Le long de la frontière Haitiano-Dominicaine des femmes et des filles handicapées connaissent leur lot de calvaire au quotidien dans une quête de survie ou de bien-être souvent incertain. Elles sont souvent la cible des violeurs, des sexistes, des tueurs et autres. Cette situation inquiète les responsables de l’organisation Filles à Besoins Spéciaux pour la Réforme (FIBESR) qui proposent un projet pouvant les aider à améliorer progressivement leurs conditions de vie.
Avec le soutien financier de l’Ambassade de France en Haïti et l’appui technique d’ACTED, FIBESR implémente le projet baptisé « Favoriser la construction de la paix et réduire la violence basée sur le genre pour les filles et les femmes handicapées dans le milieu transfrontalier ». Se tenant sur une période de quinze (15) mois, allant d’octobre 2021 à décembre 2022, ce projet retenu dans le cadre du programme Piscca, vise entre autres à garantir les droits des femmes en situation de handicap dans le département du Nord-Est. Des villes comme Ouanaminthe, Ferrier et Fort-Liberté seront touchées par cette initiative.
En effet, nombreuses sont les femmes qui traversent la frontière Haitiano-Dominicaine à la recherche d’un mieux-être. Commerce, étude, travail sont leurs principaux mobiles. La traversée n’est pas sans risques. Elles sont souvent victimes de violence basée sur le genre (VBG). La situation devient plus compliquée pour les femmes et les filles handicapées. Outre cela, les actions posées dans ces régions en matière de violence basée sur le genre ne prennent pas en compte les personnes en situation de handicap. Désespérées, ces femmes et ces filles vulnérables vivent dans le manque. Leur quotidien est la caricature d’un tableau sombre.
Un projet à plusieurs axes d’interventions
Dans une entrevue (exclusive) accordée à la rédaction de Mag Haïti ce week-end, la présidente de FIBESR, Remise Alexis a révélé les grands axes de ce projet. « Nous organisons des groupes de parole avec les femmes pour leur permettre de s’exprimer librement et de leur offrir diverses formations. Nous avons les tables sectorielles, où nous réunissons plusieurs entités de la société pour discuter sur la problématique du handicap dans le milieu transfrontalier et pour proposer un guide stratégique. Également, à la fin du projet nous allons faire des plaidoyers dans la presse, dans les médias et sur les réseaux sociaux afin de sensibiliser plus de personnes possibles » a précisé madame Alexis, non-voyante, pour sa part.
En effet, sept (7) groupes de parole sur 10 sont déjà organisés et une table sectorielle sur 5 dans la ville de Ouanaminthe. Les bénéficiaires sont une quinzaine de filles et femmes handicapées qui reçoivent des formations sur les droits humains, l’estime de soi, les activités génératrices de revenus. À en croire la responsable, après les formations, l’organisation continuera d’accompagner ces femmes dans la recherche de financement pour leur commerce. Une manière de leur permettre d’être autonomes financièrement et de devenir des femmes leaders dans leur communauté.
Le projet regroupe des personnes avec divers handicaps (moteurs/sensoriels). Elles accueillent l’initiative avec bras ouverts, « telle une délivrance », car elles étaient abandonnées, livrées à elles-mêmes suivant leurs témoignages. « J’avais honte de marcher dans la rue à cause de mon handicap. Avec les formations que j’ai suivies, j’apprends à m’aimer et à m’accepter comme je suis. Désormais, je connais mon droit aussi » témoigne un jeune, malvoyante.
Des causeries virtuelles autour du handicap et de la violence basée sur le genre
Fondée en 2007, l’organisation Filles à Besoins Spéciaux pour la Réforme (FIBESR) maintient des causeries virtuelles à la fin de chaque mois. Ces séries d’interventions permettent d’outiller davantage les filles et les femmes handicapées sur la violence basée sur le genre et sensibiliser la population sur cette question de société. Elles sont organisées de concert avec FOKAL, Pye Poudre, Association Quatre Chemins…
Il est judicieux de rappeler que FIBESR est l’unique structure locale de femmes handicapées disposant d’un espace d’hébergement qui accueille des femmes handicapées en difficulté, pour poursuivre leurs activités socio-économiques depuis bientôt quinze ans. En effet, FIBESR vise à parvenir à un monde inclusif dans lequel ces femmes soient accomplies et puissent jouir pleinement de leurs droits.
Michaël FORMILUS
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