Port-au-Prince, le 31 mai 2021.- Les acteurs politiques n’ont pas pu trouver un accord pour le bon fonctionnement du pays avant la date butoir du 7 février 2021, qui représente la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moise. Depuis cet échec, les marges de manœuvres du gouvernement de facto se sont élargies. Puisqu’aucune institution de contrôle n’est fonctionnelle, la Police Nationale d’Haïti étant affaiblie par la politique, le pays a donc cessé de fonctionner depuis trois mois.
Depuis quelques jours déjà, la pandémie du coronavirus étend ses tentacules sur tout le territoire national. Le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) tente de divulguer chaque jour les statistiques de la Covid-19 sur les réseaux sociaux, mais nous savons tous que ces chiffres représentent une infime partie de la réalité. Rappelons qu’en 2020, ce gouvernement corrompu jusqu’à l’os avait reçu plus de 100 millions de dollars pour contenir la maladie pendant qu’il était encore temps. Résultat, aujourd’hui nous sommes plus vulnérables que l’an dernier sur le plan sanitaire.
Parallèlement, la nation subie de plein fouet l’insécurité et le kidnapping plus précisément. Des documents parlent de 70 000 haïtiens qui se sont sauvés en République voisine durant ces 6 derniers mois. Des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés puisque nous n’avons aucun contrôle sur les portes qui mènent chez le voisin. Tous ceux qui n’ont pas de visa pour les États-Unis ou pour d’autres grands pays n’ont d’autre choix que de traverser en République Dominicaine en attendant la fin de la tempête.
Entre-temps, le régime PHTK ne parle que du référendum qui doit aboutir au changement de la constitution, alors que Jovenel Moise avait juré de la respecter et de la faire respecter. D’autant plus que cette même Constitution de 1987 interdit formellement toute forme de vote populaire pour changer la loi mère de la nation. Le 27 juin 2021 est une autre date fatidique pour les Haïtiens, une autre date qui annonce le chaos, puisque les acteurs politiques ne sont pas prêts à trouver un nouvel accord pour une sortie de crise.
Sur son compte Facebook, le nouveau caïd de Port-au-Prince, le chef de la fédération des gangs “G9 an fanmi e Alye” Jimmy Chérisier alias Barbecue, avait annoncé que le peuple a le choix entre l’organisation du référendum ou une guerre civile. Or ce criminel est accusé par les organisations de défense des droits humains d’être à la solde du Palais national. Les gangs qui contrôlent chaque parcelle du territoire se préparent sans doute pour un nouveau massacre.
D’un autre côté, les membres de l’opposition n’entendent pas négocier et se préparent à boycotter la journée de référendum par la violence. Partout sur la toile, nous remarquons des messages d’incitation à la violence, des images de machettes et d’armes à feu. La machine de guerre est en marche et aucun secteur n’affiche la volonté de l’arrêter; à part Clarens Renois qui voulait une entente nationale, mais l’ex journaliste est bien trop faible sur la balance politique pour réussir sa mission.
Cette classe politique a échoué, il nous faut de nouvelles initiatives, de nouveaux leaders. La jeunesse haïtienne doit prendre part à la vie politique du pays. Entre-temps, il nous reste moins d’un mois pour éviter un nouveau massacre et nous débarrasser une fois pour toute de ces incompétents.