Port-au-Prince, le 8 janvier 2022._ Jeudi dernier, les journalistes John Wesley Amadi et Wilguens Saint-Louis ont été assassinés par des bandits à Laboule 12, une localité de la commune de Pétion-ville.
Selon William Vil, le seul journaliste qui a survécu à cette attaque sanglante, c’est le gang de Jean Mensatto Petit alias Toto Borlette qui a exécuté de sang-froid les deux victimes. Selon le survivant, les deux autres journalistes étaient en route pour faire un reportage avec le chef de gang Ti Makak, qui est en conflit armé avec le gang de Toto. Il a aussi affirmé qu’il avait l’intention d’accorder le droit de réponse aux soldats de Toto qui sont pointés du doigt dans l’assassinat de l’inspecteur de police Dan Jerry Toussaint.
William Vil raconte qu’il était en direct au téléphone avec les défunts au moment de l’exécution, et qu’il a pu sauver sa peau grâce à son niveau de spiritualité. Mais pour nous, c’est de l’épopée, il doit répondre aux questions de la justice sur les faits tout en expliquant pourquoi il essaie de défendre le criminel Ti Makak.
Nous de notre côté, notre position n’a pas changé, tolérance 0 pour les bandits et tous les secteurs qui les alimentent en arme et en munition. Ces deux journalistes seraient toujours en vie s’ils n’avaient pas choisi de se rendre dans ce milieu, le fief du gang de Toto. Nous sommes d’accord que le journaliste peut enquêter sur des dossiers et questionner n’importe quel personnage, mais cela doit se faire avec méthodologie. On ne se rend pas dans une zone de non-droit sans planifier, sans un contact sur le terrain, sans l’accord du gang, sans l’accord de la direction du média (si elle existe vraiment). À la moindre erreur, les bandits peuvent vous prendre pour un espion et exercer le droit de vie ou de mort sur vous.
Depuis le mois de décembre, le Groupe Média MAGHAITI a entamé une campagne de sensibilisation pour essayer de freiner la popularité des bandits sur les réseaux sociaux et montrer aux gens comment porter plainte pour ces terroristes. Malheureusement, une bonne partie des internautes manifestent leur sympathie avec la cause de ces hors-la-loi.
D’autres se transformant en avocat et nous accusent de ne pas dénoncer leurs fournisseurs. Mais au contraire, nous autres, nous sommes des démocrates, mais avant tout, nous respectons un ensemble de valeurs morales qui nous empêchent de participer à la corruption.
Ce n’est pas la première fois que nous exigeons de la Police Nationale d’Haïti et de la justice l’ouverture une enquête sur Jean Mensatto Petit alias Toto Borlette, qui est accusé de former un réseau de gang dans la commune de Pétion Ville. Sur cet élan, nous exigeons aussi une enquête sur le politicien Assad Volcy, que le chef de gang de G9 a accusé de lui avoir vendu 2 armes de guerre qui appartenait à la PNH. Certes, nous ne pouvons pas nous fier aux propos d’un bandit, mais seule une enquête peut trancher.
Après l’assassinat de ces deux journalistes, il est tout à fait clair que les médias (traditionnels et en ligne) doivent prendre conscience qu’il n’est pas nécessaire de risquer la vie des journalistes à la recherche de sensation. Non seulement c’est une mauvaise pratique qui ne respecte pas la déontologie du métier, mais aussi, ces médias participent à la culture de la violence. Aujourd’hui, tuer, kidnapper, violer sont normalisés.
Les journalistes de terrain doivent comprendre aussi, que malgré le salaire tuberculeux qu’ils reçoivent au dépens de tous les risques inutiles, leurs vies comptent!
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