Port-au-Prince, le 7 juillet 2021. Ce matin, la nation haïtienne et le reste du monde se sont réveillés sous le choc, avec la nouvelle de l’assassinat du Président de facto Jovenel Moise dans sa résidence privée à Pèlerin 5, commune de Pétion-Ville, par un commando étranger selon le Premier Ministre sortant. La Première Dame Martine Moise est sortie blessée et reçoit des soins que nécessite son cas.
Dans les rues, la population restait perplexe dans un premier temps, sachant que le pouvoir en place est un maître à jouer dans la diversion. Dans le milieu médiatique, les travailleurs de la presse aussi étaient perplexes puisque la note de la Primature qui circulaient sur les réseaux sociaux, ne semblaient pas authentique et ne se trouvait sur aucune page officielle du gouvernement. Ce n’est qu’après l’intervention du Premier Ministre sortant Claude Joseph que le pays a fini par croire à cette triste réalité.
Les faits, un groupe de terroristes est rentré dans la résidence de Jovenel Moise et a assassiné l’homme le mieux protégé d’Haïti et blessé sa femme par la même occasion. Le fil des évènements reste flou. Les autorités ne donnent aucun détail pour l’instant sur le scénario. Combien de policiers haïtiens sont victimes ? Combien de terroristes que les agents de l’USGPN ont-ils stoppé ? Comme Claude Joseph a précisé dans la note qu’ils parlaient espagnol, par quelle voie ces assaillants sont entrés au pays ?
Bien que le Groupe Media MAGHAITI a toujours été très critique vis-à-vis de la gestion désastreuse de Jovenel Moise, qui a conduit le pays dans le chaos durant les quatre (4) dernières années, nous ne pourrons appuyer l’assassinat d’un président en fonction, ni la violence. C’est une attaque directe à la plus grande institution du pays, qui est la Présidence, la seule institution haïtienne qui était encore fonctionnelle. C’est une attaque contre la démocratie, contre le peuple haïtien qui vient d’être humilié sur la scène internationale. Notre fierté de peuple a été souillée, la population est sous le choc, elle est en deuil.
Si dans le temps nous avons dénoncé le massacre de Saline, celui de Carrefour Feuilles, ceux de Bel-Air et plus récemment la tuerie de Delmas 32, il est dans notre devoir de dénoncer cet acte crapuleux commis sur Jovenel Moise et sa femme. Nous réclamons justice pour l’ex président et tous les autres victimes de cette attaque terroriste. Personne ne devrait être abattu comme un animal sauvage, quel que soit son rang ou son idéologie politique.
Jovenel avait des ennemis, il avait des opposants politiques. Mal entouré par des conseillers qui pensent avoir le monopole du savoir, l’ex-président avançait, pas à pas dans la mauvaise direction. Des attaques contre le secteur privé, son obsession pour changer la constitution par voie référendaire, sa mauvaise gestion de l’administration publique à tous les niveaux, ont fait de lui le Chef d’État Haïtien le plus impopulaire. Mais il est mort en martyr !
Le Docteur en sciences politiques, Frédéric Thomas, qui est chargé d’étude au Centre Tricontinental (CETRI), basé à Louvain-la-Neuve, en Belgique, qualifie cette tragédie comme l’effondrement des institutions politiques en Haïti, qui se traduit essentiellement par le règne de l’impunité, à la fois face aux actes de corruption, pourtant documentés et dénoncés, et face aux violations des droits humains et aux massacres. Il conseille aux haïtiens de prendre leur distance par rapport au type de formulation de la note de la primature qui pointe du doigt indirectement nos voisins.
Le docteur Frédéric Thomas a raison, c’est la dernière institution étatique qui vient de s’effondrer. Aujourd’hui le pays est à la merci des gangs armés qui contrôlent chaque parcelle de terre du territoire et sous la menace de ces commandos dont on ignore leur provenance. Nous sommes la nouvelle Somalie de l’Amérique, la démocratie est en danger en Haïti !
Dans la tourmente, nous souhaitons nos sincères condoléances à la famille et aux proches de Jovenel Moise, bon rétablissement à sa femme Martine Moïse. Et que ce qu’il en reste de la justice haïtienne, soit mis en branle pour identifier et punir les coupables.
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