Ce jeudi 7 juillet 2022 marque la première année de commémoration de l’assassinat du Président Jovenel Moïse, chez lui sans aucune résistance de la part de ses agents de sécurité, qui normalement, devraient être prêts à livrer leur vie pour sauver la sienne. Et pourtant, les seules détonations qui ont été entendues dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 semblent être celles de l’arme qui a ôté la vie au chef de l’Etat, dans sa chambre à coucher. En quelques minutes, celui qui paradait dans tout le pays avec un cortège rempli de détails de sécurité et qui vivait dans une forteresse, était livré à lui-même, face à des assassins armés jusqu’aux dents.
Depuis son assassinat par des mercenaires colombiens, Jovenel Moïse qui jadis était considéré comme un Président déchu est devenu un martyr qui a sacrifié sa vie pour ouvrir la voie de la sagesse au peuple haïtien. Si le premier raisonnement est fort exagéré, parce que jusqu’au matin du 6 juillet 2021 Jovenel Moïse était l’ennemi numéro un de la nation, le deuxième reste tout à fait discutable, car si la mort de Jovenel Moïse a ouvert les yeux du peuple, c’est juste pour lui permettre d’identifier les autres ennemis de la nation. En gros somodo, pour identifier d’autres problèmes sans pouvoir les résoudre.
En effet, ce drame a tout de même permis au peuple haïtien de découvrir que derrière toutes les manifestations organisées par l’opposition pour exiger le départ de Jovenel Moïse, se cachaient des envies malsaines, qui visaient à renforcer les inégalités dans la société haïtienne. Résultat : l’un des bras forts de l’opposition à savoir le secteur démocratique et populaire (SDP) a choisi de s’allier au Premier ministre Ariel Henry, soupçonné dans l’assassinat de Jovenel Moïse. Pour couronner, le tout, Ricard Pierre, l’un des membres du SDP a été nommé ministre de la Planification et de la Coopération externe par Ariel Henry.
Sous la présidence de Jovenel Moise, l’opposition dénonçait la cherté de la vie, la hausse du Dollars américain et l’insécurité entre autres. Cependant, même si ces problèmes persistent encore dans le pays, les membres de l’opposition préfèrent parler “d’entente” avec un Premier ministre ai, alors qu’ils avaient refusé la même démarche avec l’ancien président du PHTK. En effet, environ un mois après l’assassinat de Jovenel Moïse, l’ancien sénateur du Nord-Ouest, Evalière Beauplan, au cours d’une interview sur la Radio Métropole avait révélé que Jovenel Moïse était prêt à confier à l’opposition politique 95 % des postes d’un nouveau gouvernement dans le but de résoudre la crise. Pourtant, les membres de l’opposition avaient refusé.
En même temps, si l’assassinat de Jovenel Moïse a ouvert les yeux du peuple, on se demande à quelle fin. Malgré le fait que le pays est englué dans une profonde crise, la population préfère se plaindre au lieu de se soulever comme un seul homme pour réclamer justice pour le 58e président du Pays. Entre temps, Ariel Henry dirige à lui seul le pays, sans se soucier de l’enquête sur la mort de Jovenel Moïse. Un an plus tard, les Colombiens qui ont assassiné le Président sont en attente d’un jugement qui tarde à venir. Parmi ceux considérés comme les auteurs intellectuels du crime, Samir Handal a été libéré récemment par les autorités turques. Lors d’une audience antérieure selon le Dayli sabah le tribunal avait déclaré que les autorités haïtiennes n’avaient pas encore répondu à une de leur lettre, ce qui a poussé les avocats de Samir Handal à faire valoir que la notice rouge à l’encontre de leur client avait été levée par Interpol.
Aux Etats-Unis, Rodolphe Jaar, l’un des présumés suspects dans la planification de l’assassinat de Jovenel Moise, a décidé de plaider non-coupable devant un tribunal fédéral de Miami. Un ancien sénateur, John Joël Joseph est detenu aussi aux Etats-Unis dans le cadre de cette affaire. En Haïti, près d’un an après ce magnicide, la PNH a seulement annoncé la révocation et la mise en disponibilité de 33 policiers impliqués. Des mesures jugées insuffisantes par Martine Moïse, la femme du défunt. Dans une interview accordée à Radio France Internationale, elle estime que les autorités haïtiennes n’ont aucune volonté de rendre justice à Jovenel Moïse.
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