La Somme des problèmes rongeant la justice haïtienne est ineffable. Nos écoles et facultés de Droit pullulent et diffusent une formation qui laisse à désirer. Formons-nous réellement des hommes et des femmes qui comprennent la valeur de la justice dans une société? Qu’y a-t-il dans la pratique des gens formés en Droit qui soit en rapport avec cette maxime latine servant de litanie à nos juristes ubi societas ibi jus? En seulement huit (8) séminaires de deux jours chacun, un homme ou une femme de Droit voit le jour. Nos barreaux n’ont hélas pas pu scruter suffisamment ces gens malformés qui se proposent de devenir avocats. Si des barreaux font fonctionner des écoles pour apprenti-avocats conformément aux vœux du décret en rapport avec la profession, d’autres ne réclament jusqu’ici que la licence en Droit comme procédure préalable à son inscription au tableau de l’ordre. Résultats? Avocats qui ne savent interpréter une infraction, commettent des erreurs de procédures grossières victimisant leurs clients et qui articulent mal tant en créole qu’en Français. Dommage!
La magistrature assise ou debout fait partie du lot de problèmes de la justice haïtienne. Commissaires et substituts sont jusqu’à date nommés par le pouvoir exécutif. Eux appelés à poursuivre quiconque en marge de la Loi. Une fois en fonction ils conservent leurs jobs. Peu de dossiers sont traités par ces magistrats debout avec maestria ou sans partisannerie. Sans gêne ni réserve aucune, un Commissaire du Gouvernement habituellement allait, mangeait et buvait dans l’hôtel de quelqu’un très controversé de sa juridiction. L’on prendrait du temps à croire que le titulaire du parquet de la Croix-des-Bouquets qui, au nom de la République, avait appelé la mairesse de Tabarre pour fournir des explications sur des affaires administratives de la mairie la côtoyait fréquemment via son conjoint. Où est l’éthique de la magistrature, dans ce cas, du parquetier?
Nos valeureux juges sont du nombre. Les rapports de vetting du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) exemptent des juges soit pour promotion soit pour reconduction. Valeureux pour la pitance avec laquelle, ils desservent la population mais en tapis noir ils sont pitoyablement amoraux. Le Président Jovenel Moïse lui-même dans son petit rapport à lui avait déclaré qu’une cinquantaine de juges acheminés pour être nommés étaient des corrompus.
Voilà les quelques faits non exhaustifs de l’état de la justice haïtienne. Une justice qui n’a su ou n’a pu jusqu’à aujourd’hui retenu Yves Léonard batteur de Nice Simon. Celle-là qui ne sait ni ne voit comment procéder à l’arrestation de Sonson Lafamilia et consorts dont l’arrêt de la cour renvoient en prison. Cette justice qui ne pipe mot et regarde Yolette Mengual encore Directrice Générale du MHAVE qui a une ordonnance de renvoi pour être jugée au tribunal criminel pour corruption.
Cette justice qui a mis dos à dos la Police Nationale d’Haïti (PNH) et le barreau de Port au Prince à partir d’une vilaine affaire. Le Directeur Départemental de la Police Ouest, un avocat dans sa juridiction, un greffier du même parquet en bagarre à l’occasion de l’audition d’un seul individu de la classe politique au parquet.
Qu’adviendra-t-il quand Anel, Bougoy saisis et consorts saisis au collet et seraient venus en audition au parquet?
De scandale en scandale, la justice haïtienne ne traite aucun dossier qui servirait d’exemple.
De cette justice-là, onze millions d’haïtiens attendent un procès historique sur la dilapidation de 3.8 milliards de dollars des fonds de Petrocaribe et tant d’autres.
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