Diplômé en cinéma à Artists Institute, Tilanp, de son vrai nom Wilson Edmond, décide de faire un saut dans le monde littéraire en nous offrant sa première œuvre intitulée“Amour, féminin pluriel“. Réalisateur de “men nan men“, un court-métrage produit par Rachelle Salnave, il a également réalisé l’an dernier le making-of du festival Vues d’Afrique, l’une des rencontres les plus prestigieuses du cinéma international à Montréal, au Canada.
«Amour, féminin pluriel est mon premier pas dans la littérature en tant qu’auteur. C’est un hommage à toutes les femmes du monde, plus précisément à ma mère. C’est avant tout une célébration de la femme en tant que source de bien-être et de don de soi. Dans ce recueil, j’exprime l’amour, le désir et l’attachement que je ressens envers les personnes qui partagent mon amour…», explique-t-il avec tact.
La poésie, ou l’opium de Tilanp
Tilanp rappelle qu’il a toujours été un poète avant de devenir cinéaste. À ce sujet, il affirme sans détour qu’il a fréquenté l’école de cinéma pour mieux appréhender le langage audiovisuel et les outils esthétiques qui caractérisent cette discipline du 7ᵉ art. Cependant, c’est grâce aux poèmes et aux auteurs dont il a savouré les œuvres qu’il a développé son amour des mots. Publier un recueil de poèmes aujourd’hui représente, pour lui, l’acquittement d’une dette impayée envers ces poètes qui l’ont nourri de leur sève poétique.
Bien qu’il n’ait reçu aucune formation en gestion d’activités culturelles, il se considère comme un opérateur culturel de fait, ayant dirigé plusieurs clubs littéraires dès son plus jeune âge. Il raconte avoir fondé, avec quelques amis, le Centre Culturel Zantray, où il exposait ses talents de comédien et de diseur. Pour couronner le tout, il souligne qu’il a été à l’initiative des rencontres littéraires “Jeux Dits Pwezi“, qu’il a coanimés pendant près de quatre ans.
Enfant du Sud-Est et amoureux du cinéma
Il faut souligner que Wilson Edmond a également suivi une formation en journalisme, mais son cœur battait la chamade pour le cinéma. C’est pourquoi, après sa cérémonie de remise des diplômes à Ciné Institute, il a commencé à travailler comme assistant professeur dans plusieurs cours liés à la direction de la photographie. Il a aussi formé de jeunes cinéastes en théorie et en pratique de l’éclairage.
Pour la promotion malchanceuse rentrée, en janvier 2021, dans cette école d’art et de technologie, il a dispensé des cours de langage audiovisuel (A/V language), ainsi que des cours d’esthétique portant sur les outils de base de la création visuelle, ce que l’on peut appeler les composantes essentielles de l’image.
«Mon expérience de travail à Ciné Institute est inestimable. Elle m’a permis d’assimiler des notions qui me paraissaient très complexes lorsque j’étais étudiant. Elle m’a donné la chance de partager mes connaissances avec de nombreux jeunes aussi avides d’apprendre que moi. Bien que je vive actuellement à Montréal, je continue d’évoluer dans l’audiovisuel ; je ne fais que produire. Je réalise des vidéoclips, et c’est mon gagne-pain», confie-t-il avec une certaine nostalgie.
Fils d’un humble ferblantier connu sous le nom de Solon Edmond, aujourd’hui décédé, Tilanp doit son surnom à la profession de son père. Il raconte : «Mon père fabriquait des réchauds et des lampes “tètgridap“. Dans la rue Pétion, où j’ai grandi, il y avait plusieurs “Sonson“, surnom dérivé de prénoms terminés par les mêmes lettres que le mien. Pour me différencier, on m’a donné un surnom unique, “Tilanp”, que j’ai toujours aimé.»
Originaire de Jacmel, il a effectué ses études classiques dans cette ville artistique et touristique. Il a suivi l’école primaire à l’École nationale Charles Moravia, avant de poursuivre au Lycée Pinchinat, où il a obtenu son diplôme de fin d’études secondaires.
Sentiments mitigés et message
Tilanp déplore la fermeture soudaine d’Artists Institute, la seule école d’art et de technologie en Haïti abritant, en même temps, deux filières distinctes : Audio Institute et Ciné Institute. Il estime que cette institution demeure un patrimoine culturel et éducatif, mais, à l’image du pays, rien de bon ne semble perdurer.
Il partage également les sentiments de milliers d’Haïtiens qui rejettent fermement la violence qui sévit dans le pays. Il clame avec énergie qu’il a horreur du climat d’insécurité qui y règne et avoue être en proie à la peur au quotidien.
Son message à celles et ceux qui affrontent les aléas de la vie est le suivant : «Ne désespère jamais. Cependant, l’espérance, ce n’est pas s’asseoir et attendre la manne venant du ciel. Elle est cinétique : on ne l’atteint qu’avec un travail assidu et constant.»
Romy Jean François
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