Port-au-Prince, le 3 octobre 2021._ Selon Le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits Humains (CARDH), au moins 11 personnes, dont Loubens, fils de l’inspecteur divisionnaire de la PNH, ont été tuées au cours de ce massacre. “On dénombre trois morts sur le coup au moment de l’attaque, deux blessés exécutés par la suite, quatre autres emportés par la police et retrouvés morts au carrefour Samida, à l’avenue Pouplard (Carrefour Miragôane), à la ruelle Berne et à la ruelle Jérémie; trois autres le lendemain“, a écrit le CARDH
« Asalas (Bernard), Mister Ben (Loubens), Jeff promo, tués et emportés par la police, un inconnu, quatre à la ruelle Jérémie, à la ruelle Berne, au carrefour Samida et à l’avenue Pouplard, trois autres le lendemain », pouvons nous lire dans le rapport. Pour Haïti, c’est la plus grande bavure policière du siècle; un massacre qui pouvait être évité si les policiers haïtiens respectaient les règles et la déontologie de l’institution policière.
Tandis que l’inspectrice divisionnaire Marie Michelle Verrier, en conférence de presse le 22 septembre, a démenti les chiffres diffusés par les médias locaux qui faisaient état de plus d’une dizaine de jeunes exécutés sans raison valable. Elle a toutefois affirmé qu’une patrouille de la police a répondu à l’appel d’un résident de la ruelle Nord Alexis (Ravine Pentade). Ce dernier aurait informé la police de la présence d’un groupe d’hommes armés qui circulait dans la zone.
“Une fois arrivée sur les lieux, la police y a découvert des hommes armés, leur a tiré dessus et un juge de paix a fait le constat”, a balancé cette dame qui parle au nom de la seule institution plus ou moins fonctionnelle actuellement. “La patrouille a entendu de fortes détonations, et était obligée d’appeler d’autres policiers en renfort”.
Comment peut-on être aussi inhumain, apathique et incompétent en même? Dans tout État de Droit qui se respecte, cette porte-parole rendrait automatiquement sa démission pour cette faute grave, et les parents des victimes poursuivraient en justice les coupables… Mais nous vivons en Haïti, où un responsable comme Léon Charles peut encore prétendre avoir le contrôle de la situation dans un tel chaos.
Que s’est-il vraiment passé à Ravine Pentade cette nuit-là?
Dans la nuit du mardi 21 septembre, des membres du groupe rap « New Wave » ainsi que quelques fans tournaient une vidéoclip avec de fausses armes à feu à la ruelle Nord Alexis, communément appelé Ravine Pentade. Alertée par un citoyen de la zone, qui apparemment n’avait pas compris la situation, une patrouille de la PNH s’est rendue sur place et les policiers ont instinctivement tiré sur la foule sans poser la moindre question. Ils ont emporté les cadavres et les blessés pour ensuite les exécuter un peu plus loin.
C’est un massacre. Il n’y a pas d’autres termes pour qualifier une telle bavure. Bien que la presse locale et les forces politiques veuillent minimiser ce dossier, ce massacre peut être catégorisé comme celui de Carrefour Feuilles, perpétré par le gang de Savane-Pistache, le 24 avril 2019. Ravine Pentade n’a jamais eu de précédent de violence ou de gangstérisation, il fallait analyser et réfléchir avant de réagir si cruellement.
Les proches des victimes vont comme d’habitude manifester et demander justice pendant quelques jours, les forces de l’ordre vont répondre à coup de gaz lacrymogène et de balles réelles, il y aura d’autres victimes… Et à la fin, à chaque anniversaire du massacre, il y aura des hommages et la vie continuera son chemin. C’est le cercle de l’impunité.
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