La gagnante de la première édition du concours « Mes idées en 180 secondes » organisé par le Foyer
de Justice et du Droit (FJD), Stéphanie Saint-Surin, lance son émission baptisée : Boukantay. Co-présenté par son collègue Salomon Romain, il s’agit d’un dispositif socio-éducatif qui traite des
questions de société tout en renversant les tabous.
Alors que le monde est frappé à pleine allure par le coronavirus, de nombreuses initiatives
empruntant le virtuel voient le jour. Entre grain de sensibilisation dans la lutte contre la Covid-19
et le divertissement, elles assurent l’animation sur la toile d’araignée mondiale. La juriste de
formation Stéphanie Saint-Surin, quant-à-elle, s’en prend à une crise de citoyenneté, l’une des
causes majeures de notre incapacité à répondre efficacement à la maladie.
« Se bon sitwayen ki fè bon dirijan » clame-t-elle, tout en dénonçant le laxisme de nos dirigeants
qui n’avaient jamais pris des dispositions nécessaires pour doter le pays d’infrastructures sanitaires
adéquates.
Lancée sur les réseaux sociaux il y a deux semaines, l’émission Boukantay se veut, un espace de
diffusion d’information sur le droit, la musique, l’économie, la santé etc. L’idée est d’apporter une
part de contribution dans le redressement de la barre des valeurs qui s’effritent à longueur de
journées en Haïti. « Il n’y a plus de moralité, la corruption devient la norme, les bonnes mœurs
disparaissent, la politique devient l’affaire des « dasoman », aucune structure au niveau de
l’éducation etc. » constate l’ancienne étudiante de l’Ecole Normale Supérieure (ENS).
« On est face à une crise d’identité de grande envergure. Le citoyen Haïtien ne manifeste
presqu’aucun amour pour sa patrie. Il ignore ses droits et ses devoirs. Il ne se voit pas en Haïti.
D’où le manque d’engagement de sa part et le refus de participer à la construction d’un avenir
meilleur pour son pays » s’indigne Stéphanie.
Concrétisé en pleine pandémie, ce projet est loin d’être un coup d’émotion. La jeune femme pleine
d’ambitions nous explique : « Mon collègue Salomon et moi, nourrissons ce projet depuis 2019.
Mais il ne pouvait pas atterrir faute de financement. Car on devait assurer nous-mêmes, les coûts
de production. Cette année, le rêve est devenu réalité grâce à la rencontre avec Kimberly Coquillon
(vidéaste) ».
Il est évident que le format même de ce dispositif d’échange, comme son nom l’indique, pose un problème d’épuisement véritable des sujets. Avec moins de 15 minutes d’interventions, l’invité
est contraint d’aller vers l’essentiel afin de permettre aux abonnés d’accéder au maximum
d’informations possibles en peu de temps.
Avec seulement deux épisodes, Stéphanie Saint-Surin se dit déjà satisfaite des réactions du public
qui semble avoir grandement besoin de ces savoirs transformateurs. Il est à espérer que la
maintenance de cette émission apporte un élan d’espoir dans la construction véritable d’une société
meilleure avec des citoyens de cœur.
Michaël FORMILUS
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