sa poésie objective. Elle tient compte d’une plaie sociale, d’une tumeur maligne, mais heureusement avec un vif élan esthétique. Une poésie révoltée qui fait passer une idée, comme dans « Barbara » où le poète utilise une histoire afin de faire un appel à la révolte contre la guerre.
Considéré comme l’une des étoiles montantes de la relève littéraire haïtienne de sa génération avec ses prestations tant qu’en Haïti qu’à l’international, il affirme que l’état si désolant de notre monde d’aujourd’hui est le résultat d’un manque de poésie. La poésie, dans le sens de soif de beauté, de vœu d’humanité. « Il y a des cœurs à allumer, des soleils à faire naître le long des routes. Essayons juste d’offrir notre part de feu», clame-t-il. La poésie, selon lui, peut changer le monde dans ce siècle matérialiste, militariste et médiatique, qui prône la primauté des armées et des guerres en tout genre. Devant ces genres d’interrogations, il lui vient souvent, dit-il, à l’esprit ces mots de l’immense écrivain Frankétienne : « Mais que valent toutes les littératures du monde face à un innocent qu’on assassine ? Que pèsent toutes les bibliothèques des villes entières face à un enfant qui meurt de faim ? Pourtant, une seule phrase dans un livre peut bien sauver toute l’humanité ».
Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliécer Neftalí Reyes-Basoalto qui est à la fois poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien, considéré comme l’un des quatre grands de la poésie chilienne, définissait la poésie comme une insurrection. Victor Hugo, poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française, nommait le poète « la bouche qui dit NON ! ». Jean D’Amérique, pour définir le poète de notre temps, il a dit qu’il voudrait qu’on parle de colère et de rage, il voudrait qu’on parle de tendresse et d’amour, et qu’une même poésie en soit dépositaire.
Pour le fondateur du collectif Slam Art’ificie et l’initiateur de «Quartier des Poètes », scène slam régulière en Haïti, l’important, c’est de regarder le monde et d’en vouloir un autre. Chaque poème est une révolution.
CP : Marie Monfils
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