Port-au-Prince, le 27 novembre 2021._ Le Premier ministre de facto a finalement présenté son cabinet ministériel dans le cadre de l’accord politique du 11 septembre. Il a procédé en sa résidence officielle, à l’installation de huit (8) nouveaux ministres, qui sont pour la plupart de tendance PHTK et proche de l’ancienne opposition. Ariel Henry joue au plus malin, il garde la plus grande part du gâteau, il est à la fois Premier ministre et ministre de la Culture et de la Communication et s’empare illégalement de l’autre branche de l’exécutif, en installant le maître à jouer de PHTK, Josué Pierre-Louis, comme secrétaire général du Palais national.
Jean Victor Généus, est le nouveau ministre des Affaires étrangères ; Ricard Pierre, l’ex sénateur du parti politique Pitit Desalin, est nommé ministre de la Planification et de la Coopération externe ; Berto Dorcé est nommé ministre de la Justice et de la Sécurité publique ; Nesmy Manigat revient à la tête du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle ; Alex Larsen redevient ministre de la Santé publique ; Rosemond Pradel, cadre de la Fusion des Sociaux Démocrates Haïtiens, est à la tête du ministère des Travaux publics, Transports et Communications ; Odney Pierre Ricot est le nouveau ministre des Affaires sociales et du Travail ; Raymonde Rival membre de Ansanm nou fò dirigé par Jean Tholbert Alexis est nommée ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique.
Aujourd’hui plus que jamais, le jeu des ex membres de l’opposition à Jovenel Moise se dessine, il n’a jamais été question de défendre les intérêts de la nation. Toutes les mobilisations de rue, la lutte contre la corruption, les mouvements Pays-Lock, les militants sacrifiés, la population prise en otage… Tout ceci faisait partie du calendrier macabre des politiciens. Comme disait l’ex sénateur tantôt, on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs.
Nous voyons maintenant Maitre André Michel et ses alliés du Secteur Démocratique et Populaire, des membres de la Fusion des Sociaux Démocrates et d’autres figures emblématique de l’aile dure de l’opposition, boire du thé et embrasser la cause de PHTK qu’ils ont passé près d’une décennie à dénoncer. Plus de lutte contre la corruption, plus de mouvements de rue pour réclamer le Tabula Rasa, plus d’attaques personnelles sur les réseaux sociaux. L’ancienne opposition politique a été domestiquée, tandis que la crise sociopolitique et l’insécurité s’aggravent.
Et pourtant, durant presque tout son mandat l’ex président Jovenel Moise ne cessait d’inviter ces mêmes politiciens à rejoindre son gouvernement pour apaiser la crise, offre qu’ils ont refusé catégoriquement à chaque fois. Mais après l’assassinat de Jovenel, tout le monde semble pardonner les atrocités de ses alliés. Qu’est-ce qui a bien pu changer à ce point pour s’embarquer comme des canards sauvages dans les barques du successeur de Jovenel Moise? Nous disons “successeur” parce qu’Ariel Henry a pris d’assaut le Palais National, avec la nomination du bras droit de Michel Martelly comme secrétaire général de cette institution. C’est un acte illégal, point barre. Ne soyez pas étonné si Ariel Henry s’autoproclame Président Provisoire dans un futur proche, tout est possible sur ce territoire.
Que l’on veuille ou non, Michel Martelly est de retour au pouvoir. Il a tout simplement neutralisé les Jovenelistes, qui ont blanchi l’ex Premier ministre Laurent Lamorthe de toutes ses fautes. Aujourd’hui, le Premier ministre Ariel Henry, suspecté dans l’assassinat de Jovenel est au-dessus de la loi, il est intouchable. Martelly, accusé d’être le parrain qui a livré son filleul, pose ses pions pour les prochaines élections.
En attendant, la population reste cachée dans un trou comme des rongeurs qui ont peur de sortir, par crainte d’être dévoré par des prédateurs, que cette même population peut tout renverser dans un clin d’œil. Nous ne méritons plus le titre de descendants de Dessalines.
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