Port-au-Prince, le 22 février 2019._
Les funérailles des deux militants tués par balles lors de la manifestation du 13 février dernier ont été chantées ce vendredi à l’Eglise St Michel de Corridor Bastia, en présence de plusieurs dizaines de militants, de proches et de politiciens. La cérémonie s’est transformée en manifestation par suite, qui a été dissoute par la police devant le Palais National.
9h du matin, les cadavres sont transportés à l’église St Michel. Quelques proches des victimes sont déjà sur place pour rendre un dernier hommage à ces deux jeunes. Pleurs, cris de répugnance, propos malsains envers le gouvernement Moïse-Céant résonnaient à l’enceinte de la paroisse, tandis l’odeur puante de l’un des cadavres propageait à chaque fois qu’une personne ouvre le cercueil.
Peterson Noël, 30 ans, a été tué à Poste Marchand d’une balle à la tête alors qu’il revenait de la manifestation. Du sang sortait encore de sa tête pendant l’exposition funèbre. Ses proches n’arrivent pas à donner des explications concernant ce meurtre. «C’est une injustice, il avait toute sa vie devant lui. Ce gouvernement criminel lui a volé son rêve », raconte son oncle.
Rony Gédéus, 27 ans, a été abattu aux alentours du Champ de Mars le même jour, après une dispersion brutale des agents de la Police Nationale d’Haïti. Les manifestants accusent les agents du CIMO qui auraient commis l’acte. Les images du cadavre de Rony, enveloppé par le bicolore haïtien, ont fait la une sur les réseaux sociaux la semaine dernière.
Plusieurs personnalités politiques comme Me André Michel, Schiller Louidor ont fait acte de présence dans ces obsèques et incitaient les participants à maintenir la pression sur Jovenel Moïse et ses acolytes jusqu’à la victoire finale.
Le père Vildres Olibert de la paroisse St Michel de Sans Fil a prononcé un discours adapté à la situation, en invitant les militants à continuer à exiger des explications sur les dépenses des fonds Pétrocaribe. « Ces décès doivent servir de l’huile dans le moteur de la mobilisation. Les autorités doivent donner des comptes sur la gestion de ces fonds et sur la gestion du pays en général », lance le curé sur les applaudissements de la foule.
Après la cérémonie funèbre, les participants ont trimballé le cercueil de Rony Gédéus dans plusieurs rues du Centre-Ville pour atterrir devant le Palais National. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule.
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