Ancien responsable des garde-côtes et ayant dirigé la Police nationale d’Haïti pendant 16 mois, après la chute du président Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004, Léon Charles était contraint de remettre sa démission le 30 septembre 2004 à cause se son incompétence face à l’opération Bagdad, qui a causé l’assassinat de plusieurs centaines de personnes, dont une cinquantaine de policiers.
Installé une nouvelle fois le 16 novembre 2020 à la tête de la Police Nationale d’Haïti, Léon Charles n’a pas encore réussi à combattre l’insécurité, principalement le kidnapping, plus de deux mois après son entrée en poste. Alors qu’il avait été choisi par le régime PHTK pour remplacer Normil Rameau qui lui aussi se dressait en spectateur face à l’évolution des gangs armés dans le pays, le bilan de Léon Charles n’est pas trop différent de celui de son prédécesseur.
Dès le départ, cette nomination a été faite dans toute son illégalité puisque selon l’article 22 de la loi du 29 novembre 1994, portant sur la création, l’organisation et le fonctionnement de la PNH : “Le Directeur général de la Police nationale, secrétaire exécutif du CSPN (Conseil supérieur de la Police nationale), est choisi parmi les directeurs centraux ou les commissaires divisionnaires et nommé, conformément à la constitution pour un mandat de trois ans renouvelable”. Monsieur Charles occupait des postes techniques à la Diplomatie haïtienne à l’étranger.
Deux mois après son installation, la situation d’insécurité a largement empirée dans le pays. Pour seulement le mois de janvier, plus de 100 cas de kidnapping ont été recensés dans le pays, parmi lesquels les cas de 5 policiers. La fédération des gangs “G9 an fanmi e alye” contrôle plus de la moitié du territoire de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. La Police Nationale n’a jamais été aussi politisée depuis sa création.
Parallèlement, nous observons une campagne de répression de la PNH envers les citoyens qui protestent dans les rues contre l’insécurité, alors que le G9 a manifesté sans incident majeur sur la route de Carrefour pour protester contre le kidnapping et pour exiger la révocation du Ministre des Affaires Sociales et du Ministre de l’Intérieur.
Tout mouvement de protestation est étouffé dans l’oeuf sous ordre de Léon Charles. Mais ce dimanche 7 février 2021, alors que le peuple haïtien constate la fin de mandat de Jovenel Moïse, le chef de la Police a dévoilé sa véritable mission en procédant à l’arrestation d’un juge de la cour de cassation, Dabrésil Yvickel, la commissaire de police de Croix-des-Bouquets, IG Marie L. Gauthier, l’agronome Louis Buteau et une vingtaine d’autres personnes comme étant des organisateurs d’un coup d’État.
Le président a cité son Agence de Renseignement National (ANI) qui est à la base de ce coup de filet, alors que ni ladite agence, ni la PNH sont puissante et compétente quand il s’agit de renseignements sur le kidnapping.
Selon le Juge Dabrésil Yvickel, Léon Charles qui a accepté d’exécuter cet ordre illégal était présent en personne lors de la descente des lieux, durant laquelle les policiers l’ont maltraité et humilié.
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