Sorti en salle le 16 septembre 2022 aux USA, The woman King, le premier blockbuster réalisé par une afro-américaine et joué par la première femme noire sacrée meilleure actrice aux Oscars, engrange déjà plus de vingt-cinq (25) millions de dollars au box-office.
Avec un budget de plus de cent (100) millions de dollars, Sony Pictures, dirigé par Tony Vinciquerra, nous présente un film qui dépeint d’emblée la vie réelle des guerrières du royaume de Dahomey, les Agojiés dites les Amazones du Benin, au XIXe siècle et ressuscite leurs légendes tout en mettant l’accent sur leurs aptitudes et leur fureur qui n’ont jamais trouvé d’égal.
The woman King ou littéralement «La femme roi» écrit par Maria Bello et Dana Stevens est un rappel de la fierté, du courage et de la détermination de la race noire, c’est aussi un pion nécessaire dans la lutte pour l’émancipation de la femme dans les sociétés patriarcales d’où le sadomasochiste règne en maître. Ces Agojiés de par leurs convictions pour la justice sociale et l’équité nous rappellent d’emblée les guerrières qui ont combattues pour l’indépendance d’Haïti le 18 novembre 1803 en l’occurrence Sanité Belair (Suzanne Belair), Victoria Montou, Catherine Flon, Cécile Fatiman et Dédée Bazile. Après tous, les haïtiens ne sont-ils pas des descendants du royaume de Dahomey ? Des fils d’Agojiés d’Afrique qui se sont érigés en premier République noir indépendant ?
Ce long-métrage met en vedette Viola Davis, cinquante-sept (57) ans, dans le rôle de Ninisca une guerrière chevronnée qui forme la prochaine génération de recrues chargée de lutter contre un royaume rival africain plus important et des marchands d’esclaves européens. Cette épopée historique est réalisée par Gina Prince-Bythewood de son vrai nom Gina Maria Prince, cinquante-trois (53) ans, avec un casting majoritairement noir et féminin. Elle est en phase de devenir le premier film féministe noir à gros budget et la première réalisation en cinéma qui met l’accent sur la puissance de la femme noire vers les années 1820 soit un siècle avant la décolonisation de l’Afrique et la lutte contre la ségrégation raciale aux USA. À noter qu’il est produit par Viola Davis elle-même, Cathy Schulman et Julius Tennon.
Viola Davis a appelé le public à démontrer qu’il est possible de réussir, même sans une franchise comme Marvel sachant qu’elle a passé six ans à essayer de convaincre des studios et des producteurs réticents de miser sur le projet. « Si vous pouvez dépenser votre argent pour voir Avatar ou Titanic, vous pouvez dépenser votre argent pour aller voir The Woman King et si nous sommes vraiment égaux, alors je vous mets au défi de le prouver » a affirmé l’actrice ayant reçu un Oscar en 2017, un Emmy et un Tony Award, face aux critiques de quelques internautes sur Twitter.
Pour confirmer sa position dans la lutte pour la reconnaissance du cinéma afro-américain dans le monde, elle confie qu’avant tout, le film doit rapporter de l’argent, qu’il est divisé vis-à-vis de cela et s’il ne rapporte pas d’argent, ça veut dire quoi ? Que des femmes noires, des femmes à la peau foncée, ne peuvent pas être en tête du box-office mondial ? Elle continue en déclarant « Après, ils auront des statistiques, disant que Woman King a fait ça, ça ou ça. Et c’est ce qui me pose problème. Parce que c’est tout simplement faux. On ne fait pas ça avec des films blancs. Quand un film échoue, vous en faites un autre, et encore un autre ».
Les Amazones du Benin présentées dans The Woman King ont déjà inspiré les créateurs du film Black Panther, un long-métrage qui a généré plus de 1.3 milliard de dollars dans le monde de 2018 à nos jours dont le numéro II sortira en salle le 11 novembre 2022. Ces deux films feront une place importante à d’autres films portant sur la puissance, la fierté et la lutte des noirs à l’écran dans un avenir proche.
Romy Jean François
© Tous droits réservés – Groupe Média MAGHAITI 2022