Port-au-Prince, le 22 mars 2021._ Si l’incompétence de l’ancien Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti (PNH) Normil Rameau paraissait évidente, personne ne se doutait qu’il serait remplacé par un autre incapable. Alors que le gouvernement de facto nous présentait Léon Charles comme un franc technicien qui allait résoudre les problèmes structurels de la PNH, ce n’était que le coup final qui a mis l’institution policière à genoux.
Durant ces neuf (9) dernières années, la Police Nationale d’Haïti a fait objet de nombreuses flèches de la part du régime PHTK, qui l’ont conduit aujourd’hui à ce niveau de détresse maximal. Sans prendre en compte les attaques directes de l’exécutif envers l’ex DG Michael Gédéon, les actes de boycottage, les mauvais traitements infligés quotidiennement aux policiers, les abus de pouvoir et les retards répétitifs de paiement, sont entre autres les éléments qui ont conduit à l’effondrement de la seule institution qui fonctionnait avec une lueur de normalité sur le mandat de Jovenel Moise.
Mais la vraie crise a débuté avec les manifestations des policiers dans les rues pour réclamer la légalisation d’un syndicat au sein de la PNH. Ils ont bouleversé les rues de la capitale durant des mois pour obtenir gain de cause. Malheureusement, le dimanche 23 février 2020, un conflit armé entre les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) pro-syndicats et les soldats de la nouvelle force armée d’Haïti au champs-de-mars, ont fait causé quatre (4) blessés (policiers) dont trois (3) par balles et un policier tué, et deux (2) militaires également blessés par balles et un soldat tué.
Ces mouvements de rues ont aussi provoqué la création d’une force violente et incontrôlable, connue sur le nom de « Fantôme 509 ». Elle serait composée de policiers frustrés qui ont décidé de se servir de leurs armes de service contre leurs supérieurs et le gouvernement.
Pour faire face aux nombreuses critiques contre l’ancien DG Normil Rameau et le kidnapping, le gouvernement de facto a fait appel à Léon Charles, qui était lui aussi un ex DG de la Police nationale d’Haïti pendant 16 mois, après la chute du président Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004. Il était contraint de remettre sa démission le 30 septembre 2004 à cause de son incompétence face à l’opération Bagdad.
Depuis l’entrée en jeu de Léon Charles, la PNH n’a jamais été aussi vulnérable. Des centaines de cas de kidnapping ont été enregistrés, des policiers sont enlevés et humiliés en public, les gangs armées contrôlent chaque mètre carré du pays et déjouent les opérations pompières de la PNH.
Après l’assaut de la Police Nationale d’Haïti à Village de Dieu le 12 mars dernier, qui a conduit au décès de 5 policiers et à la saisie d’armes de guerre et d’un char blindé par les bandits, l’institution est en chute libre. Aucun Haut-Gradé n’a pas remis sa démission suite à ce scandale, au contraire, les dirigeants jettent leur dévolue sur l’inspecteur général Carl Henry Boucher qu’ils accusent d’être le principal coupable de cet échec. Mais dans ce genre de cas, la responsabilité est collective. C’est toute la chaîne de commandement qui devrait être sanctionnée.
Après le scénario de la récupération honteuse du blindé la semaine dernière, qui a causé la colère des internautes, dans une note publiée sur les réseaux sociaux, la police dit “confirmer la mort par balles du policier Jean Daniel Michel qui participait au pillage de Universal Motors, par un groupe de vandales se réclamant de « Fantom 509 » qui y ont dérobé voitures et motocyclettes”.
La PNH va plus loin pour expliquer que “la riposte des gangs de Simon Pelé volant au secours de l’entreprise a fait environ 3 morts dont le chef de gang de Pelé Israël touché mortellement au cou. La police enquête sur la mort probable d’autres policiers qui ont participé à ce pillage”.
En d’autres termes, Léon Charles confirme que l’institution policière est infestée de criminels et que face à l’incapacité des policiers a ramené l’ordre dans la République, les compagnies font appel aux bandits pour les sécuriser. En effet, c’est le coup final porté à l’institution.
Ce 23 mars, il avait encore affrontement entre les policiers de Fantom 509 et ceux qui étaient en service, faisant un mort et un blessé.
Cette guerre interne au sein de la Police Nationale d’Haïti (PNH) causera notre perte! Il est encore temps d’éviter cette guerre civile.
© Tous droits réservés – Groupe Média MAGHAITI 2020