La justice haïtienne a parcouru, comme un train à grande vitesse, dans le dossier opposant la compagnie d’électricité SOGENER avec l’État haïtien.En effet depuis le mois d’octobre, tout l’appareil d’État s’est mis à attaquer les responsables de cette compagnie accusée de corruption notamment de surfacturation. Environ 123 millions de dollars auraient été surfacturés au préjudice de l’État haïtien. Pour cette affaire, le judiciaire a accouché son ordonnance à temps et l’exequatur du Parquet executé sur minute avec empressement. Les centrales électriques gérées par la SOGENER ont été reprises par l’État. Comment comprendre cette Affaire dans la dimension des enjeux de l’heure?
Il est de bon ton que ceux qui volent, pillent et s’enrichissent au détriment de l’État paient les conséquences de leurs actes.De toute évidence, la corruption est la principale cause de la pauvreté du pays. Elle favorise les gains pour une catégorie tandis que la grande majorité croupit dans la misère. Un Président qui lance l’État dans cette entreprise devrait être choyée. Toutefois, ces derniers agissements de l’État contre la SOGENER sous la coupole de Jovenel Moïse nous font douter.
Les haïtiens ayant l’idée de créer des entreprises, au regard de ce qui arrive à la SOGENER, se doivent de se demander si le même sort ne leur arrivera pas. Quid de la sécurité des investissements? L’accord liant la SOGENER à l’État haïtien datant de 2005 n’avait pas, à coup sur, prévu une pareille forme pour la résiliation. Un véritable coup de force. Un cas illustrant la fameuse phrase : lorsqu’un Président veut, il peut. Jovenel Moïse a coupé le contrat. L’État a repris possession des centrales. La SOGENER est poursuivie en justice avec, dans ce bras de fer, forte chance que ses dirigeants atterissent en prison. Un cas typique d’instrumentalisation de l’appareil étatique.
Le Président Jovenel Moïse s’enfonce dans des attaques à visière levée contre une frange de la bourgeoisie haïtienne corrompue. Il s’en prend aux bourgeois contrôlant le secteur énergétique et annonce pour bientôt les hostilités à l’encontre de ceux qui contractent des prêts à l’ONA. Un bon combat. Il en demeure que celui qui nous entraine dans ce champ est lui même décrié. La justice haïtienne a autant à demander aux Vorbe qu’au citoyen Jovenel Moïse. Comme dit l’évangile, avant toute chose il a fallu au Président Moïse denlever le poutre de ses yeux avant de voir la paille dans l’oeil d’autrui.
Cette affaire opposant l’État haïtien à la SOGENER mérite d’être élucidée avec la tête froide et une justice indépendante. Cette dernière se trouve être un bon prétexte pour rompre avec les mauvaises pratiques.
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