Dans un communiqué du collectif des défenseurs des victimes de la Saline portant signature des avocats Sonel JEAN-FRANCOIS, Jacques LETANG, du Bureau des Droits Humains en Haïti(BDHH),Mario JOSEPH du Bureau des Avocats Internationaux (BAI) et Jaccéus JOSEPH du BODDH, le premier anniversaire de la triste tuerie de la Saline a fixé sa position.
« Ce 13 novembre 2019, le quartier de La Saline commémore la première année depuis la commission du massacre qui a conduit à l’assassinat dans des conditions atroces de plus de soixante-onze personnes, l’incendie de centaines de maisons et le déplacement forcé de nombreuses personnes, suivant les résultats des enquêtes diligentées respectivement par le Réseau National de Défense des droits humains (RNDDH), la Direction Centrale de la Police Judiciaire, l’Organisation des Nations Unies. Depuis, les violences n’ont pas cessé et l’on compte chaque semaine de nouvelles victimes de ce climat de terreur », a fait savoir le collectif des défenseurs victimes de la Saline.
Ces avocats issus de ces structures de défense des droits humains estiment que les responsables politiques ont malheureusement démontré leur incapacité à adresser ces violations graves et massives des droits humains. « L’Etat n’a apporté aucune assistance humanitaire aux victimes et n’a pas sécurisé la zone pour permettre la reprise normale des activités dans cette localité. Bien au contraire, il perd chaque jour davantage le contrôle du territoire, laissant les gangs armés semer la terreur. Le cycle de violences se renforce et de nouveaux massacres sont opérés impliquant directement des personnalités proches du pouvoir, comme au BEL-AIR le 6 novembre dernier, où plus de quinze personnes ont été assassinées », a constaté le collectif.
Pour le collectif de defenseurs des victimes de la Saline, le système judiciaire haïtien est lock. « Au-delà de la fermeture actuelle du tribunal, la récusation du juge d’instruction par les personnalités politiques visées par la procédure a concrètement bloqué le dossier, dans l’attente d’un positionnement hypothétique de la Cour de Cassation. Les démarches réalisées par le Collectif des défenseurs des victimes de La Saline auprès de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) ne semblent cependant pas avoir été vaines, puisque suite aux audiences organisées en septembre 2019 à Washington, le Directeur Général du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales Fednel MONCHERY et le Délégué Départemental de l’Ouest Richard DUPLAN ont été contraints de quitter leur poste le 26 septembre 2019 », mentionne-t-il.
Le Collectif des défenseurs dit regretter cependant que, près de trois mois après le dépôt de deux demandes de mesures conservatoires, la CIDH ne se soit pas encore positionnée sur ce sujet brulant marqué à la fois par l’urgence et la gravité des violations évoquées.
« La crise actuelle dans laquelle est plongée le pays ne peut être appréhendée sans tenir compte de ces massacres opérés au grand jour qui nient fondamentalement les droits de milliers de personnes et mettent en péril la nation toute entière. Le Collectif des défenseurs des victimes de La Saline espère qu’un positionnement rapide de la CIDH sera en mesure de forcer l’Etat haïtien à prendre ses responsabilités et à relancer les poursuites contre les coupables de ces actes insupportables», a conclu le Collectif des défenseurs des victimes de la Saline.
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