JC, de son vrai nom Jacquetie Charles est traductrice, institutrice et entrepreneure la semaine, mais le week-end et les jours fériés, la jeune femme dévoile une autre facette, celle de la “Rideuse” qui au guidon de sa moto, casse les codes et espère changer la perception que seuls les hommes peuvent faire de la moto en Haïti.
À l’entendre parler, on comprend rapidement que c’est une passionnée des cascades à moto. Étant originaire de la ville des Cayes, elle a toujours été entourée de motocyclettes, mais n’avait jamais imaginé que la moto deviendrait bien plus qu’un simple moyen de transport.
JC nous raconte qu’elle a été attirée par ce sport pour la première fois lors d’un défilé de moto, alors qu’elle était en pleine rencontre d’affaires. Elle se souvient s’être dit sur le coup :” J’aimerais un jour faire partie de cette bande ” sans se douter que des membres de sa famille allaient intégrer plus tard un groupe de motards, ce qui lui permettra de côtoyer les membres et d’en faire partie quelques années plus tard.
Elle nous explique qu’elle a participé à un show de moto pour la première fois “par hasard“. ” Je devais sortir pour mon anniversaire, mais je me suis fait poser un lapin. Étant donné que j’avais rien de mieux de prévu, j’ai demandé aux membres du groupe que mon père et mon oncle avaient intégré de les accompagner à Maniche “.
C’est avec des étoiles plein les yeux qu’elle nous raconte sa première participation à un show de moto un 29 mars à Maniche.” Bizarrement, je n’avais pas peur, lors de ma première cascade, j’étais très excitée, j’ai simplement demandé à celui qui effectuait la figure avec moi le pourcentage de chance que j’ai de tomber.”
“Depuis cette première fois, je suppliais les membres de participer à des ballades à moto et petit à petit, j’ai fini par intégrer les “Chill Riders” une bande de motards basée dans le sud du pays ” nous a t’elle fait savoir.
La jeune femme, depuis ses débuts, a déjà pris part à de nombreuses courses et shows de moto dans la ville des Cayes ainsi que dans d’autres villes du pays. Cette année, elle était du côté de Jacmel qui accueillait les meilleurs motards du pays à l’occasion du Ralye Dom Water; les différentes équipes dont elle fait partie avaient été récompensées.
Un milieu difficile
La Rideuse nous explique que s’il est vrai que les randonnées permettent aux Riders de profiter de la beauté du pays et de visiter de nombreuses villes, le monde de la moto n’est pas un milieu facile, et que son intégration ne l’a pas été aussi puisqu’au commencement personne ne voulait lui apprendre à exécuter les figures. Jackson Jean Pierre a été selon elle le premier a la coacher sur la plage de Gelée malgré la réticence des autres, mais plus tard, ils ont tous décidé de l’aider en voyant son potentiel.
Le milieu de la moto est majoritairement masculin et dans l’imaginaire haïtien seuls les hommes sont capables de faire de la moto ainsi que des cascades en raison de leur dangerosité. S’il est vrai qu’il y a des risques d’accident lors des courses et shows de moto, JC estime que ces risques restent les mêmes pour les hommes que pour les femmes.
“Parfois, il arrive que des riders se perdent puisque le plus souvent, les courses se font dans des zones reculées où les routes sont vraiment difficiles et peu fréquentées” nous confie t’elle.
Certains membres de son entourage ne comprennent pas pourquoi elle s’intéresse à ce milieu sans savoir qu’étant toute petite, elle s’imaginait conduire une moto Ninja appartenant à son père.
Sa mère serait l’une des personnes les plus réticentes à la voir au guidon d’une moto effectuant des cascades en raison des risques que comporte cette activité. Pour la rassurer la rideuse affirme avoir une technique simple en la rappelant que son père lui aussi est Rideur.
JC affirme que ce n’est pas toujours facile de prendre part aux courses et shows en raison de ses activités professionnelles puisque jusqu’à présent la moto reste pour elle une passion qui rapporte très rarement sur le plan économique.
Les aspirations et motivations
La jeune femme de 26 ans ne cache pas son envie de voir un peu plus de femme dans le milieu de la moto et pas pour faire “jolies” derrière les hommes qui conduisent, mais plutôt au guidon pour effectuer les mêmes cascades que ces derniers. De ce fait, elle demande constamment à ses compagnons Rider d’intégrer d’autres femmes dans leur groupe.
“Je connais très peu de femmes Rider, actuellement, nous sommes deux dans la bande ” avoue JC.
Souvent encouragée par les membres de différents groupes de motards dans le sud comme Chill Riders, Family Riders et Weya, la rideuse dit continuer à travailler pour devenir meilleure alors qu’elle maîtrise déjà les motos 400, 660. 700 cc pour devenir une figure reconnue aux côtés des hommes dans le domaine des cascades de moto en Haïti et participer aux différents show et courses nationaux et internationaux.
Ce n’est pas la quête d’argent qui motive la jeune Rideuse selon ses déclarations.
“Ce qui me motive et me procure le plus de satisfaction, c’est d’enlever mon casque après la réalisation d’une figure ou d’une cascade avec ma moto et de voir l’étonnement du public de s’apercevoir que je suis une Femme.” Nous avoue la rideuse, sourire aux lèvres.
Jc nous donne rendez-vous le 19,20 et 21 août 2022 pour le Rally International du sud dans lequel les meilleurs riders du pays prendront part.
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