Tara El est le surnom d’une femme haïtienne dévouée, avec une belle carrière professionnelle dans l’univers de la photographie. Elle est la réalisatrice du fameux festival de photographie intitulé” Ayiti Foto Fest”. On retrouve les expositions de ses oeuvres en Haïti et dans plusieurs pays étrangers.
Âgée de 33 ans, la femme qui a pour pseudo Tara El s’appelle en réalité Tara Etienne Levros, elle est une photographe de profession qui vient d’avoir 10 années de carrière à son actif. Diplômée en Journalisme et Communication, en plus d’être photographe, la talentueuse Tara est organisatrice d’événements culturels.
Durant ces dix dernières années, Tara El nous dit qu’elle n’a aucune source d’inspiration précise, car tout ce qu’elle entreprend au quotidien peut l’inspirer vigoureusement d’une manière ou d’une autre.
‘’Mes inspirations me viennent dans la vie de tous les jours, de tout ce que je peux voir et capter dans une journée. Les mettre à l’écrit maintenant avant de pouvoir en faire un projet est beaucoup plus compliquée à expliquer ‘’, confie-t-elle.
Si ses inspirations lui viennent de la vie de tous les jours, la raison qui a poussé la photographe à prendre ce chemin professionnel n’est autre que l’imposition de sa mère en 2011. Une imposition qui s’est révélée très fructueuse, car elle s’est épanouie à cause d’une grande passion qu’elle a appris à développer avec le temps.
‘’Une formation imposée par ma défunte Mère en 2011, non-voulue, toutefois qui s’est révélée être utilitaire par la suite des événements. La Photographie m’a permis de m’en sortir, pour ne pas avoir à faire face au chômage après les études, voilà la raison de mon lancement à fond.’’
Tara.el n’est pas exempte des nombreuses difficultés qui existent dans cette société où la photographie n’est pas encore appréciée à sa juste valeur, encore moins quand c’est une femme qui l’exerce dans un pays comme le nôtre.
‘’Au tout début des années 2012 jusqu’à 2014, il était beaucoup plus facile d’exercer sous tous les angles sans casse-tête, mais les pires difficultés rencontrées dans le domaine se sont retrouvées sur mon parcours dès que j’ai commencé à entreprendre des réalisations de portées beaucoup plus publiques que privées en Haïti. Malheureusement, dans notre cher Pays, il ne plaît pas à tout le monde d’apprécier les efforts et évolutions d’un compatriote, et c’est là que se trouve les 1ers obstacles pour chaque personne voulant évoluer en Haïti, ce qui est dommage au final’’, se désole-t-elle.
Tara.El s’est fait une place dans l’industrie de la photographie en dix ans. Aujourd’hui, son objectif est d’ouvrir une maison de production. Parallèlement, elle dit vouloir continuer à se concentrer sur l’un de ses projets dénommé ‘’Ayiti Foto Fest’’, un festival de photographie qu’elle a déjà réalisé 2 fois dans le pays.
‘’A part l’ouverture d’une Maison de Production, mes projets se concentrent seulement sur l’une de mes réalisations 2 fois effectuées en Haïti, à savoir le Festival de la Photographie Ayiti Foto Fest mais sur une portée vraiment plus élargie que ceux déjà réalisés dans le pays et avec beaucoup plus d’innovation. Un projet en cuisine depuis plus de 3 ans et dont je suis sûr qui aura beaucoup plus de succès que ceux réalisés auparavant’’, promet-elle.
En ce qui a trait à la rentabilité de son métier de photographe, Tara nous laisse entendre que les différentes crises qui sévissent dans le pays depuis des années paralysent toutes les activités entrepreneuriales et artistiques.
Pas après la crise qu’a connu le Pays depuis les 1ers effets “Pays Lock“ de 2018. Telle est la réponse de Tara.El. Pour elle, depuis cette crise, la situation n’est plus la même dans le métier.
Si le temps lui a appris à tomber amoureuse de la photographie, en lui permettant de découvrir la beauté de cet art, elle a depuis toujours une passion démesurée pour l’univers de la mode. À l’instar de son grand amour pour la mode, elle dit être également une passionnée des décors intérieurs.
‘’La Photographie n’a jamais été un choix. Personnellement, c’est un métier où j’ai dû apprendre à exploiter toutes les ficelles avant même de pouvoir l’aimer pour découvrir toute sa beauté, mais mes vraies passions étaient et sont toujours penchées vers le monde de la mode et tout ce qui va avec en parallèle. Je suis aussi une passionnée en ce qui a trait avec les Décors d’intérieurs“.
Depuis quelques années, la photographie devient un métier populaire en Haïti. Les photographes pullulent dans tous les recoins du pays pour montrer au monde leurs talents et leur touches pouvant toutefois servir comme leurs propres signatures. Sur ce, nous avons pris le soin de questionner Tara.El sur ce qui diffère ses œuvres durant toutes ces années, des autres photographes. Elle a répondu en ces termes.
“Chaque photographe possède sa propre touche, on le connaît, on en fait usage à une façon que personne d’autre ne peut reproduire, mais émettre cette différence de vive voix publiquement, nous autres photographes sommes incapables. C’est quelque chose que l’on garde tout au fond de soi et parfois sans pouvoir le décrire.”
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la photographe Tara nous explique qu’en 10 ans de carrière, elle n’a subi aucune discrimination dans ce domaine qui est majoritairement dominé par les hommes.
‘’Comme je le dis toujours, le secteur de la photographie est dominé par les Hommes en Haïti et dans d’autres pays dont les tabous sur les questions de genre sont encore de mise, à savoir tel métier est attribué aux hommes et tel autre aux femmes, mais en 10 ans de carrière s’il y a une chose qui restera gravée en moi, c’est le fait que je n’ai jamais été discriminée en Haïti en tant que Femme qui exerce un tel métier parmi tant d’hommes. La plus belle description que je puisse donner est l’acceptation des femmes en Haïti dans un métier considéré pour les hommes. Mais comme beaucoup de mes expériences ont toujours été au-delà d’Haïti, à aucun moment donné, je ne me suis sentie étrange dans cet univers parce qu’il n’est pas largement dominé par les hommes dans les autres pays du monde où l’art est beaucoup plus ouvert à tous“, dit-elle.
Pour l’occasion, nous avons demandé à Tara de nous raconter une petite anecdote sur le moment durant lequel elle a été très fière au cours des dix dernières années en tant que photographe.
“À chaque fois qu’un organisme étranger fait appel à moi, à chaque fois que mes travaux sont exposés dans d’autres pays, à chaque fois que j’ai l’occasion de représenter Haïti dans d’autres pays et que mes travaux font objet d’appréciations, chacune de ces occasions sont non pas un, mais des moments de fierté pour moi“, a-t-elle conclu.
Bethaida Bernadel
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