Plus rien ne va sur la terre de Dessalines, cet héritage qui nous revient de droit. Aujourd’hui, la presse internationale n’utilise que les étiquettes de “République Vagabonde” et de “Pays le plus pauvre au monde” à chaque fois que les journalistes parlent d’Haïti. À chaque fois que l’on nous mentionne à l’extérieur, il n’est que question de corruption, d’insécurité et de division. Les médias s’accentuent sur le fait qu’en plein 21e siècle, on arrive aussi facilement à assassiner un Président en sa résidence, et que plus de six (6) mois après cet acte crapuleux la justice peine à se trancher.
Aujourd’hui, ce sont les gangs armés qui font la loi dans le pays. Sur tous les réseaux sociaux, nous pouvons voir combien Izo et son gang “5 secondes”, ainsi que Lanmò 100 jou de “400 Mawozo” jouent bien leur rôle de bourreau dans la société. Ils sont vénérés par des milliers de jeunes, qui aiment, commentent et partagent chacun de leur message. Le chef de gang Izo a même inauguré une piscine dans son fief et des jeunes filles de la diaspora ont fait le déplacement exprès pour y prendre part. D’autres filles et femmes qui ont immigré en République Dominicaine pour cause d’insécurité, tissent des liens avec des bandits de l’autre côté de la frontière pour subvenir à leur besoin. Cette décadence n’a pas de limites! La famille, les églises, les écoles ne jouent plus leur rôle de chien de garde.
Mais cette décadence n’est pas seulement le fruit de l’incompétence et la méchanceté du régime de PHTK durant les 10 dernières années… Cela remonte à plus de 30 ans, durant le règne des Duvalier. Cette violence a débuté durant les années de domination de Francois Duvalier qui a initié cette pratique de distribuer des armes de guerre à sa milice (Les Macoutes) pour terroriser la population. Les générations de 1950 à 1980 ont subi cette violence constante pendant longtemps pour ensuite se révolter le 14 février 1986, qui a abouti au départ forcé de Jean Claude Duvalier.
Les générations de 80 et de 90 quant à elles ont vécu la haine et les excès de zèle du régime de Lavalas, quand le prêtre Jean Bertrand Aristide incitait ses partisans à brûler vif les “Tontons Macoutes“. Cette méthode était baptisée “Pè Lebrun”, qui consistait à passer un caoutchouc dans le cou de son adversaire politique, versé de l’essence sur son corps et lui mettre le feu pendant qu’il est encore en vie. C’est l’une des méthodes de tortures les plus cruelles de l’histoire d’Haïti, mais à cette époque-là, il n’était pas encore question de défense des droits humains en Haïti. Et jusqu’à date l’ex président dictateur Aristide n’a pas encore répondu de ses actes.
Comment voulez-vous qu’un jeune de moins de 10 ans, qui habitait à Corridor Bastia (zone Bel-Air) ne soit pas perturbé par le lynchage d’un Macoute dénommé Gwo Toto? Le scénario s’est déroulé sous son regard, il a vu des gens du quartier brûler la victime et manger sa chair. À quelques mètres, il a regardé sa voisine exhiber le pénis de Gwo Toto pour ensuite le broyer avec ses dents. 20 ans après cette scène, ce jeune était devenu l’un des plus grands chefs de gang proche du régime de Lavalas à Cité Soleil, il s’appelle Amaral Duclona.
De 2000 à 2003, pour conserver le pouvoir et faire face à l’opposition, les proches de Lavalas ont distribué des centaines d’armes automatiques dans les quartiers populaires. Tout comme les hommes de main des Duvalier, les partisans zélés de Lavalas couramment appelés “Chimères” ont terrorisé la population à leur tour en toute impunité. La génération de 2000 ne pouvait pas à son tour rester insensible à son environnement. Quand un enfant de 8 ans revient de l’école et qu’il est obligé de traverser un cadavre qui traîne dans les rues depuis quatre jours… Au fil du temps tuer peut devenir un détail sans importance pour lui. Aujourd’hui, ce sont ses enfants devenus majeurs ou pas, qui intègrent les gangs et terrorisent la population à leur tour.
Le régime de PHTK de Michel Joseph Martelly en a profité pour suivre l’exemple de ses prédécesseurs, en distribuant des armes de guerre à ses proches pour prendre et conserver le pouvoir.
Malheureusement, il n’y a aucune volonté de rompre avec cette culture de violence, au contraire la situation s’empire avec l’approche d’une éventuelle élection. Notre société est en chute libre!
© Tous droits réservés – Groupe Média MAGHAITI 2021