Sensible à la nature qui lui apporte un sentiment de plénitude, Milsent Joseph se sent inspiré à chaque fois que ses yeux découvrent la symphonie des fleurs porteuses d’amour, les variétés d’oiseaux qui embellissent le ciel, et sans oublier le soleil, et les constellations au crépuscule. Âgé de 26 ans, le poète fait de sa défunte mère sa muse. Évidemment, les difficultés de la vie sont aussi une source d’inspiration intarissable.
Son premier recueil de poésie : Baiser soufflé et candeur rivartibonitienne, publié chez Rasin Editions est un opuscule dont les deux grands thèmes centraux renvoient à l’amour et au patriotisme. On y retrouve également des textes sous-jacents qui expriment : mélancolie, tristesse, nostalgie, mettant à nu ses sentiments les plus profonds.
De 2016 à 2021, Milsent Emmanuel Joseph a été simultanément étudiant en Droit à l’école de Droit des Gonaïves et à l’UNITECH en sciences de l’éducation; d’où il vient d’être licencié suite à sa soutenance de mémoire le 21 juin dernier. Pour couronner le tout, le normalien a également reçu une formation en journalisme à l’ISNAC en 2021.
En dehors de ce parcours professionnel bien juxtaposé, le jeune auteur est un passionné de peinture. L’art est pour lui une bulle colorée dans laquelle il se réfugie en se déconnectant de la réalité. “J’aime reproduire de beaux paysages, mettre en images ce que j’écris est une forme de poésie”, confie-t-il.
Par ailleurs, il y a la lecture qui est un moyen pour lui d’acquérir plus de connaissances, d’enrichir son vocabulaire et de voyager à travers d’autres cultures. Sans omettre le football, qui était son domaine de prédilection. ” Je regrette de ne pas pouvoir devenir un footballeur professionnel” se plaint Milsent qui affirme que grâce aux matchs de foot, il oublie les aléas de la vie.
Toutefois, le poète ne cache pas sa reconnaissance envers Rasin Éditions qui a rendu possible cette première publication. Malgré les difficultés rencontrées en chemin, cette collaboration est pour lui une occasion d’intégrer le monde littéraire Haïtien.
Cependant, l’insécurité ne cesse de contrarier les projets et la vie personnelle du rivartibonitien qui se plaint de ne pas pouvoir se rendre dans sa province natale pour faire la promotion de son ouvrage.
Avec la fuite de la population de l’artibonite, trouver un public dense et soucieux des choses de l’esprit est presque impossible. “Les routes de la capitale et celles de certaines provinces sont risquées, il est difficile pour moi de procéder à la promotion du livre et de réaliser d’autres projets en parallèle“, avoue-t-il décontenancer.
Malgré les impairs qui freinent le rêve de l’auteur, il ne s’avoue pas vaincu, à croire qu’Haïti compte encore de brillants esprits patriotes. “La philosophie et la résilience m’aident à rester en Haïti en me disant que la mort c’est le doux repos et que là-bas je n’aurai plus à souffrir, car l’enveloppe corporelle encline aux vices et aux maladies sera détruite. Le Destin aussi m’aide à y rester, car la destinée me réserve maintes surprises au cours de mon existence,” s’exprime-t-il.
Milsent a en perspective différents projets qui lui garantissent un avenir plus prometteur. Ses rêves vont au-delà du domaine artistique, car il compte apporter un grand changement dans le système éducatif Haitien. “J’ai pour but de devenir un enseignant modèle qui assurera l’application stricte des approches pédagogiques afin que les élèves deviennent des acteurs de changement pour une toute nouvelle société”, confie-t-il.
Qui plus est, il sera en mesure d’écrire des ouvrages éducatifs à l’endroit du MENFP, pour une approche éducative plus conséquente sur le plan technique et professionnel. Par-dessus tout, Milsent Joseph croit que la connaissance est le seul moyen que nous possédons pour sortir de la misère noire.
” Le savoir est un pouvoir, une jeunesse instruite aura une double force. Apprenez et vous verrez que vous aviez bien raison, car c’est maintenant que je commence à constater les bienfaits et les résultats de mes années d’études soit en présentant mon livre au public (école, radio, télé) soit en interagissant avec d’autres personnes instruites ou en donnant des cours“, conseille-t-il en définitif.
Julia Jolibois
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