En collaboration avec l’Association Haïtienne de Psychologie (AHPSY), l’UNESCO a lancé officiellement, le mardi 10 décembre 2024, 5 jours de formation psychosociale pour une trentaine de femmes journalistes et artistes. En effet, l’événement s’est déroulé au Centre Culturel Brésil, à Pétion-Ville, en présence de différents membres du gouvernement haïtien dont le Ministre délégué aux affaires humanitaires, Herwill Gaspard.
Durant la cérémonie, deux bénéficiaires ont pris la parole pour mettre des mots sur l’atrocité qu’ils vivent quotidiennement. «Dans le village des Nouailles, nous avons vécu une situation sans précédent où nous avions dû courir pour les gangs. Moi personnellement, dans un premier temps, j’ai fui le village, au second temps ma maison à Lillavois, puis mon entreprise à Corail. En somme, j’ai perdu tout ce que j’ai travaillé dur pendant mes 25 ans de carrière», déclare le plasticien et sculpteur Yvens Orelien.
Souvent plongé dans une profonde dépression, il confie avoir voulu se suicider. Mais, dit-il, après avoir suivi 5 jours d’appui psychosocial, il a pu réaliser que tout n’était pas fini. C’est pourquoi, il a tenu à remercier l’UNESCO et ses partenaires pour sa transformation.
Yolanda Day, journaliste, elle raconte avoir non seulement perdu son fiancé à quelques mois de leur mariage, mais également sa liberté de circuler en tant que citoyenne.
«J’ai un ami qu’on a assassiné, j’ai vu son cadavre, je me demande parfois si je ne suis pas coupable. J’habite à Lillavois, j’ai peur de sortir de chez moi, on n’est pas libre, les gangs viennent à chaque fois alors qu’on est que des femmes dans la maison», dit-elle. Elle poursuit en ajoutant, les larmes aux yeux, qu’elle a perdu son fiancé deux mois avant leur mariage. Ce dernier est mort dans un grave accident à Canaan alors que le chauffeur se précipitait pour dépasser cette zone contrôlée par les gangs.
Yolanda soutient que cet atelier pourrait être l’élément thérapeutique pour son âme bouleversée. Elle raconte qu’elle était la deuxième personne à s’inscrire lorsqu’elle a découvert l’annonce dans le groupe de discussion de la Solidarité des Femmes Haïtiennes Journalistes (SOFEHJ).
Dans son discours de circonstance, le représentant résident de l’UNESCO en Haïti, Voli Bi Eric, a expliqué que ces activités sont réalisées pour clôturer les 16 jours d’activisme de lutte contre les violences faites aux femmes grâce au Fonds mondial pour la défense des médias et le Département d’État des États-Unis. Il souligne que ces ateliers psychosociaux sont organisés dans le but de protéger ceux qui font vivre la culture et l’information en Haïti. Car il estime qu’ils travaillent pour que la créativité soit un rempart contre l’adversité et l’information un outil de libération.
En attendant que le cicle infernal de la violence cesse en Haïti, comme l’ont si bien dit les membres du gouvernement, le représentant de l’UNESCO pour sa part a salué le courage des participantes et souhaite qu’elles puissent être des acteurs pour un avenir meilleur. «En soutenant ces ateliers, l’UNESCO et l’AHPSY s’engagent à panser ces blessures invisibles à redonner aux victimes les outils pour reconstruire leur vie», a déclaré Voli Bi Eric.
Crédit Photo : SOFEHJ
Achille Marie Mika
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