La diffusion de la chanson «Les gens du Nord» de Tropicana (reprise épique d’une chanson française) a trouvé un écho particulier ce samedi 22 juillet dans la salle Oswald Durand se trouvant au dernier étage du Collège Bell Angelot. Et pour cause, cette dernière offre une vue spectaculaire sur la vieille ville. Les phrases comme “Si nos maisons sont alignées…” se vérifient juste en bas sous nos yeux.
L’espace semblait bien cadrer le symposium initié par l’IGGEP(Institut de Gestion de Gouvernance et de Politique Publique) qui est conçu sous le thème généraliste de la gouvernance, puisqu’il se retrouve dans le voisinage de l’université du Roi Christophe, de la Délégation du Nord et de la mairie du Cap-Haitien qui représentent le pouvoir central dans cette partie du pays. Aux accents d’ “université populaire”, l’initiative a été lancée à Jacmel, est passée par Jérémie et s’est arrêté au Cap les 21 et 22 juillet 2023.
Des professionnels de haut vol dans divers domaines comme la Santé, le Droit, la Politique, le Tourisme composaient le bouquet d’intervenants. Ils s’appellent Benzico Pierre, Ceder Simon, Dr Joram Vixamar, Dr Wilner Pierre, Nelio Providance, Dr Garnel Michel, Wando Saint-Villier, Pekenson François, Jean Odelin Casséus. Mirlène Borgela, diplômée en technique de management public, entrepreneure et cadre du ministère du tourisme était la seule femme se trouvant sur le panel.
L’ancien député Déus Déronteh, Doctorant, Maitre en Sciences Économiques et Gouvernance l’initiateur du symposium a clôt la deuxième journée. L’historien Bell Angelot ancien délégué du Nord et Directeur général de l’intérieur, maître du lieu et une des icônes les plus vénérées a fait implicitement office d’invité d’honneur.
Dans les échanges, le symposium a pris des contours d’”Etats Généraux“. Le peuple du Nord semblait visiblement vouloir profiter de cette opportunité unique pour se faire entendre. Des questions sur le budget alloué aux mairies, les rapports entre les maires et les parlementaires, les gabegies aux différents niveaux de l’Etat étaient récurrentes. L’évocation de l’insalubrité au Cap-Haitien, de la bidonvillisation des abords des parcs industriels, la cherté de la vie ont fait monter la température dans une salle déjà pleine comme un œuf.
Face à ces questions, les intervenants ont proposé des solutions même si certaines ont un goût de déjà entendu pour un public qui ne voulait pas faire dans la dentelle pour maquiller son désarroi. Le fil conducteur des présentations a été «la bonne gouvernance» mais beaucoup des experts ont rappelé que la responsabilité individuelle est un facteur majeur également.
Une des présentations qui a chauffé l’ambiance était celle de Nelio Providance. L’intellectuel expliquait pourquoi il est important que ce soit un homme/une femme issu(e) de partis politiques qui arrive au pouvoir. Une déclaration qui a fait écho dans un auditoire si habitué à voir des outsiders se propulser au plus haut sommet depuis 1986.
L’ancien député Déus Déroneth était bombardé de questions très personnelles à l’issue de sa présentation sur les collectivités territoriales comme noyau du développement national. Il passait aux yeux des Nordistes comme un bouc émissaire, le représentant de tous élus de la République qu’on ne peut pas rencontrer facilement. Un jeune de Quartier Morin lui a demandé entre autres de parler des rapports qu’il a entretenus étant député avec la mairie de la commune de Marigot.
Dans ses propos sur les enjeux de la vague migratoire sur le tourisme dans le Nord, Mirlène Borgela a insisté sur la nécessité d’embrasser la nouveauté, la modernité apportées par les nouveaux habitants voire une redéfinition des offres, mais sans jamais oublier l’essence, l’ossature originelle. L’assistance a admis à son signalement que le “lalo“, le rara durant la période pascale… sont ses éléments introduits par un grand flux migratoire des artibonitiens. Elle a aussi mis l’accent sur les engagements de chaque citoyen de la cité dans la promotion touristique.
Le symposium poursuivra sa route dans d’autres départements. L’objectif est de les couvrir tous selon les organisateurs. C’était de bon ton qu’il soit organisé dans le nord tandis que ce département reçoit des pèlerins et vacanciers de toutes sortes à l’occasion des fêtes champêtres qui sont les moments où les autorités locales se rapprochent un peu plus du peuple.
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