Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) conjointement avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), a mené une enquête sur les actes de violences perpétrés lors des manifestations anti-gouvernementales du 6 juillet 2018 au 10 décembre 2019.
Suite à cette enquête, l’institution a produit un rapport faisant état des violations et abus des droits de l’homme orchestrés lors des manifestations de l’opposition politique.
Ces manifestations organisées entre le 6 juillet 2018 et le 10 décembre 2019, ont enregistré des blessés, des meurtres et des traitements inhumains à l’égard des manifestants. 66% de ces actes sont commis par des militants contre 34% dans la balance des forces de l’ordre.
Le résultat présente un tableau sombre avec une tendance à la hausse des violations et abus des droits de l’homme.
En conséquence, le bureau critique la faiblesse de l’appareil judiciaire et exige que chaque auteur, qu’il soit agent de l’État, membre de gangs ou autres individus de la population, soit puni pour ses actes afin que les victimes puissent trouver justice et réparation.
Dénombrement des victimes
En 2018, 131 cas de violations et abus ont été recensés dont 19 femmes et 9 mineurs lors des premières vagues organisées en juillet, en octobre et en novembre de la même année. Par ailleurs, 567 personnes ont été victimes de violations et abus lors des manifestations organisées en février, juin et de septembre à décembre de l’année 2019. 43 d’entre elles sont des femmes contre 47 mineurs. Pendant cette période, la fréquence des violations et abus a connu une vitesse vertigineuse de 33,3%.
En cours de cycle, BINUH-HCDH a dénombré la mort de 60 personnes attribuées aux autorités de l’État. 73 personnes tuées par les gangs et autres invididus armés. 171 personnes sont victimes de violations au droit à la sécurité dans leur rapport avec les autorités et 380 blessées ont été listées lors des attaques orchestrées par des tiers.
Ces manifestations ont fait des victimes sans justice ni réparation
Contre ces actes de violations et abus de droit de l’homme, l’Inspection Général de la Police Nationale d’Haïti (IGPNH) a ouvert 48 enquêtes. 15 d’entre elles étaient de sa propre initiative, le reste a été fait en réaction aux démarches initiées par les victimes. Selon le rapport du BINUH, un an après les événements, uniquement 16 dossiers ont été définitivement clos dont 8 transmis au parquet pour les motifs : atteinte à la vie, blessures par balle, traitement cruel, inhumain ou dégradant.
L’enquête relève que 32 des 48 enquêtes ouvertes par l’IGPNH étaient encore en attente de complément d’information en décembre 2020. Et, en ce qui concerne les cas traités et transmis, aucun membre de Gang n’a été traduit en justice pour les abus commis dans le cadre des manifestations.
L’institution souligne, par la même occasion, une absence de progrès remarquée dans le dossier judiciaire relatif aux attaques de Bel-Air du 4 au 6 novembre 2019.
BINUH-HCDH exige la mise en branle de la justice
Après tout, le bureau constate qu’il y a des enquêtes bouclées par la Direction Générale de la Police Judiciaire (DCPJ) dont les conclusions transmises au parquet restent sans suites légales. En conséquence, il exige à ce que des enquêtes approfondies, crédibles, transparentes, indépendantes et impartiales soient diligentées sans tarder en vue de faire la lumière sur les actes de violations et abus des droits de l’homme en Haïti.
Malgré le nombre élevé des violations et abus perpétrés lors de ces manifestations, aucune personne n’a été tenue responsable pour les exactions commises. « Les auteurs de violations et abus doivent être traduits en justice et condamnés à des peines appropriées», a recommandé le BINUH dans le rapport.
Par ailleurs, il recommande que les victimes et les survivants trouvent justice et réparation intégrale des dommages subis et, enfin, l’État devra adopter, selon lui, des mesures efficaces pour éviter la répétition des actes de violations et d’abus.
Ils sont nombreux ceux qui se demandent s’il est vrai que la justice élève une nation, à quelle fin les autorités haïtiennes génèrent une justice qui traine à la déchéance, décriée par les nationaux, déshabillée par les étrangers aux yeux du monde entier.
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