Romelus Marie Isnise plus connue sous les réseaux sociaux sous le nom de Viousie La chanceuse est une travailleuse sociale, juriste et militante féministe. Coach au Programme de la Citoyenneté engagée pour Equitas Haïti, spécialiste en Genre et entrepreneure, elle dirige l’un des restaurants les plus révolutionnaires en Haïti depuis trois ans.
«Je suis militante des droits des femmes. Je n’aime pas la concurrence puisque nous voulions une société équitable et égalitaire où les droits des femmes soient respectés. Dans mon travail, je collabore avec les hommes et les femmes afin de les aider à équilibrer leur pouvoir en tant que personne évoluant dans une même société.»
Entrepreneure assidue, elle s’est vouée depuis le 1er novembre 2021 à son restaurant dans la ville de Jacmel connue sous le nom de Kay Viousie Tchaka resto. Son objectif principal est d’offrir un service que d’autres espaces de restauration et de loisir ne donnent pas sur tout le territoire national. Ces services s’assoient sur une restauration qui utilise uniquement des produits locaux tout en mettant un accent particulier sur les plats traditionnels comme le «tchaka , le kanpaya, le dlo kochon, le mayi a piskèt» sans oublier le fameux «bouyon a pwa» ou les plats de canard et de «taso».
«Ce restaurant est la continuité d’un projet que j’ai démarré en 2011, mais qui a dû s’arrêter en route par faute de moyens. Quelques années après, soit le 1er novembre 2021, on ne fait que reprendre le projet sous le nom de Kay Viousie Tchaka Resto. Nous entendons faire la promotion de la culture haïtienne dans toutes ses composantes, c’est ce qui nous pousse à mettre les traditions liées au vodou sur scène.»
Selon l’amoureuse du savoir, elle et son équipe ont toujours tenté de créer un espace particulier qui cherche à diversifier l’offre c’est-à-dire oser proposer ce que les autres hésitent à lancer sur le marché. «Nous découvrons que la plupart des acteurs/trices sont souvent tenté de répéter, reprendre des initiatives qui se font déjà par millier. Alors, nous nous disons pourquoi ne pas chercher à proposer autres choses. Dans ce sens, nous pourront sauvegarder des patrimoines immatériels menacés de disparition» dit-elle.
Cet alternatif proposer par Viousie dans la restauration, invite les autres entrepreneurs à avoir un autre regard sur les ustensiles utilisés dans la restauration comme le «kwi» qu’elle utilise pour servir le «tchaka» et les assiettes en bois dans lesquelles elle présente les autres plats comme le riz et la banane. C’est en quelque sorte, une façon d’apprécier ce que la nature nous donne gratuitement. De plus, cela aide à lutter contre l’utilisation massive du styrofoam qui pollue l’environnement tout en encourageant la production nationale et l’autosuffisance alimentaire. En réalité, elle et son équipe essayent de proposer une autre manière de voir les choses, une manière purement haïtienne sans copier chez les autres peuples.
«Ce n’est peut être pas encore la révolution dans le domaine de la restauration mais nous voulons tracer la voie qui pourra nous y conduire. Par-dessus tout, nous voulons aider l’homme et la femme haïtienne à se reconnecter avec lui-même, ses traditions et son histoire. Je crois qu’une telle entreprise rentre parmi les premier pas vers la nouvelle société que nous espérons et recherchons tant.»
Il faut souligner que Marie-Isnise est une fervente défenseure des droits humains d’ailleurs elle a étudié le travail social à la Faculté des Sciences Humaines (FASH) et les sciences juridiques à l’Ecole de droit et des sciences économiques de Jacmel (EDSEG), deux entités de l’université d’état d’Haïti (UEH). Éducatrice en droits humains, elle ne rêve que de voir le pays se relever de ces cendres tel un phœnix malgré l’avènement des gangs armés.
Notons également qu’à cause de son sourire, son «mounité» et son hospitalité, tous les festivals et les activités artistiques organisés dans son resto restent et demeurent des moments de connexions idylliques avec la mère nature. Ce ne sont que des partages de joie, de ressourcement et d’apprentissage.
«Assumons, notre culture, notre production, notre histoire et nos ancêtres. Voilà, pour nous le chemin à suivre pour l’Haïti glorieuse que nous cherchons» voilà son message pour tous les adultes et les jeunes qui vivent sans repère et sans espoir dans ce pays qui s’asphyxie avec son propre souffle.
Romy Jean François
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