Port-au-Prince, le 3 juillet 2021._ Au cours de la journée du mardi 29 juin 2021 à Delmas 32, le porte-parole du Syndicat de la Police nationale d’Haïti (SPNH-17), Guerby Geffrard a recu plusieurs projectiles de bandits armés circulant à motocyclette. Il a rendu l’âme à l’hôpital. L’ex policier avait été accusé par le haut état major de la PNH comme étant membre du groupe terroriste Fantom 509.
Dans la même soirée du 29 mars, des terroristes circulant à motocyclette ont fait irruption à la rue Dessalines à Delmas 32 et ont tué plus d’une quinzaine de civils qui vaquaient paisiblement à leurs activités nocturnes. Les images sont terribles! Dans une vidéo amateur, nous pouvons remarquer l’une des victimes qui s’identifie comme le frère de la chanteuse Rutshelle Guillaume et qui supplie ses voisins de l’aider. Chauffeur de motocyclette, il essayait de bouger sans succès, à côté de son passager en T-shirt blanc qui gisait dans son sang.
Un autre jeune homme, qui essayait de fuir les assaillants a été abattu sous l’escalier d’un immeuble où il prenait refuge. D’autres cadavres étaient éparpillés un peu partout sur les trottoirs. C’est un scène de désolation, comme si dans un accès de colère, l’ange de la mort passait dans la zone de Delmas 32 et fauchait tout ce qu’il trouve. Du sang et des larmes étaient visibles un peu partout.
Le Groupe Média MAGHAITI qualifie ce drame “d’attentat terroriste” qui est encore pire que celui du gang de Tije à Carrefour Feuilles, le 24 avril 2019, qui avait occasionné huit ( 8 ) morts. Si d’autres médias ou d’autres structures de la société civile ont peur d’utiliser le concept “attaque terroriste”, nous, nous l’assumons.
Parallèlement, dans la même soirée du 29 juin, l’ex journaliste de Radio Télé Pacifique et militante Antoinette Duclaire et le journaliste Diego Charles ainsi qu’un autre individu qui se trouvait tout près de la voiture des deux premiers ont été exécutés à la rue Acacia a Christ-Roi (Port-au-Prince), non-loin du massacre de Delmas 32.
Le juge de paix James Saint Jean qui a fait le constat légal à Christ-Roi, a affirmé que Antoinette a été tuée par quatre (4) projectiles sur le volant de sa voiture et le journaliste Diego en a reçu trois (3) tout près du véhicule à plat ventre. Mais selon le rapport du Réseau national de Défense des droits Humains (RNDDH), la militante a recu sept (7) balles. Elle se trouvait au volant de sa voiture, devant la barrière de la maison de Diego CHARLES, qui lui en a reçu deux (2).
Il est clair que cette exécution n’a aucun rapport avec la tragédie de Delmas 32. Un commando était déployé pour tuer Antoinette et Diego, ou peut-être seulement Antoinette puisque les assassins ont tiré sept (7) fois pour s’assurer qu’elle soit vraiment morte. Mais pourquoi le juge de paix James Saint Jean a t-il menti? Qu’essaie t-il de cacher?
Moins de 24 heures après ces deux événements, le Directeur Général a.i de la Police Nationale d’Haïti, Léon Charles, est monté au créneau pour dénoncer les alliés de l’ex porte-parole du SPNH-17 décédé, en l’occurrence les membres du syndicat et ceux de Fantom 509, comme responsable de ce carnage. A la fin du discours, il a annoncé l’ouverture d’une enquête afin de faire lumière sur ce drame. En gros, sans les résultats de cette enquête, Leon Charles n’a fait que spéculer avec ses accusations et entrave les marges de manoeuvres de la justice haïtienne, déjà aveuglée par la corruption et l’incompétence.
Quelques heures après les déclarations irresponsables du DG de la PNH, comme par coincidence, Jimmy Barbecue Chérisier va dans le même sens en pointant du doigt les partisans de l’ex policier Guerby Geffrard qui se sont vengés sur la population de Delmas 32. Ce même Barbecue, criminel notoire, chef de fil du groupe terroriste G9, suspecté depuis toujours d’être au solde du régime en place, décide d’organiser une manifestation avec ses bandes armées pour crier “Aba Jovenel” et “Viv Dechoukay”. Quelle plaisanterie de mauvais goût!
Aujourd’hui Léon Charles demande aux organismes de défense de droits humains d’éviter de spéculer ou de diffuser des informations qui pourraient entraver le bon déroulement de l’enquête. Mais le Directeur Général de la PNH est le premier responsable qui a spéculé en lançant des accusations sans preuve, sans même attendre les résultats de l’enquête.
Cet énième massacre est comploté, comme les précédents. L’État haïtien a sa part de responsabilité, les dirigeants ont du sang sur leurs mains et ils essaient de brouiller les pistes (comme d’habitude). C’est un autre massacre d’État.
Nous réclamons justice pour les innocents de Delmas 32 ! Justice pour Antoinette Duclaire et Diego Charles!
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