Le système éducatif haïtien. Voilà une question qui manque d’être soulevée par ceux qui se disent être “défenseur de la nation” que ce soient ceux qui ont été élus du peuple ou ceux qui réussissent à peupler les rues de manifestants après une simple déclaration de pacotille. Ils sont tous nos “défenseurs”! Quelle nation chanceuse sommes nous! Pourtant les points qui méritent d’être soulevés, les sujets qui méritent vraiment d’être abordés, nos chers “défenseurs” font l’impasse dessus trop occupés à se lancer des pics, avec le peuple comme bouclier, pour une question de pouvoir et d’argent corrompus. Pourtant personne n’est innocente. Et bien figurez vous que ce simple mot, éducation, détermine l’avenir tout entier d’une nation. C’est ce simple mot pris avec légèreté qui nous a conduit dans cette situation de crise qui sévit dans notre pays depuis plus d’une décennie.
L’éducation est la base même à la formation d’une société ordonnée et respectable. Sans éducation, une nation entière court à sa perte. C’est ce qui se passe actuellement en Haïti. Avec un ministère absent et qui lâche du leste, chaque coin de rue de Port-au-Prince est peuplée de centres de formations et d’ “université” de toutes sortes. Là n’est pas le problème mais sont-elles toutes vraiment reconnues par le ministère? Quelle genre de formation dispensent- elles? Université. Un bien grand nom pour être donné à un local restreint qui ne respecte pas les normes de construction. Mais bon, d’autres affaires plus urgentes méritent peut-être plus d’attention que ces cas qui sont à l’origine du manque de prestige dans grand nombre de nos métiers.
Qui aurait cru qu’au XXIe siècle, messieurs-dames, que certains élèves des écoles nationales sur le territoire national soient obligés de laisser leur domicile avec un bloc de chantier dans le but d’en faire un siège en classe? Que ces mêmes élèves arpentent les rues dans des manifestations, exigeant que leurs enseignants soient payés? Les manifestations mobilisées par des jeunes à travers le monde concernent le plus souvent la lutte contre le réchauffement climatique, mais surement pas l’exigence d’un meilleur système éducatif! Pourquoi afin de bénéficier d’une bonne éducation en Haïti, il est impératif de passer par une école congréganiste ou une école privée de la capitale? Pourquoi l’éducation d’un pays est réduite à un bien de luxe? Qui parle et qui réfléchit pour les enfants de la masse? Du moment que vos enfants sont à l’aise dans une salle de cours bien aérée, ce qui se passe par-dessus la clôture vous importe peu! Que fera un jeune, las de chercher une bonne formation pour un avenir meilleur? Ce jeune ira soit peupler les gangs, terrorisant plus tard la population, soit partira vers le Chili, le Brésil ou la République Dominicaine en vue d’atteindre ce qu’il ne pouvait pas prétendre devenir en Haïti. Savez-vous qu’ainsi nous perdrons de futurs grands médecins, d’avocats ou autres? Jeunes, avenir du pays vous dites?
Vous dites vouloir éradiquer le système en place mais pourquoi ceux à qui vous remettrez le flambeau n’ont pas droit à une bonne instruction? Le manque de formation a réduit notre monde politique à néant. La Présidence, la Primature, le Sénat et la Chambre des Députés ne sont que l’ombre d’eux même. Aujourd’hui, vous n’avez qu’à écrire votre nom correctement pour bénéficier du titre d’honorable sénateur. Ces postes si prestigieux à travers le monde et qui attirent le respect ne valent pas mieux qu’un maçon de pacotille en Haïti. C’est effrayant, n’est-ce-pas?
Quand est ce qu’on n’aura plus à supporter des individus qui se disent représentant de la loi, vociférant des déclarations saugrenues dans les médias, mettant à genoux la langue de Molière? Ou qu’un jeune haïtien n’aura plus à partir pour un pays étranger ou de changer denationalité pour avoir de la reconnaissance dans ce qu’il fait au niveau international? Un jeune ayant un quotient intellectuel élevé, négligé en Haïti et arrivant aux Etats-Unis (USA), est reconnu, qu’est ce qui le motivera de ne pas changer de nationalité? Ne venez surtout pas lui parler de patriotisme ou de nationalisme ou n’importe quoi dans le genre! Là où il a atterri, il reçoit toute la considération que ne lui ont pas donnés son pays. Alors vous perdrez un membre fort dans le corps qui aura à combattre pour le développement de notre pays.
Nous voulons que notre système éducatif soit pris en considération. Que les examens du baccalauréat soient mieux organisés, que les universités d’Etat et les lycées de la capitale retrouvent de leur prestige. Que notre monde politique soit remis sur pied non pas avec des illettrés cupides, mais des intellectuels fermes dans leurs décisions et ne craignant pas l’international. Ils sont grands, nos rêves, mais pas impossible à réaliser.
Arielle A. Laguerre